Lait de vache

Collecte française freinée par la FCO mais ventes de produits laitiers dynamiques

En novembre 2024, la collecte laitière française est restée dynamique malgré l’impact de la FCO. La tendance annuelle est positive, mais les baisses de collecte dans plusieurs régions de l’Est ont freiné sa progression. Le prix du lait standard a augmenté. Les ventes de produits laitiers en magasins ont progressé, avec une hausse des MDD et 1er prix. La collecte de lait bio s’est stabilisée en novembre, mais recule sur l’année. Les ventes de produits laitiers bio diminuent, mais plus modérément.

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Une année de reprise pour la collecte laitière française freinée par des incidents sanitaires

En novembre 2024, la collecte laitière française a montré une belle dynamique, malgré les impacts persistants de la FCO dans plusieurs régions de l’Est. La tendance annuelle reste positive, mais les baisses de collecte observées depuis septembre en freinent l’ampleur. Parallèlement, le prix du lait standard est en progression.

Collecte dynamique en novembre mais les impacts de la FCO se renforcent à l’Est

En novembre, la collecte laitière française a progressé de 1,8% /novembre 2023. Une belle hausse, mais il convient de rappeler que la collecte avait fortement baissé à cette même période un an plus tôt. En cumul sur 11 mois, la collecte affiche une progression de 1,2% /2023. Toutefois, selon les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer, le mois de décembre devrait se clôturer sur un recul significatif de 1,7 % sur un an. Ainsi, pour l’ensemble de l’année 2024, la hausse atteindrait 1 % par rapport à 2023. Néanmoins, cette augmentation aurait pu être bien plus marquée sans les baisses de collecte observées depuis fin septembre dans certaines régions, principalement dues à la Fièvre Catarrhale Ovine (FCO). Trois régions ont été particulièrement touchées : la Bourgogne-Franche-Comté, le Grand Est et les Hauts-de-France. En octobre et novembre, la chute de la collecte s’est accentuée et plus encore en décembre, atteignant -8 % en Bourgogne-Franche-Comté et en Grand Est, et environ -4 % dans les Hauts-de-France. Cette tendance se poursuit en ce début d’année 2025, avec des baisses de collecte qui persistent dans ces territoires.

Les impacts de la FCO sont importants. La maladie a fortement affecté les vaches laitières, entraînant une baisse de leur production. Malgré l’atténuation des symptômes, ces animaux peinent à retrouver leur niveau de lactation. Au-delà de la baisse de productivité, la FCO a provoqué des problèmes de fertilité dans les troupeaux. Des vaches laitières n’ont pas été fécondées, décalant les inséminations fécondantes et, par conséquent, les vêlages. À cela s’ajoute une augmentation préoccupante des avortements. Ces effets sont d’autant plus dommageables que les zones touchées affichaient un bon dynamisme en 2024. Dans la région Grand Est, par exemple, la collecte avait dépassé les niveaux des trois dernières années avant de chuter brutalement à partir de fin septembre, en raison de l’épidémie. Ces perturbations laissent présager un recul de la collecte laitière dans les régions concernées au cours du premier semestre 2025.

