Lait de chèvre et viande

Recul de la collecte de lait de chèvre pour la deuxième année consécutive

Malgré un prix du lait en légère hausse, et à cause de fourrages de mauvaise qualité et de conditions météorologiques défavorables, la production de lait de chèvre a de nouveau reculé en 2024. Retrait qui s’est accéléré sur la fin de l’année. En parallèle, la consommation de fromages et de produits ultra-frais au lait de chèvre s’est bien tenue. Les stocks de produits de report importants en début d’année se sont mathématiquement fortement réduits sur le dernier trimestre et les industriels ont eu recours à un peu plus d’importations en fin d’année pour assurer les fabrications.

Lait de chèvre et viande » Lait de chèvre »

Adéquation difficile entre collecte en recul et consommation dynamique

Alors que la collecte de lait de chèvre est toujours en retrait par rapport à 2023, la consommation se tient. Les transformateurs doivent donc jongler entre livraisons, stocks et imports pour répondre à la demande.

Fort recul de la collecte au dernier trimestre

La collecte de lait de chèvre s’est élevée à près de 27 millions de litres en décembre 2024, soit un retrait de 5% par rapport à décembre 2023. Sur le dernier quadrimestre de 2024, le recul de la production a oscillé entre -6 et -4% /2023.

En cumul annuel, la collecte a diminué de 3,2% /2023, à 500 millions de litres. La mauvaise qualité des fourrages combinée à un manque d’ensoleillement et une humidité importante ont pénalisé les lactations de 2024. Le recul s’est accentué sur la seconde partie de l’année, avec un début d’automne très pluvieux. Les deux pics de lactation sont assez fortement écrêtés. Les données disponibles actuellement ne permettent pas a priori d’affirmer qu’il y a un effet ou non de la FCO sur la production laitière caprine.

Le taux de matière grasse est toujours supérieur à celui de 2023, à 44,98 g/L en décembre (+0,8%) mais le taux de matière protéique est en léger recul, à 38,57 g/L (-0,7%). Le prix du lait payé aux producteurs est stable en décembre et en hausse de 1,3% en cumul annuel selon les résultats de l’enquête mensuelle de FranceAgriMer (lire aussi : article prix du lait de chèvre).

Collecte stable en Pays de la Loire

En 2024, la collecte a évolué d’une année sur l’autre comme suit :

  • stable en Pays de la Loire,
  • -5% en Nouvelle-Aquitaine et en AURA,
  • -4% en Centre-Val de Loire,
  • -2% en Occitanie.

Selon l’enquête mensuelle de FranceAgriMer, il y aurait eu une baisse de 3% du nombre de points de collecte en 2024 /2023 au niveau national.

Approvisionnements des transformateurs stables en décembre

Pour assurer les fabrications face au recul important de la collecte, et en complément de l’utilisation des stocks, les industriels ont importé près de 6 millions de litres équivalent lait en décembre (+31% /2023 et +15% /novembre 2024).

Ainsi, les approvisionnements des transformateurs se sont tous juste maintenus par rapport à décembre 2023 (+0,1%), à 32,8 millions de litres. Sur l’année, l’approvisionnement total (collecte et importations) des transformateurs français a été de 552 millions de litres (- 3,3% /2023).

En recul de 31% /2023 en décembre 2024, les stocks de produits de report caprins se sont par conséquent fortement réduits.

Hausse des fabrications en décembre

Les fabrications de fromages de chèvre ont été en hausse de 2% en décembre 2024 par rapport à décembre 2023.

7 900 tonnes de fromages ont ainsi été produites en décembre. En cumul annuel, ce sont près 98 000 tonnes de fromages qui ont été fabriquées par les laiteries (+1% /2023). Cette hausse correspond à celle de la consommation.

Fabrications mensuelles de fromages de chèvre

Dans le détail, les fabrications de bûchettes à la pièce sont en légère hausse entre décembre 2023 et décembre 2024 (+2%) et en recul sur 12 mois (-1% /2023). Les bûches à la coupe (pour la restauration hors domicile ou la transformation), et plus généralement les fromages à la coupe, poursuivent leur dynamique (+8% /2023 sur 12 mois). Après un ralentissement en novembre, les fabrications de fromages frais progressent de nouveau en décembre (+10% /décembre 2023 et +2% sur 12 mois).

L’ultra-frais poursuit sa nette ascension, avec 1 310 t fabriquées en décembre (+22% /2023), et plus de 15 500 t sur 12 mois (+11% /2023).

Lait de chèvre et viande » Prix du lait de chèvre »

Légère hausse du prix payé aux producteurs en 2024

En moyenne annuelle, le prix de base du lait de chèvre a été en très légère hausse. Les taux élevés, notamment sur le second semestre, ont permis au prix payé de progresser de 1% en 2024 par rapport à 2023. En Espagne, le recul du prix du lait s’est accentué sur la deuxième partie de l’année.

+11€/1 000 L pour le prix du lait de chèvre en 2024

À 1 043 € les 1 000 litres au 4e trimestre 2024 (+1% /2023), le prix moyen payé aux producteurs de lait de chèvre français a enregistré une progression de 11 € par rapport à 2023 et de 46 € /2022.

Alors que le prix de base est en très légère hausse, l’augmentation du prix payé est portée par le taux de matière grasse. En moyenne annuelle, le prix du lait payé s’est élevé à 912 €/1 000 L en 2024, soit +12 €/1 000 L ou +1% /2023.

