Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 345 Décembre 2022 Mise en ligne le 19/12/2022
Lait de chèvre et viande
Collecte dynamique et hausse modérée du prix du lait
La collecte du lait de chèvre est dynamique depuis le début du 2ème semestre, démontrant de la résilience des producteurs face aux défis climatiques, notamment les fortes températures et la sécheresse de cet été.
Au 3ème trimestre, le prix moyen du lait de chèvre a bien progressé d’une année sur l’autre. Cependant, les éleveurs doivent faire face à la hausse des charges bien supérieures, ce qui rogne leurs marges.
La collecte laitière dynamique malgré la sécheresse estivale
La collecte de lait de chèvre est relativement dynamique depuis le début du 2ème semestre, démontrant la résilience des producteurs face aux défis climatiques, notamment les fortes températures et la sécheresse de cet été. Les opérateurs ont privilégié la ressource laitière française, réduisant fortement les volumes de produits importés. Les stocks de reports restent étoffés face à la perte de vitesse des fabrications de produits caprins.
Une collecte estivale dynamique
A plus de 42 millions de litres livrés en octobre (+3,5% /2021), la collecte de lait de chèvre maintient le dynamisme entamé depuis le début du 2ème semestre. Si les canicules et la sécheresse estivales ont mis à mal la production fourragère, elles semblent n’avoir eu aucun effet sur la collecte laitière au 3ème trimestre. Les producteurs ont su s’adapter probablement grâce au stock de fourrages. Aussi, l’alimentation des chèvres étant en partie faite de concentré, l’adaptation pourrait passer par un ajustement des rations (foin + concentré). La croissance de la collecte aurait été plus forte des semaines 44 à 49, estimée à +6% /2021 d’après les sondages hebdomadaires FranceAgriMer. La collecte cumulée sur 10 premiers mois s’établit à plus de 450 millions de litres (+1,2% /2021). Elle a été stable dans les Pays de la Loire et en Nouvelle-Aquitaine. Elle a progressé respectivement de +2% et +5% /2021 en Occitanie et dans le Centre-Val de Loire. A contrario, elle a baissé de -3% en AURA.
Les importations en forte baisse
A 5,5 millions de litres, les importations de produits de report caprin ont fortement baissé en octobre 2022 (-19% /2021). Cet effondrement s’explique dans le contexte de hausse de la collecte nationale, considérant que le lait importé reste une variable d’ajustement de l’approvisionnement. En cumul sur les 10 premiers mois, les importations s’établissent à près de 61 millions d’équivalent litres de lait, soit un recul d’environ -1% /2021. Ainsi, l’approvisionnement national en lait de chèvre (collecte+importations) dépasse 511 millions de litres, soit une hausse de +1% /2021.
Hausse des fabrications fromagères
En octobre 2022, les fabrications de fromages au lait de chèvre ont progressé de +1% /2021, à 8 200 t. Cumulées sur 10 mois, les fabrications de fromages ont reculé de -0,5% /2021, à plus de 81 500 t.
Sur les 10 premiers mois, le fléchissement des fabrications est respectivement de -2% et -4% /2021 sur les bûchettes à la pièce (39 800 t) et les fromages frais (16 500 t), sachant que les deux font plus de 70% des fabrications. Les autres types de fromages (crottins à la pièce, autres fromages affinés à la pièces, fromages à la coupe, bûches à la coupe et autres fromages à la coupe) ont connu une progression allant de +1% à +10% /2021, à l’exception des camemberts (-2% /2021).
Les stocks de produits de reports étoffés
Les stocks de produits de reports sont restés relativement élevés au mois d’octobre, supérieurs de +52% /2021, à 5 500 t, et proche du niveau de 2020. La progression des stocks s’explique par le tassement des fabrications de produits caprins.
