Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Bousculés par la crise sanitaire, et confrontés à des livraisons nationales très dynamiques, les transformateurs ont réduit leurs importations de produits de report en 2020. Ils ont ainsi contenu leurs approvisionnements qui ont faiblement progressé. Ils ont privilégié les fabrications de fromages de chèvre dont la structure a évolué selon la catégorie des produits.

Une année dynamique pour la collecte nationale

La collecte de lait de chèvre a connu un démarrage dynamique début 2020, avec une croissance comprise entre +5 et +7% au 1er trimestre (effet année bissextile neutralisé). La production avait en effet bénéficié des fourrages de bonne qualité récoltés en 2019, ainsi que d’une forte demande des transformateurs, qui avaient connu une légère tension sur le marché de lait de chèvre français en 2019. Cependant, l’imprévisibilité du marché avec à la mise en place du confinement à la mi-mars et le bousculement des habitudes de consommation ont poussé les transformateurs à appeler leurs livreurs à la modération. Ainsi, la collecte nationale a progressé un peu moins vite au 2ème trimestre, avec des taux de croissance mensuels oscillant entre +3 et +5%.

Cette croissance modérée s’est prolongée au deuxième semestre : la hausse de la collecte a été contenue par les sécheresses estivales, qui ont impacté la qualité du maïs fourrager et eu un effet négatif sur la pousse d’herbe. Ainsi, les taux de croissance ont oscillé entre +2% et +4% au deuxième semestre, exception faite du mois d’octobre, durant lequel la collecte nationale a été stable.

Au final, à près de 502 millions de litres en 2020, la collecte annuelle de lait de chèvre a progressé de +4% /2019, soit près de 19 millions de litres supplémentaires, selon FranceAgriMer.

Chute des importations

Les transformateurs français ont adapté leur approvisionnement, face à une collecte fortement relancée, à une demande imprévisible et à des exportations ralenties. Ainsi, les importations annuelles de produits de report se sont effondrées pour la deuxième année consécutive, passant de 74 à 58 millions de litres (soit -16 millions de litres ou -22% /2019).

En effet, après une année 2019 sous légère tension, les importations de produits de report caprins avaient bondi de +15% en février 2020, avec le début de la hausse saisonnière de la collecte en Espagne et aux Pays-Bas. Mais l’importante progression des livraisons françaises et les difficultés logistiques rencontrées par le maillon industriel pour assurer la collecte pendant le premier confinement (avec des nombreux arrêts maladie dans les sites de transformation), l’avaient poussé à freiner les importations dès le mois de mars.

Ainsi, dans un contexte de baisse des disponibilités du lait de chèvre en Espagne, et alors que la collecte française affichait des taux de croissance inédits, l’évolution des importations mensuelles a oscillé entre -51% et -4% /2019 entre avril et novembre. En revanche, elles ont rebondi de +37% /2019 en décembre, en lien avec une collecte française moins dynamique en fin d’année.

La bûchette sort renforcée

Boostées par une demande dynamique des ménages mais limitées par un approvisionnement atone, les fabrications fromagères ont été privilégiées au printemps. Après avoir bondi de +3% /2019 au 1er semestre, elles ont reculé de -2% /2019 au deuxième semestre, dans un contexte de la stabilisation du marché. En somme, les fabrications annuelles ont progressé de +0,5% /2019, à 99 000 t (soit +500 t).

A 49 000 t, les fabrications de bûchettes ont progressé de +3% /2019, soit +2 000 t. Très demandées, elles ont représenté 49% des fabrications des fromages industriels de chèvre en 2020, contre 47% en 2019. En effet, au vu du manque de visibilité sur les tendances du marché dans une année atypique, les transformateurs ont privilégié la fabrication de cette valeur sûre, à la fois ingrédient et produit final, pré-emballé et rassurant d’un point de vue sanitaire. Ils ont délaissé d’autres formats et types de fromages, d’autant plus que les GMS ont simplifié leurs assortiments pendant le confinement.

Ainsi, les fabrications des fromages à découper ont fortement chuté, à l’image des bûches affinées de 1 kg, qui se sont effondrées de -25% d’une année sur l’autre, avec 6 500 t produites (soit -2 100 t). Les fabrications de fromages frais, 20 500 t en 2020, ont également reflué de 400 t, soit -2% /2019.