Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

Pour atténuer la flambée du prix des viandes rouges au Maroc, le gouvernement a autorisé courant octobre 2024 l’importation de viandes rouges provenant de pays de l’Union Européenne, des États-Unis et d’Australie. L’Espagne peut y voir une nouvelle carte à jouer si l’Australie, très compétitive, lui laisse une chance.

Espagne : le cours a cessé sa progression

Après avoir débuté sa traditionnelle hausse automnale, le cours de l’agneau espagnol s’est quasiment stabilisé depuis mi-septembre, s’établissant à 9,08 €/kg en semaine 45, soit 1,75 €/kg au-dessus de son niveau de 2023.

Après une baisse de 11% entre 2022 et 2023, la production de viande ovine espagnole a poursuivi sur cette tendance et diminuait toujours, de 10% sur 8 mois en 2024 /2023, à 67 000 téc. Le nombre d’agneaux abattus baissait de 6% et celui des réformes de 31%, avec une probable volonté de recapitaliser après trois années de sécheresse (état d’urgence levé en juin 2024).

Sur 9 mois en 2024, les envois d’agneaux vivants ont augmenté, de 7% /2023, triplant vers le Maroc. Parallèlement, les envois de réformes ont bondi de 76%, là aussi via une explosion des envois à destination du marché marocain (x7).

Sur la même période, les exportations de viande ovine espagnole reculaient de 3% /2023, à 34 000 téc, principalement du fait d’un arrêt des envois vers Oman et d’une forte baisse vers les Émirats Arabe Unis (-81%) et Israël (-53%). Ces reculs n’ont pas été contrebalancés par les hausses vers la France (+5%), la Grèce mais aussi et surtout la réouverture du marché algérien (fermé depuis 2017, 3 160 têtes sur 9 mois en 2024 soit presque 10% des envois totaux espagnols).

Le marché marocain va prochainement s’ouvrir aux importations de viandes ovines (et bovines). L’Espagne a une carte à jouer si les envois de viande ovine sont tout aussi bien valorisés que le vif.

Royaume-Uni : léger regain de la cotation

Globalement en baisse depuis le pic de Pâques, la cotation de l’agneau de nouvelle saison britannique est repartie à la hausse début novembre. En semaine 45, il se situait à 7,49 €/kg, soit +0,13 €/kg d’une semaine sur l’autre et +1,13 €/kg comparé à 2023. Malgré ce regain, la cotation reste proche du niveau des années précédentes, illustrant un marché sous pression.

La production britannique de viande ovine a totalisé 218 000 t sur 10 mois en 2024, en baisse de 7% /2023. Cela s’explique par un repli de 13% des abattages de réformes et de 7% des abattages d’agneaux. Comparée à la moyenne 2015-2019, elle recule de 11%.

Ce repli de la production est principalement dû à la contraction du cheptel reproducteur : l’enquête de juin 2024 (Defra) indique un déclin de 6% /2023 du cheptel de brebis reproductrices britanniques. Les prix élevés ont probablement incité les éleveurs à abattre davantage d’agnelles et d’ovins adultes au printemps.

Les importations de viande ovine ont bondi pour tenter de combler ce manque de production, de 47% /2023 sur 9 mois en 2024, avec +58% en provenance de Nouvelle-Zélande et +75% d’Australie mais -24% d’Irlande.

Face à la nette baisse de la production, et malgré des importations dynamiques, les exportations britanniques de viande ovine ont reculé de 7% /2023 sur la période, à 56 000 téc. La baisse la plus forte est enregistrée vers la république d’Irlande (- 83%/2023 soit -3 600 téc) : l’Irlande du Nord a en effet vendu davantage vers le reste du Royaume-Uni vu son bas niveau d’offre cette année. Les exportations du Royaume-Uni se tenaient ainsi 10% sous leur niveau d’avant Brexit et pandémie de Covid-19 (moyenne 2015-2019).

Les ventes d’agneau au détail ont augmenté au troisième trimestre au Royaume-Uni (+11% en volumes de début juillet à fin septembre 2024 /2023). Ceci a participé à réduire le disponible à l’export.

Irlande : le cours dépasse le prix britannique pour la première fois de l’année

En semaine 43 de 2024 (se terminant le 27 octobre), la cotation de l’agneau de nouvelle saison irlandais s’est de nouveau stabilisée à des niveaux plus élevés que les année précédentes. Elle atteignait alors 7,85 €/kg, soit +1,33 €/kg comparée à la même semaine en 2023.

Après avoir augmenté de 2% entre 2022 et 2023, la production irlandaise de viande ovine a perdu 6% /2023 sur 9 mois en 2024. Les effectifs d’agneaux abattus ont baissé de 6% /2023 et ceux des réformes de 9%. Comme au Royaume-Uni, la baisse du cheptel reproducteur irlandais (-2,5% entre fin 2022 et 2023) explique ce repli de la production.

Sur 9 mois en 2024, les exportations de viande ovine irlandaise ont baissé de 15% à 37 000 téc dont – 15% vers la France et -6% vers le Royaume-Uni. Associée à la baisse de la production nationale, la concurrence de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande sur le marché européen explique ce repli des envois.

Nouvelle-Zélande : les abattages poursuivent leur déclin

Après avoir augmenté de 6% sur les 5 premiers mois entre 2023 et 2024, la production ovine abattue en Nouvelle-Zélande a chuté de juin à septembre, ramenant le cumul sur 9 mois à -2% /2023, soit un total de 313 000 t. Sur cette période, le nombre d’agneaux abattus s’est apprécié de 3%, à 14 M de têtes, tandis que celui des réformes a reculé de 16%, à 2 M de têtes. Les éleveurs reconstituent leurs cheptels après de nouveaux épisodes de sécheresse.

Malgré ces abattages en baisse, les exportations de viande ovine se sont maintenues comparées à leur niveau de 2023 sur 9 mois, à 315 000 téc. La demande chinoise en agneau néozélandais reculant nettement (-25%) du fait de la compétitivité accrue de l’Australie sur ce marché, la Nouvelle-Zélande a réorienté ses envois, principalement vers le Royaume-Uni (+58%) et l’Amérique du Nord (+38% vers les USA, +42% vers le Canada et +62% vers le Mexique).