Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 351 Juin 2023 Mise en ligne le 20/06/2023

Lait de chèvre et viande

Revalorisation du prix du lait et hausse des cours du chevreau

La dégradation des marges des producteurs laitiers caprins observés en 2022 est nettement stoppée au début de cette année 2023 avec la poursuite de la revalorisation des prix du lait et le ralentissement de la hausse des charges.

L’allongement des lactations dans les élevages laitiers caprins a entrainé un repli des disponibilités en chevreaux dont les cotations ont bien progressé en 2023, établissant même des records saisonniers sur ces dix dernières années.

Sommaire du numéro 351
Lait de chèvre et viande

Lait de chèvre et viande » Prix du lait de chèvre »

Hausse du prix du lait face à des charges stabilisées

Au 1er trimestre, le prix moyen français du lait de chèvre a évolué favorablement d’une année sur l’autre, sous l’effet de la hausse du prix de base. Le ralentissement de la hausse des charges face à cette hausse de prix du lait a permis une amélioration de la marge des producteurs.

Hausse du prix de base

Le prix de base du lait de chèvre s’est établi à 817 € les 1 000 litres au 1er trimestre, soit une progression de +105 € d’une année sur l’autre (+16% /2022). En effet, les transformateurs ont poursuivi la revalorisation du prix de base du lait français, un phénomène amorcé depuis l’année dernière avec dans un contexte de hausse généralisée des prix des produits agricoles.

Le prix de base demeure le plus élevé dans le bassin du Sud-Est, à 854 €/1 000 litres au 1er trimestre, (+13% /2022), devant le Centre, à 819 €/1 000 litres (+12% /2022). Suivent de près les bassins du Sud-Ouest et du Centre-Ouest, à respectivement 817 € et 812 €/1 000 litres (soit +15% et +16% en un an).

La composition du lait s’améliore

La composition du lait de chèvre s’est améliorée au 1er trimestre, après une année 2022 marquée par sa dégradation.

Le taux butyreux s’est légèrement dégradé en janvier, avant de se rétablir en février et mars. A 43,1 g/litre (moyenne nationale) au 1er trimestre, il a progressé de +0,7% d’une année sur l’autre. Tous les bassins ont enregistré une amélioration du TB, exception faite du Sud-Est où il s’est replié en un an de -1%, à 40,8 g/l.

Le taux protéique a progressé de -0,3 g /2022 en un an, à 36,6 g /litre en moyenne nationale au 1er trimestre. Presque tous les bassins laitiers ont enregistré cette évolution, à l’exception du Centre où il est stable à 36,7 g/l.

Le prix payé aux producteurs continue de progresser

A 909 € les 1 000 litres au 1er trimestre (+12% /2022), le prix moyen payé aux producteurs de lait de chèvre a enregistré une progression de +98 € d’un hiver à l’autre et +120 € depuis le 1er trimestre 2021. Cette hausse du prix payé découle de la revalorisation du prix de base du lait de chèvre.

Le lait de chèvre est mieux valorisé dans le bassin Sud-Est, à 995 €/1 000 litres, avec une progression de +16% d’une année sur l’autre. Les prix moyens dans les bassins Sud-Ouest Centre suivent, avec 940 € et 932 €/1 000 litres, en hausse respectivement de +17% et +12% /2022. Enfin, le bassin Centre-Ouest en queue de peloton avec un prix moyen payé 883 €/1 000 litres, soit +11% /2022 (enregistrant ainsi la plus faible progression).

La hausse des charges ralentit d’une année sur l’autre

Simultanément, la hausse des charges en élevage caprin a été stoppée d’un mois sur l’autre. Toutefois, l’IPAMPA-Lait de chèvre reste exceptionnellement élevé. Il a progressé d’une année sur l’autre de +15% en janvier à +6% en mars 2023, améliorant ainsi la marge des producteurs (hausse du prix du lait étant environ à +12% /2022 sur chaque mois du trimestre). En moyenne sur le 1er trimestre, l’IPAMPA lait de vache s’établit à l’indice 141, soit +11% d’une année sur l’autre. Cumulé sur les 12 derniers mois, l’IPAMPA Lait de chèvre a progressé de +19% /2022, à l’indice 140.

La MILC s’est nettement améliorée

La hausse des prix du lait face au ralentissement de la hausse des charges conduit à une amélioration de la marge des producteurs. Au 1er trimestre, la MILC (moyenne trimestrielle) s’élève à 277 €/1 000 litres, soit une progression de +19% /2022.

Lait de chèvre et viande » Viande caprine »

Disponibilités limitées et cotation haussière

L’allongement des lactations dans les élevages laitiers caprins a entrainé un repli des disponibilités en chevreaux dont les cotations ont bien progressé en 2023, établissant même des records saisonniers sur ces dix dernières années.

Des cotations records début 2023

Le prix du chevreau engraissé de 11 kg a nettement progressé depuis le début de l’année 2023, avec des cotations saisonnières records par rapport aux dix dernières années. A 3,90 € /kg vif les deux semaines qui ont précédé Pâques, il a progressé de près de +32 cts par rapport au pic pascal de 2022 (+9%) et de 1,03 euro /2021 (+35%). La moyenne des cotations de janvier à fin mai s’établit à 3,65 €/kg vif, soit une progression de +9% /2022 et +35% / 2021. Cette hausse des prix, conjointement au repli du prix de la poudre de lactosérum, qui constitue un poste important des charges de l’aliment d’engraissement des chevreaux, a probablement amélioré la marge des engraisseurs par rapport à l’année passée.

Repli des abattages de chevreaux

Les abattages cumulés de chevreaux ont reculé de -5% /2022 , à près de 315 000 têtes de janvier à avril. Mensuellement, les effectifs abattus ont bondi de +33% en mars à près de 158 000 chevreaux puis se sont effondrés de -38% en avril, à près de 80 000 têtes, obéissant ainsi la tendance saisonnière. Globalement le repli des abattages de chevreaux est imputable au repli des disponibilités, conséquence des allongement des lactations dans les exploitations laitières.

Contrairement aux chevreaux, les abattages de réformes de janvier à avril ont progressé de +2% d’une année sur l’autre, à près de 52 000 chèvres. Cela s’inscrit dans la situation de repli du cheptel caprin observé en France depuis l’année 2022.

Le poids carcasse moyen des chevreaux de janvier à avril 2023 a reculé de -1%, à 5,58 kg d’une année sur l’autre.

Les exportations de viande caprine ont progressé en début d’année

A plus de 815 téc au 1er trimestre, les exportations de viande caprine ont bondi de près de +10% d’une année sur l’autre (+71 téc), une croissance absorbée par le marché portugais qui confirme son statut de 1er acheteur de viande caprine française. Les envois de viande fraîche ont presque doublé (+72% /2022), à 445 téc. Les expéditions de viande congelée en revanche ont baissé de -24% /2022. Les exportateurs ont bénéficié du repli des expéditions grecques, pénalisées par un cheptel dont l’érosion graduelle limite les disponibilités.

Même si les données sur les prix sont pour le moment partiellement consolidées, il n’en demeure pas moins que les exportations de viande caprine française ont été mieux valorisées en ce début d’année 2023, avec un prix moyen en hausse de +23% /2022, à 9,45 €/kg au 1er trimestre. Les prix à l’export ont augmenté de +15% sur le marché portugais et de +53% sur le marché italien, à respectivement 9,62 € et 10,02 €/kg .

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