Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 353 Septembre 2023 Mise en ligne le 19/09/2023
Lait de chèvre et viande
L’activité industrielle freinée par la moindre demande de fromages
L’érosion des achats des fromages de chèvre par les ménages se répercute sur les fabrications fromagères industrielles. Avec une collecte légèrement croissante, les transformateurs ont fortement réduit leurs importations de produits de report.
Les producteurs, quant à eux, ont amélioré leur marge en juillet, du fait de la hausse du prix du lait et du léger repli du prix des charges de production, notamment des aliments achetés.
L’activité industrielle freinée par la baisse de la demande de fromages
La hausse des prix à la consommation a entrainé un repli considérable des ventes de fromages de chèvre. Les importations de produits de report restent alors la variable d’ajustement des transformateurs cherchant visiblement à limiter leurs stocks de lait. Ceci a eu pour conséquence une chute des importations de produits de report.
L’approvisionnement des laiteries a nettement baissé au 1er semestre…
Le 1er semestre 2023 est marqué par un repli des approvisionnement totaux (collecte + importations) en lait de chèvre. La collecte semestrielle s’est établie à 276 millions de litres, impliquant un léger redressement de +1% d’une année sur l’autre. Cette augmentation peut s’expliquer par l’amélioration de la marge des producteurs, du fait du prix du lait (+14% /2022, à 875 € /1 000 l) qui a augmenté plus fortement que celui des charges (+5% /2022, à l’indice 139) au 1er semestre. Les importations des produits de report ont connu une chute importante au cours de ce semestre (-29% /2022, à 26 000 t). Celles-ci servent de variable d’ajustement entre une collecte nationale légèrement haussière et une transformation fromagère affectée par la moindre demande des ménages.
… Comme au début du 2ème semestre
En juillet 2023, l’approvisionnement des laiteries en lait de chèvre a poursuivi sa tendance baissière, avec un repli de -2% d’une année sur l’autre, à 55 millions de litre de lait.
La collecte a légèrement baissé de -1% /2023, à 49 millions de litres, tandis que les importations se sont repliées de -14% d’une année sur l’autre, à près de 6 millions de litres. La collecte cumulée sur les sept premiers mois s’établit à 324 millions de litres de lait, soit une progression de +1% d’une année sur l’autre, tandis que les importations cumulées ont chuté de -27% /2022 à 32 000 t.
D’après les données de FranceAgriMer, le prix du lait de chèvre s’établit à 848 €/1 000 litres en juillet, soit une progression de +6% d’une année sur l’autre. En même temps, le prix des charges de production a légèrement baissé, de -4% /2022 selon I’PAMPA-Lait de chèvre, à l’indice 135.
L’activité industrielle toujours ralentie
En juillet, les fabrications de fromages s’établissent à 8 000 t, soit un repli de -6% /2022, encore plus conséquent qu’au 1er semestre (-2% /2022, à 48 000 t). Ce repli de l’activité industrielle s’explique notamment par le contexte de hausse des prix des produits finis, entrainant à la fois une baisse de la demande des ménages (en juin par exemple, les volumes de fromages vendus en GMS ont baissé de -5%, à 3882 /2022) et un repli des exportations.
Les fabrications françaises de bûchettes à la pièce ont légèrement baissé de -1% /2022, à 27 300 t sur les 7 premiers mois de l’année. Celles de fromages frais ont davantage fléchi de -8% /2022, à près de 11 000 t. En revanche, les fromages à la coupe et bûches à la coupe ont vu leur volume progresser respectivement de +1% et +6%, à 7 200 t et 4 200 t. Quant aux autres types de fromages (crottins à la pièce et autres fromages affinés à la pièce), leur production a reculé de -3% d’une année sur l’autre.
La demande des ménages en baisse
En juin 2023, les achats de fromages au lait de chèvre par les ménages français en GMS se sont contractés de -5% /2022, à 3 882 t, selon IRi-CNIEL, maintenant ainsi la dynamique baissière observée depuis le depuis de l’année. Le cumul semestriel des volumes de fromages vendus en libre-service indique un recul de -3,2% /2022, à environ 23 100 t. Le prix moyen pondéré des fromages de chèvre vendus au 1er semestre s’est apprécié de +14% /2022, à 13,90 € /kg.