Après un net recul de la collecte en Pays de la Loire en 2023, principalement dû à la mauvaise qualité des maïs ensilage récoltés en 2022, la situation s’est redressée en 2024 grâce à des récoltes de maïs 2023 d’excellente qualité. Cependant, les données hebdomadaires de FranceAgriMer révèlent une baisse notable en décembre, atteignant près de -2 % /2023. Ce recul semble lié aux effets combinés de la Maladie Hémorragique Épizootique (MHE) et à la qualité des maïs ensilés en 2024.
En 2024, les récoltes françaises de maïs ont été plus abondantes que la moyenne 2019-2023 (+1,3%), grâce à une augmentation des surfaces semées, conséquence des difficultés rencontrées lors des semis de céréales à paille. Des hectares de maïs ensilage n’ont pu être toutefois récoltés. Les semis tardifs et des conditions de récolte parfois difficiles ont affecté la qualité des maïs, qui, bien que globalement bonne, reste inférieure à celle de 2023. Depuis décembre, de nombreux éleveurs ont commencé à utiliser les fourrages récoltés en 2024. Ces fourrages, qu’il s’agisse de maïs ou d’herbe, affichent une qualité moindre par rapport à l’année précédente, ce qui devrait peser sur les rendements laitiers. Pour compenser, les éleveurs renforcent la complémentation alimentaire, rendue plus accessible par la baisse des prix des céréales, des concentrés et des correcteurs azotés (recul du prix du tourteau de soja de 21% sur 1 an en novembre 2024). Le maintien du prix du lait à un niveau soutenu incite également à enrichir les rations. La production demeure cependant très impactée par les incidents sanitaires.

Hausse du prix du lait

En novembre 2024, le prix du lait standard (38 g/l de TB et 32 g/l de TP) en France a atteint 476 €/1 000 l, en hausse de 24€ sur un an. Avec un prix en décembre qui devrait encore légèrement progresser, le prix moyen annuel serait équivalent à 2023. Pour 2025, les grands groupes laitiers ont annoncé des augmentations de prix du lait payé à leurs éleveurs.

Les charges en élevages, d’après l’IPAMPA lait de vache (qui représente 50% des coûts de production), sont restées quasiment stables en novembre 2024 d’un mois sur l’autre (-0,2%) et ont diminué de 4,1% / novembre 2023. Sur un an le recul est très marqué pour le poste aliment acheté (-9,4% /2023), pour les engrais (-7,1%) et aussi pour l’énergie (-6,4%). La plupart des charges incluses dans l’IPAMPA sont en recul, à l’exception des frais vétérinaires, des dépenses liées à l’entretien des équipements et des bâtiments, ainsi que des frais généraux. Toutefois, certaines charges non couvertes par l’IPAMPA, telles que les travaux réalisés par des tiers, les fermages ou encore le coût de la main-d’œuvre, continuent de progresser.

La marge MILC, estimée à 192 €/1 000 l en novembre, a progressé de 10 € en un mois sous l’effet d’une hausse du produit lait, d’une petite augmentation du produit de la vente des animaux et d’une quasi-stabilité des charges. La MILC a augmenté de 40 €/1 000 l sur un an. Le produit lait a progressé de 21 €, les coproduits viande ont augmenté (+3 €), tandis que les charges se sont aussi réduites (-16€).

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Du mieux en 2024 pour le lait bio ?

Après plusieurs mois de recul, la collecte de lait biologique en France semble s’être stabilisée en novembre 2024. Cependant, sur l’ensemble de l’année, la baisse reste significative. En parallèle, les ventes de produits laitiers bio ont poursuivi leur repli, bien que la tendance soit moins marquée qu’auparavant.

Stabilisation de la collecte de lait biologique en novembre 2024

Après plusieurs mois de baisse, la collecte de lait biologique en France s’est stabilisée en novembre 2024 (+0,1% /2023). Toutefois, le mois de novembre 2023 avait été marqué par un fort repli. Sur les 11 premiers mois de l’année, la collecte de lait bio accuse une baisse notable de 4,1 % par rapport à 2023, une tendance identique ramenée en MSU. Cette diminution s’explique par deux facteurs principaux : la contraction du nombre de livreurs et les aléas climatiques. Le nombre de livreurs de lait biologique, qui avait atteint un sommet en juin 2022 avec plus de 4 300 livreurs (source : FranceAgriMer), n’a cessé de diminuer depuis. En novembre 2024, leur nombre est tombé à moins de 3 900 (-10% / juin 2022) soit 9,4% des livreurs français. Par ailleurs, les conditions météorologiques ont lourdement pesé sur la production. Un printemps particulièrement pluvieux a perturbé le pâturage des vaches, réduisant leur productivité. Néanmoins, la seconde moitié de l’année a bénéficié d’un retournement favorable : les bonnes conditions de pâturage, jusqu’à très tard dans l’année, ont compensé la mauvaise qualité des fourrages récoltés et permis de retrouver des rendements laitiers plus satisfaisants. Contrairement aux éleveurs conventionnels, les éleveurs bio ont limité l’usage de concentrés, leurs coûts demeurant très élevés.

À l’exception de la Normandie, où la collecte est restée stable en cumul sur 11 mois, les autres régions ont enregistré une baisse. En Pays de la Loire, première région productrice, le recul atteint 4,2 %, tandis que la Bretagne, en seconde position, limite les pertes à 1,3 %. La dégradation est plus marquée en Auvergne-Rhône-Alpes, troisième région de production, qui accuse une chute significative de 7,6 %. Les régions de l’Est, impactées par la FCO, affichent des reculs dépassant les 8%.

Prix du lait bio inchangé par rapport à 2023

En novembre 2024, le prix moyen du lait bio 38/32 s’est établi à 518 €/1 000 l, légèrement supérieure à l’année précédente (+3€ /2023). Depuis le début de l’année, la courbe de prix suit la même trajectoire que celle observée en 2023. Ainsi, le prix moyen sur l’année 2024 est identique à l’année dernière. D’après des annonces de laiteries, le prix du lait bio devrait légèrement augmenter en 2025.

Il est intéressant de souligner que depuis 2022, l’écart de prix entre le lait bio et le lait conventionnel s’est considérablement réduit. En 2024, on note un écart en moyenne de 50 €. L’écart était habituellement de 130 €.

Ventes de produits laitiers bio toujours en baisse

En 2024, les ventes de produits laitiers bio en magasins généralistes ont poursuivi leur recul amorcé en 2021. Le repli est toutefois moins marqué, estimé à 5,7% /2023 en équivalent lait, alors qu’on dépassait les 10% en 2023 et 2022. La baisse est toujours très forte pour la crème bio (-10% /2023) et les fromages (-8%), deux catégories déjà marginales en bio (avec des parts de marché de 1,6% pour la crème bio et 0,8% pour les fromages bio en volume en magasins généralistes).

Les prix des produits laitiers bio en magasins généralistes ont assez peu évolué en 2024 comparé à 2023. A l’exception du prix du beurre qui a progressé de 3%, le prix des autres produits a oscillé entre -1% et +1%. Les écarts de prix avec leurs équivalents non bio avoisinent les 10% pour le beurre, les 15-20% pour le lait liquide et l’ultra frais, et jusqu’à 45% pour la crème et les fromages.

L’écart de prix entre les laits conditionnés bio et non bio reste relativement stable au fil du temps, bien qu’il se soit réduit en 2023 et 2024. Alors qu’il frôlait les 25 %, cet écart est désormais proche de 20 % au cours de ces deux dernières années.

Un risque de pénurie du lait bio ?

La consommation dans les magasins spécialisés bio semble montrer des signes de reprise. Par ailleurs, dans d’autres pays européens, la consommation de produits laitiers biologiques est repartie à la hausse. Et les ventes en magasins généralistes en France pourraient avoir atteint leur point bas. Un redémarrage de la consommation de produits laitiers bio dans l’Hexagone pourrait survenir. Cependant, la baisse de la collecte de lait bio, qui devrait se poursuivre, le faible nombre de conversions et les arrêts de certification laissent entrevoir un risque de pénurie de lait bio si la demande venait effectivement à repartir. Plus préoccupant encore, des interrogations subsistent quant à la capacité des exploitations à se convertir dans un contexte largement favorable au lait conventionnel. L’accélération de la robotisation et la recherche de volumes de production par ferme, pourraient freiner l’essor de nouvelles conversions vers la bio.

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Croissance des ventes de produits laitiers en 2024 portée par les MDD et les 1ers prix

En 2024, les ventes de produits laitiers ont progressé en magasins généralistes, soutenues par la crème, les yaourts et les fromages. Les produits MDD et marques 1er prix ont continué de croître, tandis que la baisse sur les fromages AOP s’est atténuée.

Hausse des ventes pour les produits laitiers en 2024

En 2024, les Français ont accru leurs achats de produits laitiers dans les magasins généralistes (GMS et EDMP), malgré un contexte de restriction des dépenses alimentaires. Les ventes ont enregistré une progression de 0,8 % /2023 en équivalent lait. Ce dynamisme est principalement porté par la crème, les yaourts et les fromages. Les ventes de fromages frais et de desserts lactés frais ont également augmenté, mais de manière plus modérée. Quant au beurre, les ventes sont restées stables en 2024, bien qu’un net recul ait été observé ces derniers mois. Enfin, le lait conditionné continue de suivre une tendance baissière.

Les ventes de MDD continuent à progresser en 2024

En 2024, les ventes de produits laitiers sous marques nationales ont enregistré des baisses en volume dans toutes les catégories, en particulier pour les laits conditionnés (-7,9 % /2023), la crème conditionnée (-4,1 %) et le beurre (-3,6 %). À l’inverse, les produits sous marques de distributeurs (MDD) continuent de bénéficier d’une forte hausse des volumes, tout comme les marques 1er prix. Alors que les ventes de produits MDD thématiques (terroir, bio, kids, reflets de France, Nos régions ont du talent… ou tout ce qui a une spécificité et une signature particulière) restent en retrait, celles des produits MDD standards sont en forte progression, notamment pour la crème (+7,6 % /2023), l’ultra frais (+6,3 %) et le beurre (+6,1 %). Bien que représentant des volumes plus faibles, les produits sous marques 1er prix connaissent une nette augmentation, avec des hausses variant de +3,5 % pour l’ultra frais à +15,2 % pour le beurre.

Ainsi, la part de marché des produits MDD continue de croître depuis trois ans. Les MDD standards représentent désormais 45 % des ventes en magasins généralistes pour les laits conditionnés, soit une hausse de 5 points en trois ans, tandis que les marques nationales ont chuté à 31 %.

La baisse des ventes de fromages AOP s’atténue

Depuis 2022, les ventes de fromages AOP connaissent un repli. En 2024, bien que la tendance reste globalement baissière, le recul semble se modérer sur la seconde moitié de l’année. Les fromages à pâte molle à croûte lavée, tels que le Munster, le Maroilles, le Pont-l’Évêque ou encore le Vacherin, enregistrent les baisses les plus marquées. Au premier semestre 2024, leurs ventes en volume ont chuté de 8,8% /2023, en magasins généralistes, rayon libre-service. Toutefois, entre juillet et octobre, la baisse s’est atténuée à 3,9 % /2023. De leur côté, les fromages à pâte pressée non cuite, comme le Reblochon, le Cantal, le Saint-Nectaire ou encore le Morbier, ont connu un recul de 8,5 % au premier semestre 2024, avant de stabiliser leurs ventes. Les pâtes molles à croûte fleurie, telles que le Camembert ou le Chaource, affichent une baisse plus limitée de 3,1 % au premier semestre, suivie d’une stabilisation sur les quatre mois suivants. À l’exception de 2022, où les ventes de pâtes pressées cuites ont connu un déclin, celles-ci sont restées stables en 2023 et ont repris leur croissance en 2024. Cette reprise est notamment portée par l’augmentation des ventes de Comté, qui représente 63 % des ventes de cette catégorie, mais également par les bons résultats du Parmigiano et du Grana Padano.

Comme le montre le graphique ci-dessus, les ventes de fromages AOP ont enregistré un net recul au premier semestre 2024 /2023, à l’exception des pâtes pressées cuites. De juillet à octobre, le marché a montré des signes de reprise, avec des baisses moins prononcées et une belle performance pour les pâtes pressées cuites (+7,5 % /2023).