Depuis le début de l’année, l’inflation reste soutenue en France, notamment sur l’alimentaire et participe à la hausse des ventes en valeur au détail comme en RHD. Avec des disponibilités françaises limitées en lien avec la décapitalisation du cheptel, les imports de viandes bovines ont progressé. La consommation calculée par bilan a tout de même progressé sur l’ensemble de 2022.
L’inflation alimentaire poursuit sa progression
Après une courte pause toute fin 2022, l’inflation a progressé de nouveau depuis le début de 2023 d’après l’INSEE. Ainsi, l’indice général français des prix à la consommation harmonisé (IPCH) a poursuivi sa progression en février 2023, à +7,2% sur un an (contre +7,0% sur un an en janvier). L’inflation sur les produits alimentaires a également poursuivi sa hausse (+14,5% /2022 contre +13,3% un mois auparavant).
Cependant, l’inflation générale en France reste inférieure à celle observée en moyenne dans la zone euro (+8,5% /2022 en février 2023). C’était aussi le cas de l’inflation sur les produits alimentaires en janvier dernier (+14,1% /2022 en France contre +16,3% dans la zone euro). Mais pour le 2ème mois consécutif, ce n’était plus le cas pour les viandes de bœuf et de veau (+13,2% en France contre +13,0% en UE).
Avec une inflation soutenue, les ventes au détail augmentent en valeur mais plus en volume
Depuis la fin 2022, l’inflation participe grandement à la hausse des ventes en valeur des produits de grande consommation et de frais libre-service (PGC-FLS) qui ont progressé de +9% /2022 sur les 9 premières semaines de l’année, d’après IRi/Circana, alors que les ventes en volume ont reculé de -5%.
L’inflation participe également à la progression des ventes en valeur du haché au détail. Sur les 8 premières semaines de 2023, elles ont progressé pour le haché surgelé (+31% /2022 et +26% /2021) comme pour le bœuf haché frais (+13% /2022 et +9% /2021).
Entre progression du chiffre d’affaires de la restauration et inflation
En cumul sur l’ensemble de 2022, première année sans restriction autour de la RHD depuis la pandémie, le chiffre d’affaires global de la restauration en France a nettement progressé, y compris par rapport à l’avant covid-19 (+16% /2019). La hausse du chiffre d’affaires est particulièrement marquée pour la restauration rapide (+28% /2019) et dans une moindre mesure pour la restauration commerciale traditionnelle (+18% /2019). A contrario, celui de la restauration collective, affectée par les nouveaux comportements comme le télétravail, restait en retrait (-12% /2019).
Mais la restauration n’échappe pas à l’inflation. D’après l’INSEE, sur l’ensemble de l’année 2022, la hausse des prix à la consommation a été plus marquée dans la restauration rapide (+7% /2022 et +12% /2019) que dans les restaurants et cafés (+4% /2022 et +7% /2019). Les prix sont également plus élevés dans les cantines, mais il s’agit là d’un rattrapage post-covid (+5% /2022, mais = /2019).
En janvier 2023, la hausse des prix à la consommation se poursuivait dans la restauration rapide, dans les restaurants et cafés et dans les cantines (+1% /décembre 2022).
L’année 2022 entre rebond des importations et progression de la consommation
Le retour de la consommation en RHD, principal point d’entrée des viandes d’import en France, et les faibles disponibilités en VBF ont participé à la hausse des importations françaises sur l’ensemble de l’année. Les volumes importés ont dépassé le niveau d’avant pandémie, à 380 000 téc (+21% /2021, +36% /2020 ; +14% /2019 et +16% /2018). Dans le même temps, les exportations françaises ont atteint 250 000 téc (-2% /2021, mais +8% /2020, +6% /2019 et = /2018).
D’après les Douanes françaises, côté export, les envois vers les trois clients historiques des opérateurs français ont fléchi : -8% /2021 vers l’Italie, -11% vers l’Allemagne et -13% vers la Grèce. Les ventes vers les Pays-Bas ont en revanche progressé (+67%). Côté import, toutes les origines sont en hausse à l’exception notable de la Belgique (-11% /2021). Les importations depuis le Royaume-Uni ont été multipliées par 2 à près de 50 000 téc et celles depuis les Pays-Bas ont progressé de +15% à 89 000 téc.
Attention toutefois, la progression des échanges avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas est liée notamment à deux facteurs :
- Depuis la mise en œuvre du Brexit, des opérateurs néerlandais font dédouaner des viandes britanniques en France avant réexportation vers les Pays-Bas.
- Une part des imports depuis les Pays-Bas est issue de l’approvisionnement d’une enseigne de fast-food : des viandes néerlandaises sont importées puis transformées en France avant d’être réexpédiées.
La consommation par bilan a progressé en 2022
En décembre 2022, pour le 6ème mois consécutif, la consommation de viande bovine (veau compris) calculée par bilan a progressé d’une année sur l’autre, à 126 300 téc (+3% /2021 ; +5% /2020). Sur l’ensemble de l’année 2022, elle a ainsi progressé de +1% pour atteindre 1 510 000 téc.
Avec la progression marquée des importations en lien avec des disponibilités françaises limitées, la part de viande bovine « origine France » a reculé dans la consommation nationale. Sur l’ensemble de l’année 2022, la part des imports a atteint 26% des disponibilités totales, contre seulement 22% en 2019, avant la-pandémie de covid-19.
Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée !