Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Malgré une collecte baissière en France et le repli des importations, les fabrications de fromages de chèvre se sont bien tenues, au détriment de la reconstitution des stocks de produits de report. Les disponibilités se tendent légèrement alors que la demande des ménages tire le marché.

Une collecte à la baisse

Collecte_chèvre_juin2021

A 106 millions de litres fin mars, la collecte cumulée au 1er trimestre de lait de chèvre a baissé de -2% par rapport à 2020 (-1% après neutralisation de l’effet année bissextile), soit près de -2 millions de litres. La mauvaise qualité des fourrages distribués en début d’année a freiné les performances zootechniques des chèvres. Par ailleurs, ce repli est accentué en cette période de hausse saisonnière de la collecte par l’allongement des lactations, et en conséquence la diminution de mises bas.

La baisse de collecte dans l’Hexagone a été plus importante dans le Centre-Val de Loire, où 9,8 millions de litres ont été collectés depuis le début de l’année, soit 7% de moins qu’au 1er trimestre 2020. La Nouvelle-Aquitaine, principal bassin de production de lait de chèvre avec 45% des volumes, enregistre une évolution semblable, avec un peu moins de 47 millions de litres livrés à l’industrie, soit -4% /2020. Dans les bassins de production plus récents, comme les Pays-de-la-Loire ou l’Occitanie, la collecte a été stable (avec 20 et 14 millions de litres collectés respectivement).

Les importations toujours en baisse

Imports_chèvre_juin2021

Simultanément à la baisse de la collecte française, les importations de produits de report se sont encore repliées (-19% /2020 ;-3 millions de litres), à près de 12 millions de litres au 1er trimestre, une tendance amorcée il y a un an.

En effet, le bond de la collecte française et les difficultés logistiques rencontrées par les transformateurs pour absorber cette ressource avaient déjà limité les importations en 2020 (ce qui s’est traduit par un net repli de la collecte espagnole de lait de chèvre et des prix à la production). Face à une collecte nationale en hausse et à une demande dynamique des ménages, les transformateurs se sont trouvés dans l’impossibilité de reconstituer les stocks de produits de report pendant les huit premiers mois de l’année, une conjoncture qui a joué à la faveur de la revalorisation du lait de chèvre français. Ainsi, les disponibilités nationales et la demande en fromages au lait de chèvre dans le marché domestique ont guidé l’approvisionnement industriel.

Dans ce contexte, la renationalisation de la fourniture du marché, un phénomène amorcé en 2018, s’est poursuivie. Le repli des importations de produits de report caprins pourrait se prolonger dans les mois à venir, dans ce nouvel équilibre du marché.

Les fabrications de fromages stables et ciblées tant bien que mal, pour un marché domestique dynamique

Fabrications_chèvre_juin2021

Malgré cet approvisionnement en berne (-4% /2020, à 118 millions de litres), les transformateurs ont maintenu leurs fabrications de fromages de chèvre à près de 24 000 tonnes au premier trimestre 2021. Après un net tassement des fabrications fromagères en janvier (-6% /2020, à 8 230 t), celles-ci ont repris une bonne dynamique en février (+2% /2020 après neutralisation de l’effet de l’année bissextile, soit 7 360 t), puis ont bondi en mars (+6% /2020, à 8 840 t).

En effet, les transformateurs privilégient aujourd’hui l’approvisionnement du marché intérieur dynamique aux exportations et à la reconstitution des stocks. Les achats des ménages ont bondi de près de +4% en volume  au 1er trimestre selon le panel IRI-CNIEL, malgré un prix moyen en hausse de 2% /2020. Les confinements de 2020 ont redynamisé les ventes de fromages de chèvre dans les rayons libre-service des GMS : de +7% en volume cumulé annuel mobile jusqu’en mars 2021.

En revanche, les exportations de fromages de chèvre ont souffert de la baisse des disponibilités. Elles sont demeurées ralenties depuis le printemps  2020, en recul de -7% au 1er trimestre 2021, à 5 540 t.