Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 356 Décembre 2023 Mise en ligne le 20/12/2023

Lait de chèvre et viande

Tassement de la collecte, malgré l’amélioration de la marge laitière

Le repli de l’approvisionnement en lait de chèvre s’est encore accentué en octobre, avec une collecte en baisse et un effondrement des importations. La timide reprise des achats des ménages et des exports incite les transformateurs à la prudence dans leurs approvisionnements.

La hausse du prix du lait de chèvre face au repli des charges dans les ateliers laitiers caprins a vraisemblablement permis une amélioration de la marge des producteurs laitiers.

Lait de chèvre et viande » Lait de chèvre »

Recul de l’approvisionnement des laiteries face à une demande mieux orientée

Le repli de l’approvisionnement en lait de chèvre s’est encore accentué en octobre, avec une collecte en baisse et un effondrement des importations. La timide reprise des achats des ménages et des exports incite les transformateurs à la prudence dans leurs approvisionnements.

Repli de la collecte nationale de lait de chèvre

A 495 millions de litres en cumul de janvier à octobre selon FranceAgriMer, l’approvisionnement en lait de chèvre des transformateurs (collecte et importations) a diminué de plus de 17 millions de litres (-3% /2022).

Cette chute globale des disponibilités totales en lait de chèvre est exclusivement imputable à l’effondrement des volumes importés, avec un repli important en octobre de -29% /2022, à près de 4 millions de litres. Cette baisse conséquente en octobre s’inscrit dans la tendance observée depuis le début de l’année 2023 : un recul de -31% au 1er trimestre, et dans la même dynamique baissière -26% au 2ème trimestre, puis un repli relativement moins important que précédemment de -23% au 3ème trimestre, soit un cumul de janvier à octobre de -27% /2022, à près de 44 millions de litres de produits de report caprins. Le recul des imports intervient dans un contexte d’effritement de la collecte espagnole de -4% /2022, à près de 370 millions de litres de lait sur dix mois.

Dans le même temps, la collecte nationale de lait de chèvre a reculé en octobre de -845 000 litres de lait (soit -2% /2022), à près de 42 millions de litres. Malgré ce fléchissement, la collecte cumulée sur les 10 premiers mois de l’année est stable d’une année sur l’autre à 452 millions de litres. 

Recul des fabrications de fromages de chèvre

A près de 84 000 t en cumul de janvier à octobre, la production industrielle de fromages de chèvre a baissé de -2% /2022, soit plus de 170 tonnes de moins qu’en 2022 sur la même période.

Les fabrications françaises de bûchettes à la pièce ont légèrement baissé de -1% /2022, à 39 600 t sur les 10 premiers mois de l’année. Celles de fromages frais ont davantage fléchi de -6% /2022, à près de 16 000 t. En revanche, les fromages à la coupe et bûches à la coupe ont vu leur volume progresser respectivement de +1% et +9%, à 10 189 t et 6 130 t. Quant aux autres types de fromages (crottins à la pièce, type camembert et autres fromages affinés à la pièce), leur production a reculé de -3%, -2% et -6% /2022, respectivement à 3 700 t, 1 467 t et 10 000 t.

Reprise des achats des ménages en fromage de chèvre

Les dernières données de CIRCANA viennent confirmer la reprise de la demande domestique en fromages de chèvre observé depuis le mois d’août. Ainsi, en octobre les vente de fromage de chèvre en rayon libre-service ont progressé de +2,2% /2022, à 4 030 t. Malgré cette reprise d’activité, les ventes cumulées aux ménages par les GMS depuis le début de l’année ont légèrement baissé en volume de -1,5%, à près de 39 000 t. Les ventes totales de fromages de chèvre en rayons libre-service de janvier à octobre 2023, en valeur s’établissent à près de 547 millions d’euros, soit une hausse d’environ +10% en un an. Le prix unitaire moyen de vente des fromages au cours de cette même période est de 13,97 €/kg, soit une hausse de +11% /2022.

Les exportations en hausse

La demande extérieure en fromages de chèvre a retrouvé de l’élan au mois d’octobre avec une progression de +9% /2022, à près de 2 200 t, d’après les données de FranceAgriMer. Cumulés de janvier à octobre 2023, les volumes exportés ont enregistré un repli de -5% /2022, à près de 20 000 t.

