Les prix des vaches de réforme en Europe se sont redressés partout en UE en décembre, sous l’effet d’une offre souvent limitée et d’une demande plus ferme pour la transformation et pour le haché.
Allemagne : hausse de la demande des abattoirs en réformes
En Allemagne, la pandémie a eu, comme ailleurs en Europe, des effets marqués sur les modes de consommation de viande bovine. Face aux restrictions imposées au secteur de la RHD, les achats au détail de viande, de saucisses et de volaille ont augmenté de manière très significative sur les 10 premiers mois de 2020 (+7% /2019 en volume). C’est notamment le cas pour la viande bovine (+19%).
Avec la multiplication des clusters en abattoirs les capacités d’abattage avaient été limitées en novembre, notamment dans le sud de l’Allemagne. En décembre, les abattages se sont redressés, via notamment une demande accrue du secteur de la vente au détail. D’après les experts d’AMI, la demande et les ventes de viande de femelles ont également augmenté durant les vacances de fin d’année.
Sur les 4 dernières semaines de 2020, les abattages de gros bovins, comme de réformes, ont ainsi légèrement progressé (+1% /2020), mais sont restés contraints par des disponibilités plutôt faibles.
La cotation de la vache O a ainsi repris 32 centimes sur les 7 dernières semaines de 2020 pour atteindre 2,58 €/kg de carcasse en semaine 53, niveau qui demeure cependant inférieur à ceux des années précédentes (-3% /2019 et -2% /2018). L’écart avec la cotation du porc est à nouveau marqué. En effet, la courte stabilisation des cours du porc de fin d’été a vite été balayée après l’apparition de la FPA outre-Rhin. La perte du débouché chinois continue de peser sur les cours du porc allemand.
En parallèle, le cheptel bovin allemand poursuit son érosion. D’après la dernière enquête, il a ainsi diminué pour la 6ème année consécutive. En novembre 2020, 11,3 millions de bovins ont été recensés en Allemagne (-3% /2019). Les effectifs ont reculé dans toutes les catégories et classes d’âges. La baisse est toutefois moins prononcée pour les vaches laitières comme allaitantes (-2% /2019) que pour les génisses lait et viande de 1 à 2 ans (-3%) et de plus de 2 ans (-6%).
Dans les prochaines semaines, l’intérêt saisonnier plus marqué pour la viande de réforme, moins chère, et la légère progression de la demande du secteur de la transformation, qui reprend sa pleine activité après les semaines de vacances, devraient soutenir une tendance de prix au moins légèrement à la hausse en janvier d’après les experts d’AMI, notamment car le nombre de vaches disponibles pour abattage devrait est plutôt faible. Mais les nouvelles mesures de restrictions récemment mises en œuvre dans le cadre de la pandémie de Covid-19 appellent à la plus grande prudence…
Irlande : les cours encore en progression
En décembre, le commerce de viande bovine en Irlande a été dynamique et la demande est restée soutenue. La préparation des fêtes de fin d’année par les abattoirs et les bonnes performances de la consommation domestique (moins de 10% de la demande) mais surtout de l’export ont relativement soutenu les cotations. Les hausses de prix en décembre ont concerné toutes les catégories. En semaine 51, la vache O cotait 2,93 €/kg de carcasse (+12% /2019 et +9% /2018). Le blocage du trafic entre le Royaume-Uni et le Continent entre le 21 et le 23 décembre, dû à la découverte du variant britannique du coronavirus, a toutefois fait craindre le pire aux opérateurs irlandais, mais le secteur de la viande a finalement été peu affecté, à l’inverse de celui des fruits de mer qui supporte moins bien la conservation.
Les abattages de gros bovins (+2% /2019 en cumul) comme de vaches (+5%) ont été en hausse sur l’année 2020 d’après l’indicateur hebdomadaire du Ministère de l’agriculture. Sur les quatre dernières semaines de l’année, la tendance est restée sur cette lancée pour les abattages de femelles. Le nombre de vaches abattues était ainsi en hausse par rapport l’année 2019, dont le 2nd semestre avait été affecté par le blocage des abattoirs par les éleveurs.
Le mois de janvier est habituellement un bon mois pour la transformation et la viande de réforme. En effet, après les fêtes de fin d’année, les ménages favorisent notamment la viande hachée au détriment des découpes, pour des questions de pouvoir d’achat. Mais la multiplication des restrictions et reconfinements prévus à travers toute l’Europe et notamment la poursuite des fermetures de restaurants pourraient déprimer la demande. Face aux menaces du Brexit, malgré l’accord trouvé en fin d’année, le secteur irlandais de l’abattage et de la transformation sera éligible à un nouveau plan d’aide aux entreprises de l’agroalimentaire de 100 millions d’euros annoncé par le Gouvernement le 28 décembre. Le plan sera mis en œuvre dès janvier.
