Baisse des cheptels et de la production

La baisse des cheptels de vaches en Europe conduit à un recul significatif des réformes et à une très forte hausse des prix des vaches. A l’heure où les cours devraient entamer leur baisse saisonnière automnale, celle-ci pourrait bien ne pas avoir lieu.

L’UE a perdu près d’un million de vaches en deux ans

D’après l’enquête cheptel de juin, publiée par Eurostat, les pays producteurs ayant remonté des chiffres auraient perdu ensemble 961 000 vaches entre juin 2023 et juin 2025, laitières et allaitantes confondues.

L’enquête cheptel de juin n’est pas obligatoire pour tous les Etats membres. Elle est réalisée par les principaux pays producteurs, détenant ensemble 86% du cheptel européen de vaches.

Les huit premiers pays détenteurs figurent sur le graphique ci-dessus. En deux ans, la baisse du nombre de vaches a atteint 271 000 têtes en France, 199 000 têtes en Allemagne, 179 000 têtes en Pologne ou encore 152 000 têtes en Irlande et 91 000 têtes en Espagne. Seule l’Italie aurait accru son cheptel, qui est à 75% laitier.

Chute brutale des abattages en Irlande

En Irlande, les abattages de vaches sont tombés à un niveau historiquement bas. Les abatteurs n’avaient pas vu venir cette chute, les abattages ayant été très dynamiques en début d’année, ce qui leur avait permis d’ailleurs d’accroître leurs exportations sur le marché communautaire. La donne a changé à partir du mois de mai. Leurs outils sont actuellement en grande surcapacité et bon nombre d’abattoirs ne travaillent que trois ou quatre jours par semaine, ce qui pose des problèmes de rentabilité mais aussi de fidélisation de la main d’œuvre. Ils sont par ailleurs inquiets de ne pas voir arriver les premières réformes automnales, comme le transcrit cet article d’Agriland.

D’après les données hebdomadaires du ministère de l’Agriculture irlandais, les abattages de vaches sur les semaines 37 à 40 ont reculé de 33% par rapport à 2024 et de 26% par rapport à 2023. Les autres catégories de bovins affichent également de très forts reculs : -27% pour les bœufs, -24% pour les génisses et -9% pour les jeunes bovins.

Bord Bia a communiqué mi-octobre à la presse ses prévisions de production pour 2026. Le nombre de bovins à abattre serait de nouveau en baisse de 45 000 têtes en 2026, après un recul de 150 000 têtes en 2025.

Recul des réformes en Allemagne

En Allemagne, les réformes sont plus nombreuses que durant l’été, mais demeurent à un niveau bien inférieur à ceux des années précédentes.

Les abattages de vaches sur les semaines 37 à 40 ont enregistré une baisse de 6% /2024 d’après l’indicateur hebdomadaire publié par AMI.

Les prix des vaches de réforme à des niveaux jamais vus

Les cours des vaches de réformes ont atteint des niveaux qu’aucun observateur n’aurait pu imaginer en début d’année. La vache O irlandaise a même flirté avec le 7 €/kg de carcasse cet été. A l’heure où démarre traditionnellement la baisse automnale des cours, les cotations restent élevées et la baisse saisonnière pourrait être gommée par la faiblesse de l’offre.

En semaine 40, les cotations étaient les suivantes :
• 6,63 €/kg de carcasse pour la vache O irlandaise (+51% /2024),
• 6,57 €/kg de carcasse pour la vache O allemande (+48% /2024),
• 6,34 €/kg de carcasse pour la vache O belge (+47% /2024),
• 6,11 €/kg de carcasse pour la vache O polonaise (+41% /2024).
• La cotation française, à 6,60 €/kg (+42% /2024), avait enfin rattrapé son retard par rapport à ses voisines.

Les prix des pièces d’import en forte hausse

Les prix élevés des vaches de réforme en Europe se répercute sur les prix à l’import en France, notamment sur les pièces les plus recherchées par les restaurateurs. Le prix de la bavette d’aloyau, muscle emblématique parmi les pièces d’import en France, a crevé les plafonds sur le marché de Rungis.

D’après le réseau national des marchés, le prix de la bavette de vache origine UE semi-parée a culminé à 15,05 €/kg à Rungis le 12 septembre (+24% /2024 et +48% /2023). Il s’est légèrement replié depuis mais demeurait à un niveau historiquement élevé le 3 octobre, à 14,65 €/kg (+32% /2024 et +46% /2023).

Ces fortes hausses de prix limitent finalement l’attrait de la viande européenne sur le marché français. Les importations françaises de viande bovine sur les huit premiers mois de l’année affichent une baisse de 3%. Pour plus d’information, voir notre article sur le commerce extérieur et la consommation en France.