Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Après avoir bénéficié de deux mois d’été relativement fluides, le marché de l’agneau français subit à nouveau les envois britanniques, qui provoquent début octobre une stagnation des cours sous leurs niveaux des années précédentes.

Abattages dynamiques en août

À 342 300 têtes en août, les abattages français d’agneaux ont été plus élevés que l’an dernier (+2% /2018). Le poids de carcasse moyen des agneaux a aussi progressé de +2 % (à 19,2 kg), tandis que celui des ovins adultes a régressé, à 25,9 kg en moyenne. Au total, la production mensuelle de viande ovine a augmenté de +3 % /2018, à 8 100 téc, répondant à une consommation française dynamique. D’après le panel Kantar, les achats des ménages français (en distribution, hors RHD et viande ovine présente dans les plats élaborés) ont été en hausse de 3 % /2018. Si on regarde la consommation par bilan, qui illustre le disponible total en viande ovine pour la consommation des français, la tendance est également haussière depuis le début de l’année 2019 : +1,2 % sur 8 mois, comparé à la même période en 2018.

En cumul de janvier à août 2019, la production française d’ovins (agneaux et réformes) reste stable d’une année sur l’autre. La production d’agneaux finis est en légère hausse (+1 %, soit  +18 700 têtes), tandis que les abattages d’ovins de réforme reculent (-2 % soit -8 000 têtes).

La baisse des importations de viande ovine se poursuit en août

Les importations françaises de viande ovine ont de nouveau baissé au mois d’août, à hauteur de -4%, à 8 300 téc, face à une production française en hausse. Les achats ont en revanche repris en provenance du Royaume-Uni (+ 7%) et d’Irlande (+17 %), mais restent ralentis en provenance de Nouvelle-Zélande (-29 %) et d’Espagne (-14 %). De janvier à août, les importations françaises de viande ovine sont en légère hausse (+0,7% /2018).

En septembre, les importations de viande ovine britannique auraient fortement augmenté, à l’approche du Brexit. L’encombrement du marché français par de la viande ovine britannique, potentiellement privilégiée par les distributeurs français pour son moindre prix, expliquerait le peu de demande (de nombreux invendus constatés sur les marchés aux bestiaux) en cette période de creux saisonnier, habituellement caractérisée par un manque d’offre…

Des échanges d’agneaux vifs en hausse au mois d’août

Les importations d’agneaux vifs ont bondi en août, face à une demande particulièrement dynamique (sorties estivales des français et festivités religieuses de l’Aïd el-Kebir), à 32 000 têtes, soit +35 % /2018, avec toujours une prédominance de l’origine Espagne. Sur 8 mois 2019, les importations d’agneaux vifs restent toutefois en nette baisse par rapport aux années précédentes (-22% /2018). Les importations d’ovins adultes étaient à l’inverse constatées en retrait.

Du côté des envois, l’ouverture du marché israélien depuis le début de l’année a permis d’exporter 1 700 agneaux, expédiés en février et juin derniers. Ce marché, très exigeant sur le plan sanitaire, demande notamment  l’analyse de PCR pour détecter la FCO (Fièvre catarrhale ovine). Malgré cela, les envois devraient se poursuivre voire s’accentuer en fin d’année. Grâce notamment à ce nouveau marché, les exportations totales cumulées d’agneaux vivants ont progressé de +7 % /2018 de janvier à août.

Le cours de l’agneau français a cessé de croître, subissant un marché encombré

Après une remontée des cours en août puis septembre, les cours semblent stagner début octobre à des niveaux toujours inférieurs à ceux des années précédentes. Cet été la demande française dynamique ainsi que la baisse des importations de viande ovine en août ont tiré à la hausse des cours. Puis en septembre, la baisse saisonnière des abattages a prolongé la tendance haussière de la cotation française. En revanche, à partir de fin septembre, la situation s’est compliquée avec de nombreux invendus sur les marchés aux bestiaux, signe d’une demande morose. En semaine 40, les marchés aux bestiaux soulignent une pression tarifaire des agneaux importés.

Compte-tenu du prix de l’agneau britannique, les distributeurs français pourraient en effet privilégier la viande ovine importée, délaissant quelque peu la production française et créant ainsi un alourdissement du marché. L’impact a été rapide sur les cours qui, dès la semaine 38 (du 16 au 22 septembre), ont stoppé leur redressement et ont depuis marqué le pas, perdant 5 centimes en deux semaines. Le cours de l’agneau français est de 6,18 €/kg en semaine 40 de 2019.