Lait de chèvre et viande

Davantage de stocks mobilisés face à la baisse des approvisionnements

Confrontés à des approvisionnements en baisse, en lien notamment avec la chute des importations, les transformateurs ont dû puiser dans leurs stocks de produits de report caprins. Ces derniers ont ainsi atteint un bas niveau en octobre, laissant présager de potentielles tensions pour fournir le marché en fin d’année.

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Déstockage massif en fin d’année

La baisse des disponibilités espagnoles a abouti à l’effondrement des importations, dans un contexte de collecte française ralentie. Face à un approvisionnement réduit, les transformateurs ont dû puiser largement dans leurs stocks de produits de report… au risque de manquer de lait en fin d’année.

Repli hivernal des approvisionnements des industriels

A 525 millions de litres en cumul à octobre selon FranceAgriMer, l’approvisionnement en lait de chèvre des transformateurs (collecte et importations) a progressé de près de 14,7 millions de litres (+3% /2017). Néanmoins, après un 1er semestre dynamique (+6% /2017), il a  en revanche baissé en août (-1%), septembre (-2%) et surtout octobre (-7%).

Cette chute est exclusivement imputable à l’effondrement des volumes importés : alors qu’ils avaient bondi de près de 12% au 1er semestre, ils ont chuté de 7% en août, de 16% en septembre et de 35% en octobre ! Il faut dire que les disponibilités espagnoles se sont largement effritées après les abattages massifs consécutifs à l’activation du plan de lutte contre la tuberculose en Andalousie. La collecte ibérique a baissé pour la première fois depuis 2013, avec une chute de 2% en moyenne entre juillet et octobre.

Cette chute des importations n’a été que partiellement compensée par la hausse de la collecte française de lait de chèvre, qui a connu un ralentissement marqué depuis l’été. Après un début d’année très dynamique (+6% /2017 au 1er semestre), elle n’a progressé que de 1% au 3ème trimestre, tendance qui s’est poursuivie au mois d’octobre. Son évolution annuelle reste néanmoins très positive et constitue un signal encourageant après 4 années de quasi-stagnation. Les livraisons ont en effet cumulé 421 millions de litres en octobre, soit une progression de près de 3% d’une année sur l’autre (12 millions de litres supplémentaires).

Des fabrications bien orientées

Malgré un approvisionnement en lait de chèvre limité après l’été, les fabrications de produits caprins sont restées bien orientées. A près de 84 000 tonnes en cumul à octobre, la production industrielle de fromages de chèvre a progressé de 1% d’une année sur l’autre, soit près de 650 tonnes supplémentaires, au même rythme que les années précédentes. La quasi-totalité des volumes supplémentaires a été exportée, alors même que les ventes en libre-service des GMS en France ont patiné cette année selon le panel IRI-CNIEL. Les fabrications de laits conditionnés et de yaourts ont été en revanche beaucoup plus dynamiques, avec des progressions respectives de 5% et de 13% d’une année sur l’autre. Les produits ultra-frais à base de lait de chèvre, relativement récents dans le paysage des produits laitiers de grande consommation, connaissent un succès toujours grandissant auprès des consommateurs français et européens.

Un déstockage massif en fin d’année

Afin d’assurer la fourniture du marché dans ce contexte d’approvisionnement réduit, les transformateurs ont dû mobiliser une part importante de leurs stocks de produits de reports. Alors qu’ils avaient atteint des niveaux relativement élevés avant l’été, à près de 11 500 tonnes au pic de juillet (soit une hausse de 60% par rapport à 2017), ils ont connu une réduction très marquée en fin d’été, qui s’est accentuée à l’automne. Ramenés à près de 6 500 tonnes fin octobre, ils sont ainsi tombés 14% sous le bas niveau de 2017.

Lait de chèvre et viande » Viande caprine »

Marché du chevreau: équilibré en fin d’année

Malgré une légère hausse des abattages annuels de chevreaux, les disponibilités ont été de nouveau limitées en fin d’année. Le marché est ainsi resté relativement équilibré et a permis un démarrage 2019 avec peu, voire pas de stocks de viande congelée.

Une cotation haussière pour les fêtes de fin d’année

La cotation du chevreau engraissé a progressé pendant les fêtes de fin d’année, bien que de façon contrastée entre les entreprises. Légèrement en-dessous du niveau de 2017 après Pâques, elle a amorcé sa hausse saisonnière fin septembre pour atteindre 3 €/kg vif en octobre, début novembre. Elle a ensuite atteint un pic à 4,27 €/kg vif peu avant Noël, soit 4 centimes de plus qu’en 2017. En outre, elle s’est maintenue à ce niveau pendant trois semaines (semaines 50, 51 et 52), contre deux habituellement.

Des disponibilités peu abondantes en fin d’année

A 505 000 têtes abattues en cumul sur 11 mois, les abattages de chevreaux ont progressé de 1% par rapport à 2017. Cette augmentation, cohérente avec l’évolution du cheptel caprin, a cependant été neutralisée par la baisse du poids moyen des chevreaux, notamment pendant les fêtes de Pâques. A 2 900 téc en cumul à novembre, la production de viande de chevreau a ainsi reculé de près de 20 téc, (-1% /2017). A l’inverse, si le poids moyen des animaux semble avoir retrouvé un niveau plus « normal » en fin d’année, la période des fêtes aurait été de nouveau marquée par des disponibilités limitées. Le décalage tendanciel des naissances automnales connu ces dernières années s’est en effet poursuivi, avec pour conséquence l’accroissement des abattages de chevreaux en octobre (+11% /2017). Le phénomène de rétention des chevreaux en novembre (-7% /2017) a permis de conserver une partie des effectifs pour la période des fêtes, mais, selon les opérateurs interrogés, les sorties de décembre auraient à peine  égalé celles de 2017, année déjà marquée par la faiblesse des effectifs abattus (-12% /2016).

Un marché équilibré fin 2018 mais un probable décalage entre sorties et consommation en 2019 ?

Fin 2018, le marché a absorbé assez facilement les volumes produits, principalement sur le marché domestique mais également à l’export, où la concurrence grecque aurait été moins vive. Ainsi, l’absence de stocks de viande congelée devrait permettre un bon maintien des prix début 2019. Néanmoins, la date tardive de Pâques en 2019 (21 avril) pourrait entrainer un décalage marqué entre les sorties de chevreaux et la demande pascale.