En attendant, en octobre dernier et d’après Bord Bia, les exportations irlandaises de viande bovine réfrigérée et congelée avaient à nouveau été dynamiques à 52 300 téc, en hausse par rapport à un automne 2019 affecté par le blocage d’abattoirs (+2% /2019). Sur les 10 premiers mois de l’année, le retard lié notamment à la pandémie était partiellement comblé (-2% /2019 et +4% /2018).
Royaume-Uni : après les inquiétudes liées au Brexit et au Covid-19, les cours se redressent
Au Royaume-Uni, les cotations ont fléchi courant décembre après avoir atteint des niveaux record. Dans la seconde quinzaine de décembre, il y a eu d’importantes perturbations des exportations via la France, en lien avec la fermeture des frontières liée à la découverte d’un nouveau variant du coronavirus.
Avec les restrictions affectant le secteur de la restauration, les ventes au détail sont restées dynamiques. Sur les 12 dernières semaines se terminant le 29 novembre 2020, les achats de viande bovine par les ménages avaient encore progressé, et même de façon encore plus marquée que lors de la précédente période (+12% /2019 en valeur et +8% en volume). En volume sur la période, les différentes catégories de produits ont connu des fortunes diverses : de la hausse marquée pour le « ready to cook » (viandes précuites, +50% /2019) à la stabilité pour la viande à ragoût, en passant par +25% pour la viande à griller et +8% pour la viande hachée.
Les perturbations de décembre ont depuis provoqué un reflux des cotations. En semaines 51, la vache O cotait 2,76 €/kg de carcasse (-2% /2019 et +9% /2018) soit -2 centimes de moins en un mois et -19 centimes en 2 mois. La baisse observée depuis la mi-novembre était alors amplifiée par le recul de la Livre liée notamment aux difficiles négociations post-Brexit.
En parallèle, le bœuf R britannique cotait 4,10 €/kg de carcasse (+3% /2019 et +3% /2018) soit une baisse de -13 centimes en un mois. La progression des cours du bœuf irlandais a ainsi sensiblement réduit l’écart entre les deux cotations, même si celui-ci reste important (+36 centimes en semaine 51 contre +62 centimes un mois plus tôt).
Depuis, la frontière avec la France a été rouverte le 23 décembre 2020 et un accord commercial sans droits de douane est entré en vigueur de façon provisoire en attendant la ratification le 1er janvier 2021 entre l’UE et le Royaume-Uni. Les cotations des réformes britanniques sont donc reparties à la hausse d’après AHDB. En monnaie nationale, elles se sont appréciées de +2 pence (+1,8 centime) en semaine 52 puis de 11 pence (+10 centimes) en semaine 53. Le reconfinement total, incluant la fermeture des écoles annoncé par Boris Johnson jusqu’à la mi-février, pourrait avoir des effets sur le marché britannique de la viande bovine.
Les abattages de gros bovins sont restés limités sur les quatre dernières semaines de 2020 (-7% /2019). Toutes les catégories sont concernées par la baisse à l’exception des génisses dont les abattages sont restés stables.
En octobre 2020, la balance commerciale britannique s’est à nouveau dégradée. Sur les 10 premiers mois de 2020, les importations (-4% /2019), mais surtout les exportations (-15%) britanniques de viande bovine ont reculé. Les importations en provenance d’Irlande, 1er fournisseur historique du Royaume-Uni, ont rattrapé le retard accumulé suite à la première vague. Les achats sur 10 mois ont été stables en volume par rapport à 2019. La forte chute des exportations est liée à la contraction depuis mars du marché européen de la restauration, principale destination sur le Continent pour la viande britannique. Les ventes extra-UE ont en revanche poursuivi leur développement initié dès 2017 en préparation du Brexit.
En parallèle de l’accord commercial post-Brexit signé avec l’UE, le Royaume-Uni multiplie les négociations et la signature de divers accords, répliquant souvent les accords existants entre l’UE-27 et ses différents partenaires. Fin décembre, le Royaume-Uni avait ainsi signé ou appliqué une soixantaine d’accords commerciaux.
A court mais surtout à moyen terme, ces accords pourraient entraîner une concurrence supplémentaire pour la viande bovine de l’UE et notamment d’Irlande sur le marché britannique. De plus, la concession par les Britanniques de nouveaux contingents à droit de douane réduit ou nul aux principaux exportateurs mondiaux, souvent plus compétitifs, pourrait peser.
Pologne : les cours se redressent mais restent en retrait
En Pologne, après la nouvelle chute des cours des vaches liée à la deuxième vague de Covid-19 et notamment aux restrictions sur la restauration en Europe, les prix se sont redressés fin 2020, comme ailleurs en Europe, mais restent en retrait d’une année sur l’autre. La cotation de la vache O a repris 12 centimes en un mois à 2,46 €/kg de carcasse, toujours inférieure à celles des années précédentes (-3% /2019 et -9% /2018).