Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 365 Octobre 2024 Mise en ligne le 21/10/2024

Le manque d’offre en jeunes bovins sur le marché européen permet une bonne tenue des cours, malgré les difficultés de pouvoir d’achat rencontrées par les consommateurs.

ITALIE : offre toujours très limitée

En Italie, les sorties de jeunes bovins sont considérablement limitées depuis l’automne dernier. En effet les engraisseurs avaient réduit les mises en place au printemps 2022 en raison des incertitudes sur les effets de la sécheresse et de la guerre en Ukraine. Les envois de broutards français ont par ailleurs été ralentis l’an dernier par le manque de disponibilités exportables.

D’après l’Anagrafe nazionale zootecnica (BDNI italienne), les abattages de bovins de 1 à 2 ans ont été en fort recul en 2022 : -9% pour les mâles à 795 000 têtes et -4% pour les femelles à 588 000 têtes. La chute de sorties s’est poursuivie en janvier : -15% /2022 pour les mâles de 12 à 24 mois à 57 000 têtes et -12% pour les femelles à 46 000 têtes.

Le nombre de bovins dans les fermes italiennes au 31 décembre était en baisse de -2% sur un an à 5,925 millions de têtes d’après l’Anagrafe nazionale zootecnica. Le nombre de mâles de 1 à 2 ans enregistrait un recul plus prononcé (-4%), de même que celui des mâles de 6 mois à un an (-7% /2021). Sur 10 ans, la baisse des effectifs se chiffre à -17% et -19% respectivement pour ces 2 catégories de mâles.

Les prix des jeunes bovins ont encore gagné 2 centimes mi-février et sont stables depuis lors. Les cours ne subissent pas de baisse saisonnière, d’autant que les prix des quartiers arrières restent bien orientés, notamment en femelles.

A la bourse de Modène, les mâles limousin extra cotaient 3,72 €/kg vif début mars (+14% /2022). Le Charolais de 1ère qualité cotait 3,61 €/kg (+13%) et le Charolais Extra 3,50 €/kg vif (+13%). Les cotations des femelles étaient stables à 3,69 €/kg vif pour la Limousine (+13% /2022) et 3,45 €/kg vif pour la Charolaise (+12% /2022).

L’inflation a poursuivi son repli en février selon Istat (+9,2% /2022, contre +10,0% en janvier et +11,6% en décembre) du fait notamment du recul des prix de l’énergie. Mais l’inflation sur les produits alimentaires est repartie à la hausse pour atteindre +13,4% /2022 en février, contre +12,5% en janvier. L’inflation en viande bovine reste bien plus modérée (+8,3%). Elle est également moindre que pour les autres produits animaux (+14,5% pour la volaille, +8,9% pour le porc, +22,2% pour les œufs et +19,1% pour les fromages).

ESPAGNE : l’export prend le relais de la demande intérieure

En Espagne, les prix des JB restent bien orientés. Certes, la demande sur le marché national souffre de la baisse du pouvoir d’achat, mais la demande à l’export demeure bien présente, tant en Europe (Portugal, Italie, Grèce) que sur les marchés du sud de la Méditerranée. A l’approche du Ramadan qui devrait débuter le 22 mars, plusieurs bateaux étaient en préparation mi-mars à destination des pays du pourtour méditerranéen.

Le JB U espagnol cotait 5,46 €/kgéc en semaine 10 (+11% /2022). Le JB R cotait 5,40 €/kg (+12%) et le JB O 4,86 €/kg (+8%).

Après plusieurs mois de baisse consécutifs, l’inflation est repartie à la hausse en janvier (+5,8% d’une année sur l’autre), hausse qui s’est poursuivie en février (+6,0%). La suppression de la TVA sur les produits de première nécessité (pain, lait, fromages, œufs, fruits, légumes ou céréales) a bien provoqué un reflux des prix au détail pour ces catégories en janvier, mais sans compenser la hausse sur les autres catégories. Les prix des viandes bovine et de volaille étaient en hausse de 13% d’un an sur l’autre en février, contre +15% pour le porc, +20% pour les fromages, +28% pour les œufs et +33% pour le lait entier.

La production espagnole de jeunes bovins a poursuivi sa croissance en 2022, ce qui a permis aux exportateurs de profiter de la baisse de l’offre sur les autres marchés européens.

Les abattages de jeunes bovins mâles et femelles ont totalisé 599 000 téc en 2022 (+2% /2021), dont 203 000 téc de bovins jeunes de 8-12 mois (-5% /2021), 272 000 téc de taurillons (+5% /2021) et 121 000 téc de génisses (+4% /2021).

ALLEMAGNE : offre et demande réduites

En Allemagne, l’inflation freine la demande. Mais l’offre, également en retrait, permet d’équilibrer le marché. Les prix des jeunes bovins ont repris quelques centimes depuis mi-février, mais sont repassés sous leur niveau exceptionnel de 2022. Après les fêtes de fin d’année, la viande de jeunes bovins n’est plus à l’honneur en Allemagne. La filière lui préfère celle de vaches de réforme car la demande s’oriente vers plus de produits transformés et moins onéreux (voir l’article sur les femelles en Europe). Cela semble particulièrement vrai cette année, avec la baisse de pouvoir d’achat des ménages.

Entre les semaines 5 et 9, la cotation du JB U a regagné +9 centimes à 5,21 €/kg de carcasse, celle du JB R +7 centimes à 5,17 €/kg et celle du JB O également +7 centimes à 4,90 €/kg. Mais, elles sont toutes trois repassées sous leur niveau de 2022 (-2%), quand les prix avaient très fortement augmenté en raison d’un manque criant d’offre.

L’inflation s’est stabilisée en février à +8,7% d’après Destatis. Si la hausse des prix de l’énergie a poursuivi sa décélération, celle des prix de l’alimentation continue d’accélérer, à +22% sur un an, contre +20% en janvier. Les œufs et produits laitiers (+35%) ainsi que le pain et les produits céréaliers (+24%) ont connu une hausse particulièrement élevée. La catégorie viande et produits carnés était à +19%.

Les abattages de jeunes bovins sont restés très limités en février, en baisse sur les semaines 2 à 5, par rapport aux années précédentes (-4% /2022 et -22% /2021).

POLOGNE : hausse des prix

Dans le creux de la vague en février, les prix des JB polonais avaient regagné quelques centimes mi-mars.

La cotation du JB R se situait à 4,83 €/kg de carcasse en semaine 10 (+10% /2022 et +52% /2021) et celle du JB O à 4,68 €/kg (+10% /2022 et +54% /2021).

La production polonaise de jeunes bovins recule désormais depuis deux ans, par manque de petits veaux à engraisser, le cheptel laitier polonais se réduisant désormais comme ailleurs dans l’UE. Ce repli fait suite à un long développement de la production de JB en Pologne depuis son adhésion à l’UE en 2004, expansion ayant entraîné une baisse continue des exportations polonaises de veaux laitiers, puis une hausse des importations de veaux en provenance des pays voisins.

En 2022, la production abattue de jeunes bovins mâles et femelles n’a totalisé que 384 000 téc (-4% /2021 et -6% /2020), dont 298 000 téc de taurillons (-4% /2021 et -9% /2020) et 86 000 téc de génisses (= /2021 et +5% /2020). La part croissante de femelles dans la production de viande finie témoigne de la difficulté croissante des engraisseurs à trouver des veaux mâles, mais aussi de la mise en place d’une filière génisse pour servir le marché italien, friand de « scottone ».