Lait de vache

Les annonces douanières de Trump : une menace pour l’équilibre des marchés laitiers ?

Trump durcit son protectionnisme commercial avec, depuis le 5 avril, un droit de douane additionnel de 10% sur les exportations vers les USA, assorti d’une hausse supplémentaire pour l’UE, reportée de 90 jours. Ces mesures pourraient affecter les exports européens de produits laitiers. Dans ce climat tendu, les prix du beurre, des poudres et des fromages restent fermes en Océanie et en Europe, mais reculent aux États-Unis. La collecte française reste fragilisée dans le Nord-Est par la FCO. Ailleurs, un prix du lait attractif et de bonnes conditions de pâturage soutiennent la production.

Lait de vache » Collecte laitière »

Une collecte laitière à deux vitesses

La collecte laitière française demeure fragilisée par les effets persistants de la FCO dans le Nord et l'Est. En parallèle, le maintien d’un prix incitatif et des conditions de pâturage favorables soutiennent la production dans les autres régions.

Signaux contrastés pour la collecte laitière

En février 2025, la collecte laitière française a reculé de 2,3% /février 2024, poursuivant sa baisse amorcée depuis décembre dernier. D’après les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer, ce repli devrait se poursuivre en mars mais de manière plus modérée (-1% /2024).

Depuis la fin septembre, le Nord et l’Est de la France sont particulièrement touchés par la FCO. Cette crise sanitaire perturbe directement le cheptel et son renouvellement, en générant des problèmes de fécondité, d’avortement et de mortalité, susceptibles d’avoir des répercussions à long terme. Mais elle affecte aussi la collecte. En effet, de forts reculs des rendements laitiers ont été observés depuis quelques mois dans le Grand Est, en Bourgogne-Franche-Comté, et dans une moindre mesure dans les Hauts-de-France ainsi que dans le Centre-Val de Loire. Pourtant, le rendement laitier français a connu une forte progression en 2024, stimulé par des fourrages de haute qualité récoltés en 2023 et par une hausse significative de la distribution de concentrés. En mars, les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer ont fait état de reculs marqués de la collecte laitière, estimés entre -8% et -9% dans le Grand Est et en Bourgogne-Franche-Comté. Sur les deux premières semaines d’avril, les baisses se sont poursuivies, dépassant les -6% dans le Grand Est et avoisinant les -5% en Bourgogne-Franche-Comté.
En dépit de ces replis régionaux, la collecte nationale afficherait une légère progression sur la première quinzaine d’avril. La mise à l’herbe des vaches s’est déroulée dans de bonnes conditions, contrairement à l’année précédente, et l’herbe de qualité contribue à améliorer la productivité laitière. Ainsi, les déclins observés dans l’Est sembleraient compensés par des progressions dans l’Ouest.

Un prix du lait porteur

En France, le prix du lait reste à un niveau soutenu, incitant les éleveurs à produire davantage de lait dans un contexte de tension sur la ressource laitière. Pour un lait standard (38 g/l de TB et 32 g/l de TP), le prix a atteint 485 €/1 000 litres en février 2025, porté à la fois par la fermeté du marché du beurre et par une hausse de la consommation de produits laitiers par les ménages.
Selon les estimations de l’Observatoire de l’Éleveur Laitier, le prix pourrait atteindre 486 €/1 000 litres en mars 2025. En revanche, un repli sensible serait estimé en avril, de l’ordre de 5 €/1 000 litres, avec des prix stables dans certaines laiteries et des baisses dans d’autres, en lien avec le pic saisonnier de collecte.

Les charges en élevages, d’après l’IPAMPA lait de vache (qui représente 50% des coûts de production), ont légèrement reculé en février 2025 d’un mois sur l’autre (-0,3%) et ont diminué de 2,1% / février 2024. Sur un an le recul est très marqué pour le poste aliment acheté (-5,5% /2024) et l’énergie (-10,8%). En revanche, le poste engrais a enregistré une hausse (+2,8%). La plupart des autres charges, incluses dans l’IPAMPA, sont en augmentation, à l’exception des produits de protection des cultures et du matériel. Par ailleurs, certaines charges non couvertes par l’IPAMPA, telles que les travaux réalisés par des tiers, les fermages ou encore le coût de la main-d’œuvre, continuent de progresser.

La marge MILC, estimée à 206 €/1 000 l en février, a gagné 8 € en un mois portée par la hausse du produit lait, l’augmentation du produit de la vente des animaux et un léger recul des charges. La MILC a augmenté de 56 €/1 000 l sur un an. Le produit lait a progressé de 35 €, les coproduits viande ont augmenté de 13 €, tandis que les charges se sont réduites (-8€).

Lait de vache » Commerce extérieur »

Quels effets des mesures protectionnistes de Trump sur le marché européen des produits laitiers ?

Depuis le 5 avril, un droit de douane additionnel de 10% s’applique sur l’ensemble des exportations à destination des États-Unis. Pour le moment, la hausse supplémentaire prévue pour l’UE le 9 avril dernier a été reporté de 90 jours. Ces mesures pourraient avoir des effets sur les exportations européennes de produits laitiers.

Jusqu’ici, les échanges de produits laitiers des États-Unis n’ont cessé de progresser

Les États-Unis ont un taux d’autosuffisance en lait dépassant les 110%. Néanmoins, le secteur laitier du pays n’est pas fermé aux échanges, à l’export comme à l’import. Du côté des importations, la croissance est continue depuis le début des années 2020. En 2024, les États-Unis ont importé pour 5,10 milliards d’euros de produits laitiers, un record (+10,3% /2023). Les fromages représentaient le premier poste d’import, à 1,80 Mds € (+10% /2023) suivis des poudres de lait réengraissées à 749 M€ (+9% /2023) et du beurre et du butteroil à 737 M€ (+33%).

Côté export, le pays a exporté en 2024 pour environ 7,41 milliards d’euros de produits laitiers (+2,6% /2023). Premier poste en valeur, les exportations de fromages ont dépassé 2,28 Mds € (+13%), devant la poudre maigre à 1,89 Md € (-12%), la poudre de lactosérum à 780 millions € (+4%) et d’autres produits dérivés du lait comme l’isolat de protéines sériques (WPI pour whey protein isolate, 747 M€ à +29% /2023) ou le lactose pharmaceutiques (370,5 M€ à -13%).

Des droits de douane étasuniens très variables selon les produits

Très variables selon les produits laitiers, les droits de douanes peuvent être fixes, ad valorem ou les deux à la fois. Certains produits sont libres de droits comme la poudre de lactosérum. Le droit de douane moyen de la nation la plus favorisée (NPF) pour les produits laitiers est de 16,8% d’après les profils tarifaires dans le monde publié par l’OMC en 2024. Certains produits sont soumis à des plafonds d’imports, fonctionnant comme des contingents. Le constat est le même pour les fromages (cf. infra).

Les États-Unis, un marché d’importance croissante pour les exports de produits laitiers de l’UE

Les importations de produits laitiers des États-Unis quelle que soit l’origine n’ont cessé de croître depuis le début des années 2020, et les produits laitiers fabriqués au sein de l’UE-27 ont participé à cette croissance. Ainsi, l’UE a exporté vers les États-Unis pour 2,29 milliards d’euros de produits laitiers en 2024 (+11,4% /2023), dont 1,20 milliard pour les seules fromages (+10%).

En moyenne entre 2022 et 2024, les exportations de fromages ont représenté 56% des envois en valeur de produits laitiers de l’UE vers les États-Unis. Suivaient le beurre et butteroil (21%), les caséines (10%) et le lait infantile (7%). Sur la même période, les États-Unis ont concentré 15% des envois en valeur de fromages de l’UE, 23% des envois de beurre et butteroil et même 26% des envois de caséines et caséinates.