Lait de chèvre et viande » Prix du lait de chèvre »

Le prix du lait de chèvre poursuit sa revalorisation

Le prix moyen du lait de chèvre a connu une nouvelle progression au 3ème trimestre, sous l’effet de la hausse du prix de base et de l’amélioration de sa composition.

Le prix de base progresse

Le prix de base du lait de chèvre (à la composition standard 35MG / 30MP en vigueur au 1er janvier 2015) s’est établi à 848 €/1 000 litres au 3ème trimestre 2023 en moyenne nationale, une progression de près de +39 € d’une année sur l’autre, soit +5% /2022.

Au 3ème trimestre, le prix de base du lait de chèvre est le plus élevé dans le bassin Bretagne-Pays de la Loire, à 868 €/1 000 litres, soit +7% /2022. Les bassins Poitou-Centre et Sud-Ouest arrivent ensuite, avec un prix de base qui s’établit à 848 €/1 000 litres, soit +4% /2022. Le bassin Sud-Est ferme la marche avec le prix de base le moins élevé, à 771 €/1 000 litres, et enregistre la hausse relative la plus faible (+1% /2022).

Amélioration de la composition du lait collecté

Dans le prolongement d’une tendance amorcée au 1er trimestre, la composition du lait de chèvre s’est encore nettement améliorée au 3ème trimestre.

Le taux butyreux a faiblement progressé en juillet (+0,3 g/l, soit +0,9% /2022), avant de bondir en août (+1 g/l soit +3% /2022) puis de marquer le pas en septembre (-0,2 g/l, soit -0,6% /2022). Sur le trimestre, il se situe à 35,3 g/l (moyenne nationale), soit +1,1% /2022. Seul le bassin du Sud-Est a enregistré une détérioration du TB de -1,2 g/l, soit -3,7% /2022, probablement en raison des conditions climatiques extrêmes durant l’été.

Le taux protéique de la collecte nationale a progressé de +0,2 g/l (soit +0,6% /2022), à 33,3 g/l sur le 3ème trimestre. Alors que les autres régions ont connu des améliorations, le bassin Sud-Est a enregistré une détérioration du taux protéique (-1,3 g/l, soit -3,8% /2022), probablement liée aux mêmes raisons que précédemment.

Progression plus rapide du prix du lait payé aux livreurs

Le prix moyen à la production du lait de chèvre a évolué plus rapidement que le prix de base, grâce à l’amélioration de sa composition. Ainsi, il a progressé de +42 € d’une année sur l’autre, soit +5% /2022, à 875 €/1 000 litres selon l’enquête prix du lait menée chaque trimestre par l’Institut de l’Élevage. Entre l’été 2021 et 2023, la hausse s’élève à +127 €/1 000 litres.

Au 3ème trimestre, le prix moyen le plus élevé se trouve dans le Sud-Ouest (883 €/1 000 litres, soit +6% /2022). Arrivent ensuite les régions Poitou-Centre (879 €/1 000 litres, soit +3% /2022), et Bretagne-Pays de la Loire (874 €/1 000 litres, soit +5% /2022). Là encore, c’est dans la région Sud-Est que le prix moyen payé est le plus faible (836 €/1 000 litres, soit +5% /2022).

Tassement des charges au 3ème trimestre

Simultanément, la baisse des prix des charges en élevage caprin, amorcée le 2ème trimestre 2022, s’est poursuivie au 3ème trimestre 2023.

A l’indice 134,8 au 3ème trimestre (base 100 = 2015), l’IPAMPA-Lait de chèvre a légèrement baissé, de -4% /2022, essentiellement grâce au repli des prix des aliments achetés par les ateliers caprins (-7% /2022, à l’indice 137), poste qui représente 60% des coûts de production indicés dans l’IPAMPA-Lait de chèvre.

A l’indice 138 en octobre 2023, l’indice moyen de l’IPAMPA glissant sur 12 mois s’est logiquement renchéri moins vite, de +6% d’une année sur l’autre.

La MILC nettement en hausse

Au 3ème trimestre la hausse des prix du lait et la baisse concomitante des charges conduit à une amélioration de la marge des producteurs : la MILC (moyenne trimestrielle) s’élève à 263 €/1 000 litres, soit +44% au dessus de son niveau de 2022 à la même période de l’année.