Chute des exportations de fromages
La demande extérieure en fromages de chèvre souffre fortement de la hausse des prix au détail et de la baisse de pouvoir d’achat des ménages. En juillet 2023, les exportations ont baissé de -1% /2023, à près de 2 000 t. Au terme des sept premiers mois de l’année, les volumes exportés ont reculé de -7% /2023, à 13 500 t.
Lait de chèvre et viande » Prix du lait de chèvre »
Hausse du prix du lait et baisse des charges au 2ème trimestre
Le prix moyen français du lait de chèvre a évolué favorablement d’une année sur l’autre, sous l’effet de la hausse du prix de base. La baisse des charges dans les élevages caprins dans un contexte de hausse des prix du lait a permis une amélioration de la marge des producteurs, inversant complétement la situation de perte de revenus observée il y a un an.
Hausse du prix de base
Le prix de base du lait de chèvre s’est établi à 775 € les 1 000 litres au 2ème trimestre, soit une progression de +100 € d’une année sur l’autre (+15% /2022). Cette dynamique de hausse des prix du lait s’inscrit dans le prolongement de la revalorisation entamée depuis près d’un an.
Le prix de base demeure le plus élevé dans le bassin Bretagne-Pays de la Loire, à 801 €/1 000 litres au 2ème trimestre, (+20% /2022), devant le Sud-Ouest, à 770 €/1 000 litres (+15% /2022). Le bassin Poitou-Centre suit de près, à 768 €/1 000 litres (+10% /2022) et en queue de peloton le Sud-Est à 758 €/1 000 litres (soit +14% en un an).
La composition du lait s’améliore
La composition du lait de chèvre s’est améliorée au 2ème trimestre, s’inscrivant ainsi dans la dynamique observée au 1er trimestre.
Le taux butyreux s’est légèrement dégradé en avril, puis s’est rétabli en mai. A 43,1 g/litre (moyenne nationale) au 2ème trimestre, il a progressé de +0,5% d’une année sur l’autre. Tous les bassins ont enregistré une amélioration du TB, exception faite du Poitou-Centre où il s’est légèrement dégradé en un an de -0,7%, à 37,4 g/l.
Au 2ème trimestre, le taux protéique a progressé de +1% /2022, à 33,5 g /litre en moyenne nationale. Les bassins du Sud-Ouest et du Sud-Est ont enregistré une progression de +1,4% et +1,0%, respectivement à 33,5 g/l et 33,1 g/l. Les bassins Bretagne-Pays de la Loire et Poitou-Centre ont connu une légère hausse du taux protéique de +0,8% et +0,3% /2022, respectivement à 33,4 g/l et 33,6 g/l.
La revalorisation du prix du lait se poursuit
A 921 €/1 000 litres au 2ème trimestre (+15% /2022), le prix moyen payé aux producteurs de lait de chèvre a enregistré une progression de +105 € /2022, et +128 € par rapport à la même période de l’année 2021. Cette hausse du prix payé découle de la revalorisation du prix de base du lait de chèvre.
Le lait de chèvre est mieux valorisé dans le bassin Bretagne-Pays de la Loire, à 828 €/1 000 litres, avec une progression de +17% d’une année sur l’autre. Les prix moyens dans les bassins Sud-Ouest et Poitou-Centre suivent, avec 823 € et 820 € les 1 000 litres, en hausse respectivement de +16% et +10% /2022. Enfin, le prix moyen payé dans le bassin Sud-Est atteignait 807 €/1 000 litres, soit +15% /2022.
Les charges en baisse sur le 2ème trimestre
Le 2ème trimestre est marqué par un léger repli du prix des charges dans les ateliers caprins. A l’indice 137 en moyenne au 2eme trimestre (base 100 = 2015), l’IPAMPA-Lait de chèvre s’est en effet positionné -0,2% en-dessous de son niveau de 2022, essentiellement du fait du prix de l’énergie (-11% /2022 au 2ème trimestre, à l’indice moyen de 151). Le prix des aliments achetés (poste occupant 60% de charges) a également baissé de -0,3% /2022, à l’indice 143. La moyenne cumulée sur les douze derniers mois de l’indice IPAMPA-Lait de chèvre est revanche en hausse de +13% d’une année sur l’autre.
La MILC nettement améliorée
La hausse des prix du lait face à la baisse des charges conduit à une amélioration de la marge des producteurs. Au 2ème trimestre, la MILC (moyenne trimestrielle) s’élève à 185 €/1 000 litres, soit 2,5 fois son niveau de 2022 à la même période de l’année.