Les États-Unis, un marché clé pour les exportations françaises de produits laitiers

A l’instar de l’UE, les importations étasuniennes de produits laitiers originaires de France ont connu une nette progression depuis le début de la décennie 2020. En 2024, la France a ainsi exporté pour près de 349,5 millions d’euros de produits laitiers (+16,4% /2023). Particularité en UE, la France expédie des yaourts vers les États-Unis depuis 2022. C’était en 2024 le 2ème poste d’exportation en valeur, avec 50 millions € (+17%).

En moyenne entre 2022 et 2024, les exportations de fromages vers les États-Unis ont représenté près de deux tiers (63%) des envois en valeur de produits laitiers français. Suivaient à égalité les yaourts et les caséines (14% chacun) devant le beurre et butteroil (8%).

La France est un peu moins dépendante du marché étasunien que la moyenne de l’UE. En effet, sur la même période, les États-Unis ont concentré 5% des envois en valeur de fromages de France, 14% des envois de yaourts et de caséines et caséinates et seulement 3% des envois beurre et butteroil.

Les effets de la politique protectionniste de Trump de 2019

Les États-Unis avaient déjà expérimenté les hausses de droits de douane sur les produits laitiers européens lors du premier mandat de Donald Trump à la Présidence du pays. Sous l’administration Biden, les droits de douane sur les produits laitiers étaient revenus à leur niveau initial.

La hausse unilatérale des droits de douane des États-Unis n’est donc pas une première. Le conflit entre les États-Unis et l’UE initié au début des années 2000 avec les dépôts de plaintes réciproques à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) dénonçant des subventions illégales de Boeing et d’Airbus s’était envenimé durant la première mandature de Donald Trump. Ce conflit avait abouti à l’augmentation des droits de douane sur une liste de produits exportés par l’UE, en utilisant la section 301 de la loi sur le commerce extérieur des États-Unis de 1974 qui permet au Bureau du représentant américain au commerce de prendre des mesures contre les politiques commerciales de pays étrangers, à la demande du président des États-Unis.

De nombreuses lignes tarifaires concernant les produits laitiers de l’UE (fromages, yaourts, beurre, …) avaient été affectées par un droit de douane additionnel de 25 % ad valorem à partir du 18 octobre 2019, bien au-delà du droit additionnel de 10% ad valorem appliqué depuis le 5 février 2025.

Entre 2019 et 2020, la part de marché en valeur de l’UE, seul partenaire touché par ces droits additionnels, est ainsi passé de 47% à 44% dans les importations de produits laitiers des États-Unis, avant de se rétablir progressivement.

Pour les fromages, premier poste d’importation de produits laitiers européens par les États-Unis, les évolutions pour l’année 2020 ont été encore plus contrastées, en valeur comme en volume. Entre 2019 et 2020, la part de marché en valeur de l’UE est ainsi passé de 74% à 71% dans les importations de fromages des États-Unis quand celle en volume est passée de 72% à 68%, avant de se rétablir partiellement.

Attention toutefois, l’année 2020 a été marquée par le développement de la pandémie de Covid-19 et les premiers confinements qui ont fortement affecté le commerce mondial.

Quels effets de la nouvelle politique protectionniste de Trump ? L’exemple des fromages français

Il est difficile de tirer des conclusions claires à partir du précédent de 2019. En effet, contrairement à cette première hausse de droits de douane et au moins pour 90 jours, l’UE est désormais soumise aux mêmes hausses de droits de douanes que les autres fournisseurs des États-Unis, limitant les possibilités de substitutions de produits européens par d’autres origines. Ceci pourrait toutefois changer en cas de hausse différenciée des droits de douane, comme initialement prévu (cf. infra).

En France comme en UE, le secteur des fromages semble particulièrement sensible. Du côté de l’Hexagone, ce sont chaque année entre 20 000 et 25 000 tonnes de fromages (issus de tous types de lait) qui sont expédiés vers les États-Unis.

Soumis à un large panel de droits de douane différents, les fromages européens à destination du marché étasunien sont également contingentés. L’UE dispose donc d’un accès limité au marché des États-Unis en fonction du type de fromages allant d’un peu plus de 417 tonnes pour le cheddar à plus de 25 632 tonnes pour une large variété de fromages, passant par 6 389 tonnes pour l’Edam et le Gouda ou 2 805 tonnes pour les fromages persillés.

