Les cours restent bas, malgré des réformes ralenties dans tous les États membres, à l’exception de l’Irlande qui a enregistré un sursaut en juin.
IRLANDE : sursaut de réformes en juin
En Irlande, alors que les abattages de femelles s’étaient enfin calmés après une seconde partie d’année 2018 et un premier trimestre très fournis, ils ont rebondi en juin (+13% pour les vaches sur 4 semaines et +14% pour les génisses). Ce sursaut a fait replonger les cours. La cotation de la vache O irlandaise a perdu 16 centimes sur le mois pour retomber à 2,90 €/kg de carcasse (-12% /2018 et -9% /2017) fin juin. Celle de la génisse R a perdu aussi 16 centimes à 3,48 €/kg de carcasse (-7% /2018 et -6% / 2017).
Au 1ertrimestre, les exportations irlandaises de viande bovine ont été dopées par la forte hausse de production, due à l’accélération des abattages avant l’entrée en vigueur du Brexit dont la date devait être initialement le 29 mars. L’Irlande a ainsi exporté 108 000 téc de viande bovine réfrigérée sur les 3 premiers mois de l’année (+16% /2018), dont 50 000 téc vers le Royaume-Uni (-1%), 11 000 téc vers les Pays Bas (+23%), 9 000 téc vers la France (+8%) et 8 000 téc vers l’Italie (+10%). Elle a également exporté 28 000 téc de viande congelée (+29% /2018), dont 11 000 téc vers le Royaume-Uni (-14%), 2 000 téc vers la France (+19%) et 10 000 téc vers les Pays tiers (x3).
D’après les données de la base nationale d’identification, l’Irlande ne comptait plus que 970 000 vaches allaitantes au 1ermai 2019, soit 41 000 têtes de moins qu’un an plus tôt (-4,0%). A l’inverse, le cheptel laitier avait encore gagné 25 000 vaches pour totaliser 1,536 million de têtes (+1,6%). Les mâles de 1 à 2 ans étaient moins nombreux, qu’ils soient de type laitier (-16% ou -23 000 têtes) ou viande (-4% ou -24 000 têtes), en raison d’exportations en vif très dynamiques depuis le début de l’année (+40 000 veaux exportés /2018 au 1ersemestre et +6 000 broutards).
Dans les prochains mois, le marché irlandais pourrait être perturbé par la mise en œuvre d’une aide visant à compenser les effets du Brexit sur l’élevage allaitant, jugé particulièrement sensible par le gouvernement irlandais. Bruxelles souhaite conditionner sa participation à l’enveloppe de 100 millions d’euros (50% sur fonds irlandais, 50% sur fonds européens) notamment à la réduction du cheptel allaitant. L’Irlande a jusqu’au 31 juillet 2019 pour notifier la proposition de mesure qu’elle compte prendre ainsi que ses modalités. Mais le milieu agricole irlandais semble plutôt hostile à cette condition qui mettrait à mal l’économie et l’emploi dans les régions les moins favorisées, notamment à l’ouest du pays (article en anglais sur Irish Farmers Journal).
ALLEMAGNE : Les prix poursuivent leur remontée mais restent bas
En Allemagne, les prix restent orientés à la hausse tout en restant très en deçà des années précédentes.La vache O cotait 3,02 €/kg fin juin (-5% /2018 et -4% /2017). Les réformes, déjà très en retrait depuis le début de l’année, ont décroché en juin : sur les 4 semaines du mois, l’indicateur d’abattages hebdomadaires enregistrait pour les vaches une chute de 20% /2018 et de 16% /2017. Ce ralentissement des réformes est la conséquence de la forte réduction du cheptel laitier depuis la sécheresse de l’été 2018. L’enquête cheptel de mai 2019 enregistrait une réduction de 100 000 vaches laitières d’un an sur l’autre (soit -2,4%).
Après plusieurs années de hausse, puis une stabilisation en 2018, la consommation allemande semble se replier. Au 1er trimestre, la consommation calculée par bilan aurait chuté de près de 6%. Cette évolution négative du bilan s’explique principalement par la forte baisse des volumes importés (-15% à 95 000 téc), et dans une moindre mesure par la hausse des volumes exportés (+2% à 90 000 téc).
PAYS-BAS : réformes ralenties
Aux Pays-Bas, après 2 ans d’abattages massifs imposés par la mise aux normes environnementales des élevages bovins concernant les émissions de phosphates, les abattages de gros bovins sont fortement ralentis. Sur les 4 semaines de juin, ils ont chuté de 28% /2018 et de 26% /2017.
POLOGNE : marché convalescent
En Pologne, les prix des vaches restent déprimés. L’image de la viande polonaise a été mise à mal fin janvier par le scandale de la viande commercialisée issue de vaches malades, puis courant juin par les révélations sur des opérations frauduleuses visant des steaks hachés distribués à des associations humanitaires. La cotation de la vache O polonaise a encore perdu 4 centimes en juin pour tomber à 2,60 €/kg (-10% /2018 et -6% /2017).
Les abattages de vaches restaient en retrait en avril (-7% /2018), après avoir été très ralentis en février (-25%) et en mars (-16%) en raison de la forte baisse de la demande européenne suite au scandale de fin janvier.
Sur le 1er trimestre 2019, la Pologne a réduit de 20%, à 65 000 téc, ses expéditions de viande bovine réfrigérée, tous les pays européens à l’exception des Pays-Bas ayant réduit leurs achats. Les expéditions de viande bovine congelée ont en revanche progressé de 13% à 30 000 téc, essentiellement vers les pays tiers (+33% à 6 000 téc).