Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

Lait de chèvre et viande

Les stocks passent sous leur niveau de 2023

La qualité des fourrages pèse sur la production laitière depuis le début de l’année et le recul de la collecte s’est accentué cet automne. En cause, l’humidité et le manque d’ensoleillement. Le prix du lait payé aux producteurs de lait de chèvre est en légère hausse, grâce aux taux, alors que le prix de base est stable. Les fabrications sont, elles, dynamiques et permettent de réduire les stocks de produits de report caprins sur la fin de l’année.

Sommaire du numéro 367
Lait de chèvre et viande

Lait de chèvre et viande » Lait de chèvre »

Collecte en berne et fabrications dynamiques

En octobre, la baisse de collecte de lait de chèvre observée depuis le début de l’année s’est accentuée pour le deuxième mois consécutif (-6% /2023). Les fabrications restent dynamiques, faisant baisser les stocks. Ces derniers sont d’ailleurs passés sous leur niveau de 2023 pour la première fois de l’année.

La baisse de collecte s’accentue en octobre

Avec 39,3 millions de litres de lait en octobre 2024, la collecte de lait de chèvre est en retrait de 6% /2023 après un mois de septembre déjà en recul de 5% /2023.

Evolution de la collecte de lait de chèvre

En cumul sur les 10 premiers mois de 2024, la collecte de lait de chèvre s’élève à 439,5 millions de litres (-3% /2023). La mauvaise qualité des fourrages continue de peser sur la production, combinée à un manque d’ensoleillement et une humidité importante. Par ailleurs, d’après l’enquête mensuelle de FranceAgriMer, le nombre de livreurs est en recul de 3% /2023 sur la même période.

En revanche, les taux restent en progression par rapport à l’année passée, conduisant à une augmentation du prix payé aux producteurs .

Evolution des taux du lait de chèvre

En octobre, le taux de matières protéiques dans le lait était en hausse de 5% sur un an et le taux de matières grasses en progression de 2%.

Le prix du lait payé au producteur a augmenté de 2% /2023 en octobre, malgré un prix de base stable, et de 1% sur 10 mois selon les résultats de l’enquête mensuelle de FranceAgriMer.

Retrait de 5% de la collecte en Nouvelle Aquitaine

Sur les 10 premiers mois de 2024, la collecte a évolué d’une année sur l’autre comme suit :

  • stable en Pays de la Loire,
  • -5% en Nouvelle-Aquitaine et en AURA,
  • -4% en Centre-Val de Loire,
  • -3% en Occitanie.
Evolution de la collecte de lait de chèvre par région.

Si on observe l’évolution du nombre de points de collecte dans ces régions entre octobre 2023 et octobre 2024 selon l’enquête mensuelle de FranceAgriMer, la région AURA a vu son nombre d’élevages diminuer de 7%, la Nouvelle-Aquitaine en a perdu 4% et les Pays de la Loire 3%. Il serait stable en Occitanie et en hausse de 1% sur un an en Centre-Val de Loire. Tous ces chiffres seront à confirmer avec l’enquête annuelle laitière et à mettre en parallèle des informations recueillies lors de l’enquête cheptel.

Les stocks repassent sous leur niveau de 2023

Les importations de produits de report en octobre poursuivent leur recul, à 3,8 millions de litres équivalent lait. En cumul de janvier à octobre, elles atteignent 40,6 millions de litres équivalent lait (-8% /2023).

Entre collecte et importations en net recul, les approvisionnements des transformateurs s’élèvent à 43,2 millions de litres en octobre (-6% /2023). Sur les 10 premiers mois, le recul est de 4% /2023, à 479,9 millions de litres.

Ce net recul des approvisionnements ainsi que la relance des fabrications permettent aux stocks de produits de report de repasser pour la première fois cette année sous leur niveau de 2023.

Les stocks de produits de report caprin s’élèveraient à 5 819 tonnes équivalent lait en octobre selon FranceAgriMer, soit -4% par rapport à octobre 2023.

Fromages frais et ultra-frais tirent les fabrications

En octobre, les fabrications de fromages de chèvre ont marqué une hausse de 7% /2023 à 8 840 t (1 jour ouvré de plus en octobre 2024 /2023). En cumul de janvier à octobre, plus de 82 000 t de fromages de chèvre ont été fabriquées (+2% /2023).

Dans le détail, les fabrications de bûchettes à la pièce sont de nouveau en hausse sur un mois (+10% /2023), et sont quasiment stables en cumul sur 10 mois (-0,2% /2023). Les bûches à la coupe (pour la restauration hors domicile ou la transformation), et plus généralement les fromages à la coupe, poursuivent leur dynamique (+9% /2023 en cumul). Les fabrications de fromages frais ont elles-aussi toujours le vent en poupe, portées par la consommation, avec une progression des fabrications de 1,7% /2023 sur 10 mois.

L’ultra-frais poursuit son excellente dynamique, avec 1 348 t fabriquées en octobre (+9% /2023), et près de 12 000 t sur les 10 premiers mois de l’année (+10% /2023).

Légers signes de reprise des ventes en grandes surfaces

Les ventes de fromages de chèvre au rayon libre-service des grandes surfaces sont en légère hausse en volume en cumul sur 12 mois (+1,3% /2023) et depuis le début de l’année (+1,2% /2023) selon les chiffres disponibles en période 12 (du 4/11 au 1/12). Les prix en revanche sont en légère baisse, et l’évolution en valeur est plus modérée (+0,8% /2023 en cumul sur 12 mois et +0,3% en cumul courant).