Le relèvement des droits de douane étasunien depuis le 5 avril dernier renchérit le prix des importations des fromages européens et français. Avant leur relèvement, les 5 premiers postes d’importations de fromages à base de lait de vache expédiés depuis la France étaient frappés par des droits de douanes de 6%, 10%, 15% et 1,509 US$/kg (1,395 €). Sur la base des prix de 2024, la hausse de 10% des droits de douane imposée par l’administration Trump sur ces 5 lignes tarifaires entraîne mécaniquement une augmentation des prix des imports comprise entre environ 60 cts €/kg et 1,60 €/kg. Bien évidemment, ces données moyennes par lignes tarifaires cachent une large variété de prix.

Début juillet, en cas de rehaussement des droits additionnels de 10 à 20%, ces prix pourraient croître d’environ 1,20 €/kg à 3,20 €/kg par rapport aux prix initiaux des importations après douane.

Ramené à la valeur de 2024 de l’ensemble des expéditions françaises de produits laitiers, la hausse de 10% des droits de douane étasuniens représente une valeur globale de 35 millions € de taxes supplémentaires et de 70 millions € en cas de hausse des droits de 20%.

Les mesures du gouvernement Trump pourraient perturber l’ensemble du marché mondial des produits laitiers

Les effets des mesures tarifaires du gouvernement Trump pourraient être multiples, bien que très incertains. Si la hausse des droits de douane imposée fin 2019 donne quelques éléments de réponse, la situation de 2025 est bien différente. En effet, pour le moment et à l’exception de la Chine, la hausse des droits de douane s’applique à l’ensemble des partenaires des États-Unis. Cette hausse étant ad valorem, elle accroit cependant légèrement le différentiel de compétitivité en prix, notamment pour les ingrédients laitiers (beurre, poudres) et les fromages industriels. Ce différentiel de compétitivité en prix pourrait cependant être bien plus important si les hausses de droits différenciés entre partenaires prévus par l’administration dans l’ordre exécutif du 2 avril 2025 s’appliquent. L’UE verrait ainsi sa compétitivité réduite vis-à-vis des principaux exportateurs mondiaux tels que la Nouvelle-Zélande, l’Australie ou encore l’Argentine.

Dans ce cas, d’après une étude d’impact de la Rabobank, les effets sur les produits haut de gamme tels que les fromages premium pourraient être modestes tant que la hausse des droits de douane reste relativement limitée car il existe peu d’alternatives aux États-Unis pouvant les remplacer. Cependant, les effets sur les exportations de beurre pourraient être plus important, ce produit pouvant être fourni par d’autres pays, comme la Nouvelle-Zélande, voire remplacé partiellement par des matières grasses végétales.

Les effets de ces mesures restent cependant très hypothétiques tant le contexte demeure mouvant. L’escalade entre la Chine et les États-Unis pourraient nettement modifier le panorama du marché mondial des produits laitiers. Par exemple, les États-Unis exportent plus de 50% de leur production de lactosérum et de lactose et la Chine est, de loin, le premier acheteur de ces produits jusqu’ici très compétitifs en prix. Les relèvements successifs des droits de douane entre les deux pays pourraient profiter à d’autres exportateurs, dont l’UE.

Si la guerre commerciale imposée par le président Donald Trump pourrait affecter les exportations françaises et européennes, elle menace également les exportations de produits laitiers étasuniens qui ont encore besoin de nouveaux marchés pour soutenir la production. Aujourd’hui, plus de la moitié des exportations de produits laitiers américains sont destinées au Mexique, au Canada et à la Chine. Et les effets de la hausse des droits de douane imposée par Trump pourraient être plus globaux. Le 21 avril dernier, les prévisions de croissance mondiale du Fonds Monétaire International (FMI) ont été sensiblement revues à la baisse par rapport à l’édition de janvier 2025, les États-Unis et la Chine étant particulièrement concernés.

