Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 347 Février 2023 Mise en ligne le 21/02/2023

Lait de chèvre et viande

Hausse moins rapide du prix du lait que des charges

La fin de l’année 2022 est marquée par la poursuite de la dynamique de production laitière et une revalorisation du prix du lait, qui reste néanmoins faible par rapport à la hausse des charges.

Cette situation entrainant une dégradation importante des marges des producteurs, n’a pu laisser indifférents les syndicats qui appellent à une nouvelle revalorisation du prix du lait.

Sommaire du numéro 347
Lait de chèvre et viande

Lait de chèvre et viande » Lait de chèvre »

Collecte croissante fin 2022

La conjonction de la hausse de la collecte et de la reprise des importations a accru les disponibilités en lait de chèvre en fin d’année. Les stocks de report sont restés étoffés face à la perte de vitesse des fabrications de produits caprins.

Collecte dynamique en fin d’année

Malgré la baisse saisonnière, la collecte nationale de lait de chèvre en décembre a encore confirmé sa dynamique haussière entamée depuis le 2ème semestre de l’année 2022. Cette hausse s’est accentuée durant l’automne, d’autant que les fourrages récoltés au printemps sont de bonne qualité, aboutissant en novembre et en décembre à une augmentation de +5,8% et 3,1% d’une année sur l’autre, respectivement à 36,4 et 29,2 millions de litres de lait. La collecte cumulée sur toute l’année 2022 s’établit à plus de 515 millions de litres, soit une progression de +2% /2021. Elle a progressé en Nouvelle-Aquitaine (+1% /2021), dans les Pays de la Loire (+1%), en Occitanie (+2%) et dans le Centre-Val de Loire (+5%), mais a reculé en AURA (-2%).

Les importations en dents-de-scie

Les importations de produits de report ont fortement augmenté en fin d’année. En décembre 2022, elles se sont établies à 5,1 millions de litres, soit un bond de +23% /2021. Sur toute l’année, les importations ont évolué en dents-de-scie avec un cumul annuel à 71,8 millions d’équivalent litres de lait, soit une légère progression de +1% /2021. Ainsi, l’approvisionnement national en lait de chèvre (collecte+importations) a dépassé 587 millions de litres, en hausse de +2% /2021.

Reprise des fabrications

En décembre 2022, les fabrications de fromages au lait de chèvre ont progressé de +2% /2021, à 7 800 t. Cumulées sur toute l’année, les fabrications de fromages sont restées relativement stables, à plus de 97 000 t.

Sur l’année, le fléchissement des fabrications est respectivement de -2% et -4% /2021 sur les bûchettes à la pièce (39 800 t) et les fromages frais (16 500 t), sachant que les deux font plus de 70% des fabrications. Les fabrications des autres types de fromages (crottins à la pièce, autres fromages affinés à la pièce, fromages à la coupe, bûches à la coupe et autres fromages à la coupe) ont en revanche progressé, de +3% à +10% /2021 selon les types de fromages, à l’exception des camemberts (-1% /2021).

Stocks de reports étoffés

Les stocks de produits de reports ont poursuivi leur baisse saisonnière amorcée au 2nd semestre. Depuis lors ils ont retrouvé leur niveau de 2020, soit un niveau bien supérieur à 2021. A 4 300 t en décembre, ils ont dépassé de +45% le bas niveau de 2021, mais restent relativement modestes.

Lait de chèvre et viande » Prix du lait de chèvre »

La hausse du prix du lait a été moins forte que celle des charges en 2022

Au 4ème trimestre, le prix moyen du lait de chèvre a fortement progressé d’une année sur l’autre, sous l’effet de la hausse du prix de base. Cependant, les éleveurs doivent faire face à la hausse des charges bien supérieure, ce qui rogne leurs marges.

Hausse de 14% du prix de base au 4ème trimestre

Le prix de base du lait de chèvre (à la composition standard 35MG / 30MP) s’est établi à 895 €/1 000 litres au 4ème trimestre 2022. Il a fortement évolué sur l’année par rapport à l’année précédente, allant de +5% au 1er trimestre à +14% au 4ème trimestre. Sur l’année, la moyenne annuelle pondérée du prix de base s’établit à 763 €/1000 litres, soit une hausse de +69 € (+10%) par rapport à l’année passée.

Au 4ème trimestre, le prix de base du lait de chèvre est le plus élevé dans le Sud-Est, à 924 €/1 000 litres, soit +14% /2021. Les bassins du Centre et du Sud-Ouest arrivent ensuite, avec des prix de base qui s’établissent à 912 € et 894 €/1 000 litres respectivement, soit +15% et +11% /2021. Le bassin du Centre-Ouest ferme la marche avec un prix de base à 885 €/1 000 litres, avec une hausse relative de +13% /2021.

Détérioration de la composition du lait de chèvre

La composition du lait de chèvre s’est encore dégradée au 4ème trimestre 2022 dans le prolongement de la tendance baissière amorcée au 3ème trimestre. Le taux butyreux a diminué de -2,8% /2021, à 41,7 g/l. La dégradation est la plus marquée dans les bassins Centre et Sud-Est respectivement de -3,6% à 41,5 g/l et -4% /2021 à 39,6 g/l. Elle est moindre dans le Centre-Ouest et Sud-Ouest de respectivement -2,3% à 42,2 g/l et -2,4% /2021 à 40,9 g/l.

Le taux protéique de la collecte nationale a aussi reculé au 4ème trimestre de -0,8% /2021, à 37,5 g/l. La dégradation de la composition du lait est similaire dans toutes les régions à l’exception du Centre où la baisse est plus forte (-2,7%).

Forte progression du prix payé aux livreurs

Le prix moyen national du lait de chèvre payé aux livreurs au 4ème trimestre s’établit à 997 €/1 000 litres, une progression de 90 € d’une année sur une autre (+10% /2021). En décembre 2022, le prix moyen payé a progressé de +12% /2021, à 1 022 €/1 000 litres.

Au 4ème trimestre, le prix moyen le plus élevé se trouve dans les bassins Centre et Sud-Est (1 025 €/1 000 litres, soit +9% à +10% /2021). Arrivent ensuite les bassins du Sud-Ouest (994 €/1 000 litres, soit +12% /2021) et Centre-Ouest (982 €/1 000 litres, soit +9% /2021).

Forte hausse des charges

L’année 2022 a été marquée par la hausse des charges en élevage. A l’indice 136 en moyenne annuelle (base 100 = 2015), l’IPAMPA a bondi de près de +20% /2021. L’alimentation achetée, principal poste de charge en élevage caprin, a augmenté de +24% /2021, mais c’est surtout le poste « énergie et lubrifiants » qui a connu une forte envolée de +37% /2021.

La MILC poursuit sa valorisation saisonnière amorcée depuis juillet 2022. En décembre, elle s’établit à 366 € /1 000 litres, soit une légère progression de +2% /2021. Cumulée sur l’année, la MILC s’est toutefois dégradée de -20% /2021, à 209 €/1 000 l.