Après une progression importante depuis mi-2023, les MDD semblent marquer le pas en volume, alors que les produits à marque nationale reculent moins vite voire progressent (-0,7% /2023 et +7% sur les deux dernières périodes disponibles (P11 et P12) que sur les périodes précédentes. Cette évolution sera à confirmer sur les prochaines périodes.

Lait de chèvre et viande » Viande caprine »

Léger recul des abattages de chevreaux

À l’approche de la fin d’année, période traditionnelle de consommation de viande de chevreau, les quantités abattues progressent tout en restant inférieures à celles de l’année passée et les cours augmentent. En semaine 51, ils restaient légèrement en deçà de leur niveau de 2023.

Cotations en recul

Depuis la reprise des cotations en septembre (interruption en été faute d’abattages), le cours du chevreau vif de 8 à 11kg était légèrement supérieur à celui de l’année précédente, à 3,56 €/kg (+2% /2023). À une semaine des fêtes de fin d’année (semaine 51), le prix du chevreau de 8 à 11kg vif atteint 4,55 €/kg vif (-0,08 € /2023, soit -2% /2023).

Cotation des chevreaux de 8 à 11kg vof en campagne

Cette édition de fin d’année de Tendances est l’occasion de revenir sur la campagne 2023-2024 (septembre à août) au cours de laquelle le prix du chevreau engraissé de 8 à 11 kg vif a été légèrement inférieur à son niveau de la campagne précédente :

  • Lors du pic de Noël 2023, les cotations ont atteint 4,63 €/kg sur les trois premières semaines de décembre (-6% /Noël 2022).
  • Pâques étant le 31 mars en 2024, le pic saisonnier correspondant s’est concentré sur deux semaines fin mars à 3,71 €/kg (-5% /2023 et +4% /2022).
  • Après les fêtes pascales, la cotation est redescendue à 3,36 €/kg, légèrement au-dessous de 2023 (-2% /2023).

Léger repli des abattages de chevreaux

En ce début de campagne 2024/2025, on observe une baisse des abattages en septembre et une stabilité en octobre, avec près de 42 000 chevreaux abattus sur ces deux mois (-2% /2023-2024) et une production de 249 téc.

Sur la campagne 2023-2024, la période des fêtes de fin d’année, soit novembre et décembre 2023, avait vu le nombre de chevreaux abattus en léger recul, avec 63 770 chevreaux (-5% /2022) et près de 390 téc (-4% /2022). Cette baisse n’a pas été compensée par la hausse du nombre de chevreaux abattus en mars et avril 2024, pour Pâques, à 255 000 têtes (+8% /2023) et 1 400 téc (+8% /2023). Ainsi, le total campagne 2023-2024 s’élève à près de 480 000 chevreaux abattus (-1%/ 2023) et 2 732 téc (-1%/ 2023).

Des réformes toujours moins nombreuses

Sur les deux premiers mois de la campagne 2024-2025, les abattages de chèvres de réformes poursuivent leur dynamique baissière : -5% en têtes et -6% en téc.

En cumul sur la campagne précédente, 141 624 caprins de réformes ont été abattus (-5% /2023) et 3 200 téc produites (-5% /2023). Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce recul :

  • des réformes importantes en 2022 afin de réduire les charges qui flambaient,
  • un prix du lait en hausse sur deux ans et des charges stabilisées ces derniers mois,
  • le recours aux lactations longues, qui peut réduire les réformes pour infertilités ou liées à des problème de santé suite aux mises-bas.

Abattages totaux en recul de 5%

En résumé, sur les deux premiers mois de la nouvelle campagne, 63 400 têtes (-3% /2023) ont été abattues produisant près de 720 téc (-5% /2023).

Et sur la campagne précédente, de septembre 2023 à août 2024, 621 450 caprins ont été abattus (-2% /2022-2023) et 5 926 téc de viande caprine ont été produites (-3%).

Progression des exportations de viande caprine en volume

Sur les neuf premiers mois de l’année, les exportations françaises de viande caprine sont en légère hausse en volume (+2% /2023), à 1 522 téc.

Cette augmentation est portée par la hausse des envois de viande fraîche (+13% /2023), qui représentent 58% des volumes de viande caprine exportés : une part en hausse ces dernières années. Dans le même temps, les exports de viande congelée sont en recul (-11% /2023).
En valeur, le montant total du chiffre d’affaires des exportations françaises est en léger recul sur les neuf premiers mois de 2024 par rapport à la même période de 2023.

Sur 2024, la valorisation à l’export de la viande caprine est en recul. La viande fraîche progresse de 5% /2023 tandis que la viande congelée régresse de 14% /2023.

Concurrence des Pays-Bas sur le marché portugais

En cumul sur neuf mois, les exportations françaises de viande caprine sont en léger recul vers le Portugal (-6% /2023), en hausse vers l’Espagne (multipliées par 3 /2023) et stables vers l’Italie.

Débouché important pour la viande caprine française, le Portugal a importé au total 921 téc sur les neuf premiers mois de 2024, un chiffre en recul de 14% /2023. La France et la Grèce y ont perdu d’importantes parts de marché (respectivement -30 et -33% /2023 de volumes exportés) au profit des Pays-Bas.
Quant à l’Italie, ses importations sont en hausse de 11% /2023, à 590 téc environ, de janvier à août (données de septembre non disponibles à date). Les envois depuis la Grèce y progressent de 30% /2023, tandis que ceux de la France sont en très légère baisse (-1% /2023) et que les exportations espagnoles y reculent de 47%.