Lait de vache » Consommation »

L’inflation modérée soutient les achats de produits laitiers

Début 2025, l’inflation des prix à la consommation est restée contenue, grâce à la baisse des prix de l’énergie et un ralentissement des hausses alimentaires. Les prix des produits laitiers en sortie usine ont peu progressé, à l’exception du beurre. En magasins, les achats de produits laitiers sont restés dynamiques.

Inflation contenue

Sur le 1er trimestre 2025, les prix à la consommation en France n’ont progressé que de 1% /1er trimestre 2024 prolongeant une tendance à l’accalmie observée l’an dernier (+2% /2023). Ce ralentissement de l’inflation s’explique avant tout par la baisse des prix de l’énergie. Les produits alimentaires, de leur côté, n’ont que peu pesé dans la dynamique globale. Après une hausse modérée de 1,3% en 2024, leurs prix n’ont augmenté que de 0,3% au premier trimestre 2025. Une progression limitée qui contraste après deux années de flambée : entre novembre 2021 et novembre 2023, les prix alimentaires avaient grimpé de 22%.
Selon l’INSEE, l’inflation en France devrait rester mesurée dans les mois à venir. Une légère remontée est toutefois prévue d’ici l’été, portée par des hausses attendues dans les services et l’alimentation. Les prix de l’énergie, eux, devraient poursuivre leur repli.

Prix sortie usine : le beurre en hausse, des différences marquées selon les débouchés

En sortie usine, les prix des produits laitiers ont peu augmenté à l’exception notable du beurre. En février 2025, les prix du lait conditionné ont progressé de 0,4% /février 2024, ceux de l’ultra frais et des fromages de 1%. Seul le beurre se distingue avec une augmentation marquée de 5,4%, portée par un marché de la matière grasse sous tension.

Les prix des produits laitiers en sortie usine sont globalement en progression avec des différences marquées selon les circuits. En février 2025, les prix vers la grande distribution (GMS) ont progressé de 1,3% sur un an, et ceux destinés à la restauration hors domicile (RHD) ont augmenté de 3,3%. En revanche, les prix vers l’export et les autres industries utilisant des ingrédients laitiers ont enregistré des hausses plus fortes, respectivement de 8,2% et 12,2%.

Des évolutions de prix à la consommation des produits laitiers contrastées

D’après l’INSEE, l’indice des prix à la consommation des produits alimentaires, quel que soit le circuit de distribution, révèle des évolutions hétérogènes pour les produits laitiers. En février 2025, le prix du beurre a augmenté de 2,3% sur un an, tandis que celui du lait demi-écrémé a progressé de 1,6%. En revanche, les prix des yaourts ont diminué de 1,6%, et ceux des fromages ont reculé de 0,8%.

Des ventes en magasins généralistes dynamiques

En 2024, la consommation de produits laitiers par les ménages a progressé, avec une hausse de 0,5% des ventes en équivalent lait dans les magasins généralistes. Cette tendance s’est confirmée début 2025 : sur les trois premières périodes de l’année, les achats ont augmenté de 1,2% en équivalent lait, bien que les dynamiques varient selon les produits. Le recul des ventes en volume du lait liquide (-2,3% sur 1 an) a été plus important que celui du beurre (-0,6%). A l’inverse, les ventes de crème, d’ultra frais et de fromages ont affiché un fort dynamisme.
Côté prix, les enseignes généralistes ont présenté des baisses sur un an pour les yaourts (-0,1%) et la crème (-1,7%), une stabilité pour les fromages, et de légères hausses pour le lait (+1,6%) et le beurre (+2,1%). Ces évolutions tarifaires semblent avoir soutenu la dynamique de consommation.

La moindre inflation des prix alimentaires semblerait avoir renforcé la consommation des marques nationales. Toutefois, cette dynamique varie selon les produits et reste à confirmer dans les mois à venir.
Sur les trois premières périodes de l’année, les ventes de lait liquide ont poursuivi leur repli, à l’exception des produits en marques de distributeurs (MDD), qui ont progressé et atteignent désormais 59% de parts de marché. Le segment de la crème a affiché une hausse globale, portée par les MDD, tandis que les marques nationales ont reculé. À l’inverse, les marques nationales en beurre et ultra frais ont regagné des parts de marché, alors que la tendance reste plus nuancée du côté des fromages.

