Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Les marchés des produits laitiers semblent à l’équilibre. La production laitière très dynamique dans les principaux bassins exportateurs, et depuis peu dans l’UE-27, abonde sans heurt les marchés mondiaux des produits laitiers où la demande des principaux importateurs, en premier lieu la Chine, est forte sous l’effet de la reprise économique mondiale.

Cours des ingrédients laitiers stabilisés

Le marché du beurre parait moins ferme. Les cours ont diversement évolué selon grands bassins laitiers. Le prix du beurre est stabilisé à un bon niveau dans l’UE-27 (4 080 €/t en juin), après avoir progressé de +20% en six mois et de +34% en un an. En revanche, il s’est légèrement émoussé aux Etats-Unis (-100 €/t en deux mois à 3 250 €/t en juin), et s’est nettement déprécié en Nouvelle-Zélande de -900 €/t en trois mois à 3 900 €/t en juin.

Le marché des protéines est en revanche plus robuste. Les cours de la poudre maigre sont stabilisés dans les principaux bassins exportateurs, après s’être fortement appréciés depuis le 2nd semestre 2020. Le prix moyen de la poudre maigre plafonne dans l’UE-27 à moins de 2 600 €/t . Il s’est aussi stabilisé en Nouvelle-Zélande où il demeure plus élevé (2 885 €/t ; +25% /2020). En revanche, aux États-Unis il a cédé 65 €/t en un mois, à 2 550 €/t en juin  sous l’effet de fortes disponibilités qui étoffent les stocks.

Le marché des fromages est aligné sur celui de la matière grasse dans les principaux bassins laitiers. Le cours des fromages ingrédients n’a pratiquement pas varié de mai à juin dans l’UE-27, de même qu’au départ d’Océanie. En revanche, le cours du cheddar a fléchi aux États-Unis, de -12% en un mois à 3 460 €/t en juin, où le dynamisme des fabrications (+4% /2020 sur 5 mois cumulés) excède la croissance de la demande intérieure, pourtant forte sous l’effet de la reprise économique du pays.

Fabrications européennes de fromages dynamiques

Les fabrications européennes ont diversement évolué durant le 2ème trimestre. Celles de laits liquides et de laits fermentés ont nettement baissé sous l’effet d’un tassement des achats des ménages. Au 2ème trimestre 2020, elles avaient exceptionnellement progressé pour répondre à la demande des achats des ménages qui étaient pour la plupart confinés à leur domicile, Les fabrications de crème sont demeurées dynamiques, tandis que celles de beurre sont globalement stables.

Relancées au 1er trimestre, les fabrications européennes de fromages ont progressé davantage au printemps (+4,5% /2020 sur avril et mai), stimulées par une demande européenne et internationale ferme. Ainsi l’essentiel du supplément de collecte européenne a été transformé en fromages au 2ème trimestre.

A l’inverse les fabrications de poudres grasses ont nettement reflué, de -12% /2020 sur les cinq premiers mois, faute de compétitivité sur le marché mondial face aux fabrications néo-zélandaises. Elles ont retrouvé leur niveau de 2019 sur la même période après le sursaut enregistré au 1er semestre 2020.

Des exportations européennes contrastées

L’UE-27 a surtout accru ses exportations de fromages (+7% /2020 sur 4 mois), qui ont fortement progressé vers la Chine (x2,2 à 14 000 t), vers le Japon (+9%) et le Canada (+18%). En revanche, elles ont fléchi vers le Royaume-Uni (-20% à 85 000 t) et les Etats-Unis (-5% à 36 000 t) devenus la troisième destination par ordre décroissant.

L’UE-27 a ainsi tiré parti de la forte demande internationale en fromages dont les échanges internationaux auraient progressé sur les 4 premiers mois de 2021 de +10% /2020, d’après nos estimations. La Nouvelle-Zélande (+17% /2020) et les Etats-Unis (+11% /2020) ont davantage tiré leur épingle du jeu grâce des fabrications encore plus dynamiques.

L’UE-27 a aussi fortement accru ses expéditions de poudre de lactosérum (+15% /2020 à 239 000 t), principalement à destination de la Chine (+40% à 98 000 t). Elle est talonnée par les Etats-Unis qui enregistrent un sursaut encore plus fort de ses expéditions (+27% à 190 000 t), en premier lieu vers la Chine où la reprise de la production porcine a relancé les fabrications d’aliments du bétail à base notamment d’ingrédients importés. Ainsi le bond des échanges internationaux de poudre de lactosérum, de +18% /2020 au 1er quadrimestre, a été presque totalement capté par la Chine qui accru ses achats de 100 000 t (+61%  /2020 à 268 000 t).

En revanche, l’UE-27 a tout juste maintenu ses exportations de poudres de lait, malgré la fermeté de demande internationale : faute de disponibilités en poudre maigre et de compétitivité en poudres grasses.

Des échanges internationaux de poudres de lait moins dynamiques

Les échanges internationaux de poudre maigre ont progressé plutôt modérément (+4% /2020 sur les 4 premiers mois). Les Etats-Unis ont fortement accru leurs expéditions (+17% à 301 000 t), devenant ainsi le premier fournisseur mondial, tandis que la Nouvelle-Zélande a délaissé ce marché (-21% /2020) faute de compétitivité face aux Etats-Unis.

La Nouvelle-Zélande a en revanche assuré l’essentiel des échanges internationaux supplémentaires de poudres grasses grâce au bond de ses expéditions (+42 000 t soit +8% /2020). Le dynamisme de sa production en fin de campagne 2020-21 lui a ainsi permis d’accroître sa suprématie sur ce marché, avec désormais ¾ des approvisionnements internationaux.

Enfin, les échanges internationaux de beurre ont plutôt marqué le pas au 1er quadrimestre (-3% /2020). D’un côté les deux principaux exportateurs, la Nouvelle-Zélande et l’UE-27, ont réduit leurs expéditions (respectivement de 4% à 153 000 t et -20% à 74 000 t). De l’autre les exportateurs secondaires (Biélorussie, Etats-Unis, Australie et Uruguay) ont fortement accru leurs expéditions, qui au total ne dépassent pas 20% des échanges internationaux. Les faibles disponibilités ont probablement tendu les cours jusqu’à la reprise de la collecte européenne qui pourrait relancer les fabrications et par voie de conséquence les exportations.

Au 2nd semestre, les disponibilités en ingrédients laitiers s’annoncent historiquement élevées. Les échanges internationaux demeureront intenses et les cours se maintiendront d’ici la reprise saisonnière de la production laitière en Nouvelle-Zélande. Ensuite, leur évolution dépendra notamment de celle des cours des grains, qui sont un driver majeur des marchés laitiers.