Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

L’inflation a de nouveau progressé en mai. L’inflation alimentaire est cependant moindre que chez nos voisins européens. En valeur, les ventes au détail restent soutenues notamment pour la viande hachée congelée. La RHD confirme son dynamisme retrouvé depuis plusieurs mois. La consommation par bilan avait progressé en mars en lien avec la progression des importations.

 

L’inflation reste soutenue pour l’alimentaire

En mai 2022, l’indice général des prix à la consommation harmonisé (IPCH) de l’INSEE était à nouveau en hausse (+5,8% sur un an après le +5,4% d’avril). L’inflation sur les produits alimentaires était forte (+4,6% /mai 2021) notamment pour les viandes de bœuf et de veau (+8,5% en mai contre +6,5% en avril). L’inflation alimentaire en France reste cependant toujours inférieure à la moyenne dans la zone euro: l’inflation d’un mois de mai à l’autre pour les aliments non transformés était de +9,1% et celle pour les aliments transformés de +7,0%.

D’après IRi, le rythme d’inflation dans les rayons « alimentaire et petit bazar » restait élevé en mai, à +3,8% /2021, contre +2,9% en avril. Le rayon « épicerie salée » a été particulièrement touché (+5,8% /2021). L’inflation des rayons produits frais non laitiers (dont les viandes réfrigérées) comme des surgelés (dont les viandes congelées) ont également été affectées (respectivement +4,3% et +4,4% /2021).

Dans un contexte inflationniste, les ventes au détail résistent en valeur

D’après IRi, les ventes des produits de grande consommation et frais libre-service (PGC-FLS) sont restées supérieures à l’avant-pandémie depuis le début de l’année alors que l’inflation alimentaire récente participe à la progression du chiffre d’affaires. Sur 22 semaines, elles restaient en léger retrait par rapport à l’année dernière (-0,8% /2021). La progression des ventes en valeur depuis début juin est à ramener à une année 2021 où les restaurants étaient à nouveau autorisés à recevoir des clients en intérieur. En semaine 22, les ventes de PGC-FLS ont ainsi enregistré leur plus forte croissance de 2022 en valeur et même une légère progression en volume (+0,5%).

Alors que la hausse des prix au détail s’est poursuivie, les ventes de viandes hachées en valeur restent bien supérieures aux niveaux d’avant pandémie. En cumul sur les 21 premières semaines de 2022, les ventes sont ainsi restées intenses tant pour le bœuf haché frais (-5% /2021 et -4% /2020, mais +13% /2019) que pour le haché surgelé (-3% /2021 et -9% /2020, mais +17% /2019).

Forte progression du chiffre d’affaires de la RHD en France

En France, en mars 2022, le chiffre d’affaires global de la RHD était supérieur à celui des années marquées par la pandémie de covid-19 et dépassait largement son niveau d’avant pandémie (+140% /2021 ; +112% /2020 et +10% /2019). Le secteur de la restauration rapide restait particulièrement porteur (+50% /2021 ; +128% /2020 et +18% /2019). La restauration traditionnelle avait repris des couleurs (x5,7 /2021 ; +151% /2020 et +4% /2019), alors que restauration collective, bien qu’en progression, restait affectée par les habitudes prises lors de la pandémie comme le télétravail (+16% /2021 ; +11% /2020, mais -9% /2019).

Au niveau européen, la reprise d’activité du secteur de la RHD a été beaucoup plus contrastée qu’en France. En mars 2022, le chiffre d’affaires global de la RHD au sein de l’UE à 27 restait encore inférieur à l’avant pandémie (+93% /2021 ; +76% /2020, mais -3% /2019). La reprise a été plus faible en Espagne (+52% /2021 ; +114%/2020, mais -10% /2019) comme en Allemagne (+95% /2021 ; +41%/2020, mais -16% /2019).

Nouvelle progression du commerce extérieur en mars

D’après les Douanes françaises le commerce extérieur français de viande bovine (importations et exportations) a poursuivi sa progression en mars 2022. Les exportations ont approché les 23 000 téc quand les importations ont dépassé les 32 800 téc, niveaux supérieurs à ceux des deux années précédentes alors en pleines restrictions liées à la pandémie (respectivement +22% /2021 et +64% /2020 ; +40% /2021 et +8% /2020).

En cumul sur le premier trimestre 2022, les exportations françaises ont dépassé le niveau d’avant pandémie (+16% /2021, +5% /2020 et +2% /2019) à 60 000 téc, et les importations ont continué de s’en approcher (+32% /2021, +1% /2020, mais -4% /2019) à 84 100 téc. A noter que le commerce extérieur français avec les Pays-Bas est en hausse sensible :

  • Les importations ont augmenté (+36% /2021 à 20 400 téc).
  • Les exportations ont littéralement explosé (x3,6 /2021 à 10 200 téc), tout en restant à la moitié des flux à l’import.

La hausse des flux de viande bovine depuis la France vers les Pays-Bas s’explique partiellement par le développement de certaines filières franco-néerlandaises (Beter Leven, filières JB lourds…). Mais elle est également à mettre en relation avec la nette hausse des importations françaises depuis le Royaume-Uni (x3,5 /2021 sur le 1er trimestre 2022 à 11 100 téc). Depuis le Brexit, certains opérateurs, principalement néerlandais, réalisent un dédouanement de leurs importations de viandes britanniques en France avant réexpédition sans qu’il soit possible pour l’heure de déterminer dans quelles proportions.

La consommation par bilan a progressé en mars

Après deux mois de recul marqué, faute d’offre notamment, la consommation calculée par bilan était en hausse en mars 2022, à 131 600 téc (+1% /2021 et +11% /2020). En cumul sur le premier trimestre, elle atteint 370 200 téc (-3% /2021 et -1% /2020).

Avec un rebond des importations, la proportion de viande importée dans les disponibilités totales atteignait 26% en mars 2022, niveau supérieur à l’avant pandémie. Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée !