Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 366 Novembre 2024 Mise en ligne le 23/11/2024

Les abattoirs n’enregistrent pas d’afflux d’animaux malgré la sécheresse. En effet, les cheptels ont été déjà considérablement réduits depuis le printemps avec très peu de primipares ayant intégré les troupeaux. En outre, en ce début d’automne, les producteurs laitiers retiennent de nouveau leurs vaches pour profiter d’un prix du lait qui redevient stimulant. Les jeunes bovins sont eux aussi peu nombreux et très convoités.

La décapitalisation allaitante se poursuit

Au 1er septembre, le nombre de vaches allaitantes présentes en France était de nouveau en recul de -3,1% /2021. La baisse s’est accentuée depuis le début de l’année, elle n’était que de -2,7% au 1er janvier. C’est le résultat d’un recul notable des entrées de primipares dans les troupeaux (-3,4% /2021 sur les 8 premiers mois de l’année) alors que les sorties étaient quasiment stables (-0,2% /2021 sur les 8 premiers mois).

D’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev sur les 5 semaines 36 à 40, le nombre de femelles de type viande abattues était stable par rapport à 2021, avec -1% pour les vaches et +2% pour les génisses. Ceci témoigne de la poursuite de la décapitalisation. Le poids moyen en baisse de -0,6% pour les vaches et -0,7% pour les génisses suggèrent une moins bonne finition dans un contexte de sécheresse et de coût élevé des aliments achetés. Le manque de bovins à abattre a pu aussi conduire à des départs de ferme un peu anticipés par rapport à l’année dernière.

Moins de vaches laitières

Au 1er septembre, le nombre de vaches laitières présentes en France était en repli de -2,2% /2021, la baisse s’est donc considérablement accentuée depuis le 1er juin (-1,3%), les éleveurs ayant ajusté leur cheptel pour s’adapter au manque d’herbe induit par la canicule et la sécheresse. Cette réduction de cheptel n’a pas conduit à un afflux massif dans les abattoirs car elle résulte avant tout d’une très forte baisse des entrées de primipares dans les troupeaux (-11% /2021 sur les trois mois de juin à août), les sorties n’étant en hausse que de +2% /2021 sur ces mêmes trois mois.

Sur les 5 semaines 36 à 40, le nombre de vaches laitières abattues était en baisse de -5% /2021. Il semble qu’il y ait un frémissement de reprise du côté de la production laitière, avec un prix du lait suffisamment stimulant pour inciter les éleveurs à retenir de nouveau leurs vaches (voir l’article sur les prix du lait et la collecte).

Cotations des vaches en hausse

L’offre restreinte soutient les prix. La vache U standard cotait 5,68 €/kg de carcasse en semaine 40, soit 14 centimes de plus qu’en semaine 30. Elle se situait par ailleurs bien au-dessus (+16%) de la cotation 2021 qui incluait alors les SIQO (Label rouge principalement).

Depuis juillet, FranceAgriMer publie des cotations SIQO sur un pas de temps mensuel. Celle de la vache de type viande, tous poids toutes races, de conformation U= était à 5,86 €/kg de carcasse en septembre, contre 5,77 €/kg lors de la première publication en juillet. Toutes les cotations sont à retrouver sur le site Visionet de FranceAgriMer.

La cotation de la vache R, à 5,38 €/kg de carcasse en semaine 40 (+27% /2021), avait gagné 11 centimes depuis la semaine 30.

La vache O cotait 5,04 €/kg en semaine 40 (+42% /2021 et +2 centimes en 10 semaines) et la vache P 4,92 €/kg (+47% /2021 et +4 centimes en 10 semaines).

Des jeunes bovins très recherchés

Avec la baisse globale des disponibilités en femelles, les jeunes bovins sont activement recherchés par les abatteurs afin de faire tourner leurs outils, ce qui soutient les cours. Le marché européen est par ailleurs plutôt bien orienté (voir l’article sur les JB en Europe). Seule la viande polonaise, avec un prix en légère baisse, semble un peu plus agressive sur le marché italien.

La cotation du JB U a gagné 3 centimes en dix semaines pour remonter à 5,29 €/kg de carcasse en semaine 40 (+26% /2021). Celle du JB R a gagné 6 centimes sur la même période, à 5,21 €/kg (+29% /2021 et celle du JB O 2 centimes à 4,98 €/kg (+40% /2021).

Le nombre de jeunes bovins abattus sur les 5 semaines 36 à 40 était stable par rapport au bas niveau de 2021 d’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev, mais en recul de -5% /2020. Ceux de JB de type viande étaient quasiment stables (+1% /2021 et = /2020) et ceux de JB de type lait étaient en baisse (-3% / 2021 et -22% /2020, année perturbée par le 1er confinement).

Des charges en très forte hausse sur un an

Les évolutions des prix des animaux finis sont à mettre en regard de leurs prix de revient qui a considérablement augmenté du fait de la flambée des matières premières. L’Institut de l’Élevage calcule pour l’Interprofession bovine un prix de revient sur une base semestrielle pour chaque catégorie de bovin. Au premier semestre 2022, il était de 5,82 €/kg pour la vache de type viande (+72 centimes pour les animaux label rouge) et de 5,64 €/kg pour les jeunes bovins de type viande. Ces prix de revient seront sans doute encore plus élevés au second semestre étant donnée l’évolution des prix des intrants.

En août 2022, l’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles, base 100 en 2015) s’établissait à 136,8 points, en très léger recul par rapport à juin grâce à une accalmie momentanée de la hausse du prix des carburants, en très forte hausse par ailleurs depuis deux ans (+20% /2021 et +31% /2020). L’indice des prix des aliments achetés était en hausse de +28% /2021 et +43% /2020, celui des énergies et lubrifiants de +50% /2021 et +89% /2020 et celui des engrais et amendements de +85% /2021 et +141% /2020.

La sécheresse et les vagues de chaleur ont fortement affecté la productivité des prairies

D’après l’indicateur ISOP d’Agreste (https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/disaron/IraPra22115/detail/ ), la production cumulée des prairies permanentes depuis le début de l’année jusqu’au 20 septembre était inférieure de -33% à celle de la période de référence 1989-2018. La sécheresse extrême et les vagues de chaleur exceptionnelles enregistrées depuis mai ont en effet fortement réduit la pousse de l’herbe.

Par ailleurs, la production nationale de maïs fourrage serait inférieure  de 15% à la moyenne quinquennale (2017-2021) selon FranceAgriMer.