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Prix des beurres, poudres, fromages : les États-Unis à la baisse

Si les cotations du beurre, de la poudre maigre et des fromages restent plutôt soutenues en Océanie comme en Europe, elles continuent de se replier aux États-Unis à l’heure où l’administration Trump lance une guerre commerciale au reste du monde.

Forte chute du cours du beurre aux États-Unis

Les cotations du beurre restent élevées en UE et en Océanie, mais continuent de se replier aux États-Unis. En mars 2025, les cours étasuniens du beurre étaient en retrait marqué sur un mois (-7% /février 2025 et -17% /mars 2024, à 4 728 €/t). Avec une demande à l’export encore dynamique, les prix étaient plus stables en Nouvelle-Zélande en euro malgré le léger retrait du dollar néo-zélandais (= /février 2025 et +18% /mars 2024, à 6 986 €/t). Les cotations sont restées soutenues dans l’UE (+2% /février 2025 et +31% /mars 2024, à 7 369 €/t) où les stocks industriels étaient limités.

Aux États-Unis, d’après l’USDA, la demande intérieure de beurre est contrastée tant pour le secteur de la grande distribution que pour celui de la restauration. Si la demande de beurre de la part des acheteurs internationaux est forte, la hausse des droits de douane imposée par Trump entraîne une approche attentiste des clients potentiels. La production de beurre est saisonnièrement soutenue et les stocks de beurre sont globalement en nette augmentation.

Les cotations étasuniennes de la poudre maigre plongent

En mars 2025 comme les mois précédents, les cotations de la poudre maigre ont suivi des évolutions variées. C’est aux États-Unis que la baisse a été la plus marquée, le cours flirtant désormais avec le niveau de début 2024 (-13% /février 2025 et +1% /mars 2024, à 2 400 €/t). Ils étaient en léger retrait sur un mois en Océanie (-4% /février 2025 et +13% /mars 2024, à 2 695 €/t) et dans une moindre mesure en UE (-2% /février 2025 et +2% /mars 2024, à 2 501 €/t) malgré la vigueur de l’euro qui rend la poudre maigre européenne moins compétitive sur le marché mondial.

Aux États-Unis, d’après l’USDA, l’activité commerciale a ralenti alors que les disponibilités restaient importantes. Les prix sont donc orientés à la baisse.

Le cours du cheddar étasunien en retrait

A l’instar des ingrédients laitiers, les cours des fromages aux États-Unis sont sous pression. En mars 2025, le cours du cheddar étasunien a nettement reculé sur un mois à 3 352 €/t (-12% /février 2025 mais +12% /mars 2024) alors que les stocks sont encore conséquents et que la production de fromages a augmenté d’après l’USDA.

Les prix restaient mieux orientés au sein de l’UE (= /février 2025 et +4% /mars 2024 pour l’Emmental allemand, à 6 300 €/t) et dans une moindre mesure en Océanie (-4% /février 2025 et +17% /mars 2024 pour le cheddar néo-zélandais, à 4 592 €/t).

Des prix en hausse sur la plate-forme Global Dairy Trade

Alors que la guerre commerciale lancée par le Président Donald Trump laisse planer le doute sur le devenir des marchés laitiers, les enchères du Global Dairy Trade sont restées soutenues et les tendances globalement haussières depuis le début de l’année. Le 15 avril 2025, les prix ont atteint :

  • 7 679 US$/t pour le beurre (+13% depuis le début de l’année),
  • 2 795 US$/t, pour la poudre de lait écrémé (+4% depuis le début de l’année).
  • 4 923 US$/t pour le cheddar (+4% depuis le début de l’année),
  • 4 171 US$/t, pour les poudres grasses (+10% depuis le début de l’année).