Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

Malgré une collecte baissière en France et l’effondrement des importations, les fabrications de fromages de chèvre se sont bien maintenues, au détriment de la reconstitution des stocks de produits de report. Alors même que les disponibilités se tendent, la dynamique de la consommation domestique tire le marché.

 

Une collecte toujours baissière

A 153 millions de litres fin avril, la collecte cumulée de lait de chèvre a baissé de 2% par rapport à 2018, soit près de 3 millions de litres. Malgré un cheptel haussier selon l’enquête cheptel du SSP de fin 2018, la mauvaise qualité des fourrages distribués en début d’année a freiné les performances zootechniques des chèvres. Par ailleurs, ce repli est accentué en  cette période de hausse saisonnière de la collecte par un effet « décalage des naissances » début 2019, qui a entrainé un retard de démarrage des lactations. La baisse de collecte dans l’Hexagone semble en effet ralentir, à seulement -1% en avril contre près de -3% en janvier et -2% en février et mars. On devrait ainsi vraisemblablement assister à une récupération des volumes à partir du pic de collecte de mai.

Les importations s’effondrent

Simultanément à la baisse de collecte française, les importations de produits de report se sont effondrées (-55% /2018 ;-24 millions de litres), à près de 20 millions de litres au 1er quadrimestre. Cette chute s’explique par la baisse des disponibilités en Espagne, où la collecte a été amputée de 4% au 1er trimestre (-5 millions de litres), et surtout par l’explosion consécutive du prix du lait espagnol, devenu moins attractif. Au final, la réduction des importations est responsable de près de 89% de la baisse des approvisionnements des transformateurs français, qui ont atteint 173 millions de litres en cumul sur 4 mois, soit un niveau similaire à celui des années 2013 et 2014 marquées par une pénurie de fromages de chèvre. Afin de fournir le marché en produits caprins, les transformateurs se sont ainsi trouvés dans l’impossibilité de reconstituer les stocks de produits de report nécessaires au maintien des fabrications en fin d’année : à 4 484 t fin avril, ils ont chuté de près de 51% /2018.

Les fabrications se maintiennent tant bien que mal, pour un marché domestique dynamique

Malgré cet approvisionnement en berne, les transformateurs ont maintenu leurs fabrications de fromages de chèvre à près de 32 000 tonnes cumulées sur le premier quadrimestre. Les transformateurs ont ainsi privilégié un marché intérieur étonnamment dynamique : malgré un prix moyen en hausse de 2%, les achats des ménages ont bondi de près de 2% en volume depuis le début de l’année selon le panel IRI-CNIEL, soit une progression supérieure à la tendance de +1% observée sur les 3 années précédentes. En revanche, les exportations de fromages de chèvre ont souffert de la baisse des disponibilités avec un repli de 10% sur 4 mois, à 8 250 t. Les fabrications de yaourts ont même bondi de 10%, à 4 260 tonnes. Seul le conditionnement de lait de consommation est à la peine, avec un repli de 2% /2018 à un peu plus de 5,4 millions de litres sur quatre mois.