Malgré la recomposition du cheptel caprin, la collecte de lait de chèvre s’est repliée en début d’année. Le démarrage des lactations semble en effet timide, pénalisé par des fourrages de mauvaise qualité et le renchérissement de l’alimentation animale. Mais l’ampleur de cette baisse est davantage le résultat d’un probable décalage des naissances.
Timide démarrage de la collecte
Après avoir bien progressé début 2018, la collecte de lait de chèvre a retrouvé son niveau de 2017, enregistrant au passage des baisses comprises entre 2 et 3% entre janvier et février. La timidité de ce démarrage peut être imputée en partie à la baisse des rendements, impactés par des stocks fourragers récoltés en 2018 de médiocre qualité. Mais son ampleur, alors même que le cheptel a progressé de 2% fin 2018, est probablement davantage liée à un décalage des naissances. La collecte devrait ainsi évoluer modestement au 1er semestre, puis, sauf évènement climatique majeur, se redresser nettement au pic de collecte et au second semestre, voire dès le printemps.
La chute des importations se poursuit, faute de disponibilités
Avec seulement 6,8 millions de litres en janvier, les importations de produits de report caprins ont drastiquement chuté, de 47% par rapport au très élevé niveau de 2018 et ont ainsi retrouvé un niveau similaire à celui de 2015. Les disponibilités semblent en effet se tendre chez nos voisins européens. D’un côté, la collecte espagnole s’est repliée de près de 3% au dernier trimestre de 2018, tendance qui s’est certainement poursuivie, voire accentuée début 2019 dans la mesure où le cheptel ibérique s’est orienté à la baisse. De l’autre, aux Pays-Bas, 8 des 11 provinces ont annoncé le blocage des créations d’élevages caprins et des agrandissements des structures situées à moins de 2 kms des habitations. S’il n’y a pas de statistiques mensuelles de collecte aux Pays-Bas, on peut s’attendre à une limitation des disponibilités à plus ou moins court terme.
Approvisionnement des transformateurs en berne
Impacté à la fois par le repli de la collecte et par le manque de disponibilité chez nos voisins européens, l’approvisionnement total des industriels français s’est trouvé amputé de près de 6,7 millions de litres en janvier (-18% /2017), à un peu moins de 32 millions de litres. Malgré cette baisse, les transformateurs ont réussi à faire progresser leurs fabrications de fromages de chèvre qui, après avoir chuté de 3% en décembre, ont rebondi de 6% en janvier. Ils ont pour cela puisé dans leurs stocks de produits de report qui se sont retrouvés à 3 090 tonnes fin janvier, 47% sous le niveau de l’année précédente. Les fabrications de yaourts ont également bondi de près de 8%, à près de 1 100 tonnes, mais les transformateurs ont moins mobilisé de ressource pour le lait de consommation, dont les fabrications ont chuté de près de 22% en janvier, à 1,16 million de litres embouteillés. La hausse saisonnière de la collecte française devrait permettre de donner un peu d’air aux industriels, mais la fourniture du marché devrait de nouveau se tendre en fin d’année, faute de reconstitution des stocks.