Sensible baisse de l’IPAMPA

Dans le même temps, les charges en élevage caprin mesurées à travers l’IPAMPA ont sensiblement baissé. Attention toutefois, les charges incluses dans l’IPAMPA représentent 75% environ du coût de production. Certaines charges non couvertes par l’IPAMPA, telles que les travaux réalisés par des tiers, les fermages ou encore le coût de la main-d’œuvre, ont continué de progresser en 2024.

À l’indice 128 en décembre, l’IPAMPA lait de chèvre s’est stabilisé (+0,2% sur un mois). Il reculait toutefois de-3,4% sur un an. Dans le détail :

  • le poste aliments achetés est à l’indice 127, soit +0,2% /novembre 2024 et -3,8% sur un an ;
  • le poste énergie et lubrifiant reste très volatil : +0,9% sur un mois, et -1,0% sur un an ;
  • les frais généraux sont stables sur un mois (+0,1%) et en hausse sur un an (+2,2% /2023).

Taux en hausse sur le second semestre 2024

La moyenne nationale du taux butyreux au 4e trimestre se situe à 43,1 g/l, soit +3,0% /2023. Cette hausse est marquée, notamment sur octobre et novembre. Le taux protéique est en hausse lui aussi au 4e trimestre 2024, mais plus modeste, avec une moyenne qui s’est établie à 37,9 g/l (+1,0% /2023), grâce à une hausse significative en octobre (+2,6% /2023).

Taux de matière grasse et matière protéique du lait de chèvre en 2024

En moyenne sur l’année 2024, la composition du lait de chèvre s’est améliorée par rapport à 2023, +2,2% pour la matière grasse et +0,7% sur la matière protéique. Les hausses ont été particulièrement marquées sur le second semestre, alors que la collecte reculait assez fortement, concentrant la matière grasse.

Fort recul du prix du lait aux Pays-Bas et en Espagne

Chez nos voisins espagnols et néerlandais, le prix payé en décembre 2024 était en recul par rapport à 2023.

Aux Pays-Bas, la baisse était de 4% en décembre, à 766 €/1 000 L. La moyenne annuelle (non pondérée des volumes) s’établissait à 733 €/1 000 L.

En Espagne, le prix du lait de chèvre était en baisse de 11% /2023 en décembre, à 1 027 €/ 1 000 L, avec une moyenne annuelle à 936 €/1 000 L.

Prix du lait de chèvre en Espagne

D’après les données du ministère de l’Agriculture espagnol, le nombre d’élevage livrant du lait serait en recul de 7,8% en décembre et la collecte en retrait de 4,0% /2023. Sur l’année, la collecte totale n’est en recul que de 1,0% /2023. Les volumes livrés en début d’année avaient en effet été en hausse, compensant en partie la baisse amorcée à partir du deuxième trimestre.

Lait de chèvre et viande » Viande caprine »

Légère progression des abattages de chevreaux

Les volumes de chevreaux seraient légèrement supérieurs à leurs niveaux de 2023 entre septembre et décembre 2024, tandis que les réformes seraient en retrait. Après le pic des fêtes de fin d’année, le prix du chevreau de 11kg vif est redescendu à un niveau intermédiaire.

Cotation du chevreau à un niveau intermédiaire

Depuis le pic de cotation lié aux fêtes de fin d’année, le prix du chevreau vif de 8 à 11 kg est descendu à 3,60 €/kg en semaine 8, un niveau légèrement supérieur à celui de 2024 (+3% /2024 et +12 cents).

Légère baisse de la production de viande caprine sur la fin de l’année 2024

Au cours des quatre premiers mois de la campagne 2024/2025, les abattages de chevreaux seraient en hausse de 2% en têtes et en volume selon les données Agreste, à 108 300 chevreaux ou 654 téc. Des variations importantes d’un mois sur l’autre sont observées (+25% en têtes en novembre et -7% en décembre, données CVJA, corrigées des variations journalières d’abattage).

Les abattages de réformes seraient, eux, en recul de 4% en têtes (50 600 têtes) et de 3% en téc (1 150 téc).

Au total, le volume de viande caprine produit sur quatre mois serait de 1 800 téc, en léger recul comparé à la même période pour la campagne 2023/2024 (-1%).

Progression des exportations de viande caprine en volume

Sur les 11 premiers mois de l’année, les exportations françaises de viande caprine sont en légère hausse en volume (+3,2% /2023), à 1 920 téc.

Cette augmentation est portée par la hausse des envois de viande fraîche (+15% /2023), qui représentent 57% des volumes de viande caprine exportés : une part en hausse ces dernières années. Dans le même temps, les exports de viande congelée sont en recul (-9% /2023).

En valeur, le montant total du chiffre d’affaires des exportations françaises est en progression de 3% de janvier à novembre par rapport à la même période de 2023, à 17,1 millions d’euros (soit une valorisation moyenne du kilo à 8,88 €, avec ou sans os, fraiche ou congelée).

Hausse vers le Portugal et l’Espagne

En cumul sur 11 mois, les exportations françaises de viande caprine sont en légère hausse vers le Portugal (+3% /2023), en forte croissance vers l’Espagne (multipliées par 2,5 /2023) et en légère baisse vers l’Italie.


Sur le débouché italien, la France subit la concurrence de la Grèce. D’après les Douanes italiennes, les importations sur 11 mois sont en hausse de 9% /2023, à 600 téc environ, avec un bond des envois depuis la Grèce (+30% /2023).