Lait de chèvre et viande » Prix du lait de chèvre »
Hausse moins rapide du prix du lait que des charges
Au 3ème trimestre, le prix moyen du lait de chèvre a fortement progressé d’une année sur l’autre, sous l’effet de la hausse du prix de base. Cependant, les éleveurs doivent faire face à la hausse des charges bien supérieure, ce qui rogne leurs marges.
Progression du prix de base
Le prix de base du lait de chèvre (composition standard 35MG-30MP en vigueur au 1er janvier 2015) s’est établi à 809 €/1 000 litres au 3ème trimestre 2022, en progression de près de 101€ d’une année sur l’autre, soit +14% /2021.
Au 3ème trimestre, le prix de base du lait de chèvre est le plus élevé dans le bassin Bretagne-Pays de la Loire, à 816 €/1 000 litres, soit +15% /2021. Les bassins du Sud-Ouest et Poitou-Centre arrivent ensuite, avec des prix de base qui s’établissent à 813 € et 809 €/1 000 litres respectivement, soit +13% et +14% /2021. Le bassin du Sud-Est ferme la marche avec un prix de base à 767 €/1 000 litres, même s’il enregistre la hausse relative la plus élevée (+17% /2021).
Détérioration de la composition du lait collecté
Dans le prolongement d’une tendance baissière amorcée au 2ème trimestre, la composition du lait de chèvre s’est encore dégradée au 3ème trimestre 2022.
Le taux butyreux a faiblement reculé de -2,4 g/l /2021, à 39,4 g/l. La dégradation est la plus marquée dans les bassins Sud-Ouest et Sud-Est en queue de peloton de -3,5% /2021, à 33,5 g/l et 34,2 g/l respectivement. Elle est moindre en Poitou-Centre et Bretagne-Pays de la Loire de respectivement -2,6% et -0,9% /2021, à 35 g/l et 35,7 g/l.
Au 3ème trimestre le taux protéique de la collecte nationale a reculé de -1% /2021, à 33,1 g/l. Excepté dans le Sud-Est où le taux protéique a connu une légère amélioration (+0,5% /2021), la moyenne trimestrielle dans les autres bassins Bretagne-Pays de la Loire, Poitou-Centre et Sud-Ouest a reculé respectivement de -0,9%, -1,2% et -0,9% /2021, à 33 g/l.
Forte progression du prix du lait payé aux livreurs
Le prix moyen national du lait de chèvre payé aux livreurs au 3ème trimestre s’établit à 833 €/1 000 litres, une progression de 85 € d’une année sur une autre (+11% /2021). En septembre 2022, le prix moyen payé a progressé de +12% /2021, à 898 €/1 000 litres.
Au 3ème trimestre, le prix moyen plus élevé se trouve dans le bassin Poitou-Centre (840 €/1 000 litres, soit +9% /2021). Arrivent ensuite les bassins du Sud-Ouest (833 €/1 000 litres, soit +12% /2021) et Bretagne-Pays de la Loire (825 €/1 000 litres, soit +10% /2021). C’est dans le Sud-Est qu’il est le plus bas (795 €/1 000 litres, soit +13% /2021).
Forte hausse des charges
Simultanément, la hausse des charges en élevage caprin, s’est poursuivie. A l’indice 140,2 au 3ème trimestre 2022 (base 100=2015), l’IPAMPA s’est en effet apprécié de +22% /2021, essentiellement impulsé par la flambée du prix de l’aliment acheté (+29% /2021), poste qui représente 60% des coûts de production indicés dans l’IPAMPA lait de chèvre. La hausse des charges au 3ème trimestre (+22% /2021) rapportée à la hausse des prix moyens payés aux producteurs sur la même période (+11% /2021), montre une dégradation importante de la marge des producteurs.
Forte dégradation de la MILC lait de chèvre
La MILC poursuit sa valorisation saisonnière amorcée depuis juillet 2022. En septembre, elle s’établit à 240 € /1 000 litres, soit un décrochage de -9% /2021. Cumulée sur les 9 premiers mois, la MILC s’est dégradée de -28% /2021.