Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Les principaux pays exportateurs peinent à satisfaire la demande mondiale toujours très forte. Les sorties d’agneaux au Royaume-Uni et en Irlande restent faibles, tandis qu’en Espagne, elles sont plus abondantes et permettent des exportations de viande ovine très dynamiques.

Royaume-Uni : un agneau très peu compétitif

Après une baisse en août, la cotation britannique s’est relevée en semaine 34, à 5,31 £/kg, soit + 0,70 £ /2020 et +1,39 £ /2019. Ce sursaut – en période de baisse saisonnière – s’ajoute aux niveaux déjà très élevés du cours britannique et limite d’autant les envois (-25% sur 6 mois /2020), notamment vers la France. De plus, la livre sterling est forte face à l’euro depuis maintenant plus d’un an, n’améliorant en rien la compétitivité des produits britanniques.

L’offre britannique, toujours réduite, tant au niveau des abattages que des importations, contraint aussi les exportations. Les abattages étaient toujours en recul en juillet (-17% /2020), totalisant -10% /2020 sur 7 mois. Les importations de viande ovine ont aussi régressé, de -16%, principalement en provenance de Nouvelle-Zélande (-12%) et d’Irlande (-56%).

La réouverture de la restauration devrait stimuler la consommation intérieure.

Irlande : des envois contraints face à une demande ferme

La cotation repart à la hausse en semaine 34 (se terminant le 29 août), enregistrée à 6,20 €/kg. Bien qu’il ait régressé depuis Pâques, l’écart avec les niveaux des années précédentes reste élevé : +0,95 €/kg /2020.

Les abattages augmentent progressivement, mais restent inférieurs aux (bons) niveaux de l’an passé : au 1er semestre, les effectifs d’agneaux abattus ont chuté de -6% /2020, avec 1,3 million de têtes et de – 11% en volume, avec 23 500 tonnes. L’allègement des carcasses a réduit les volumes produits, mais c’est surtout la chute des importations d’ovins vifs d’Irlande du Nord (-46% au 1er semestre /2020), depuis le début d’année (Brexit « commercial »), qui est responsable de ce bas niveau de la production irlandaise.

L’aspiration de la Chine pour la viande néo-zélandaise perdure et libère des parts de marché en Europe. Les exportations de viande ovine irlandaise sont toutefois en recul au 1er semestre comparées aux très bons niveaux des deux années précédentes (-17% /2020 et -15% /2019) ; la faible production freine les envois.

Espagne : des exportations de viande ovine dynamiques

Après un creux saisonnier très succinct, la cotation espagnole s’est stabilisée à un haut niveau : 6,39 €/kg en semaine 34 (+7% /2020 et +30% /2019).

L’offre est actuellement équilibrée face à une demande active à l’export, notamment en France (vifs comme viande). Toutefois, les agneaux roumains font actuellement concurrence aux espagnols, poussant ces derniers à ajuster leurs prix pour rester compétitifs.

Au 1er semestre, les exportations de viande ovine ont progressé de +32% comparé à 2020 et 2019. Les envois d’agneaux espagnols au 1er semestre 2021 sont en revanche bien moindres qu’en 2020 (- 20%), année durant laquelle leur dynamisme avait été un véritable bol d’air pour la filière. Ils sont légèrement inférieurs à ceux de 2019 (- 3%).

Nouvelle-Zélande : des exportations en légère hausse en 2021

Le cheptel reproducteur néozélandais s’est encore contracté, la sécheresse ayant provoqué des abattages précoces de brebis. Malgré cela, les sorties d’agneaux devraient croître : l’hiver (juin à août) a été suffisamment chaud et les agnelages sont bons.

Sur 7 mois, la production de viande ovine a baissé de -3% /2020, du fait de la réduction du nombre d’agneaux abattus (-6%), partiellement compensée par la hausse des réformes (+2%).

Probablement grâce à du déstockage, les exportations cumulées sur 7 mois ont par ailleurs augmenté de +1% /2020, principalement vers la Chine (+20% /2020). Elles ont également bondi vers les USA (+47%) et le Canada (+25%), traduisant une reprise du secteur de la restauration nord-américaine. Elles ont en revanche reculé vers l’Europe, notamment vers le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne.

Australie : La recapitalisation se poursuit et les exports se redressent

Au 1er semestre 2021, le nombre d’ovins réformés a encore diminué de -26% /2020, année durant laquelle la recapitalisation avait déjà débuté. Les abattages d’agneaux étaient quant à eux en hausse : +3%, avec 10M de têtes. Les volumes de viande ovine produits ont chuté de -2% /2020, totalisant 313 000 tonnes.

Les exportations ont été dynamiques en juin et juillet : elles ont supplanté leurs niveaux de 2020 (début de recapitalisation) mais aussi ceux de 2019. Sur 7 mois, les envois totaux de viande ovine étaient stables d’une année sur l’autre, mais ont baissé de -13% /2019.

La recapitalisation suit donc son cours et MLA prévoit une hausse du cheptel de +6% /2020 : les conditions météo favorables au 1er semestre et les perspectives positives pour le marché de la viande ovine devraient encourager les éleveurs à garder leurs animaux. Certains envisagent même d’accroître leur cheptel initial, selon une enquête de MLA, ce qui participerait à maintenir des prix élevés en Australie, créant un cycle vertueux.