Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

Signe d’un marché en manque d’offre, les cotations des vaches des différents États membres convergent.

Les prix des vaches O convergent en Europe

En plein cœur de l’automne et de la saison des réformes laitières, les cours des vaches O dans les principaux États membres européens sont orientés à la hausse, en lieu et place de la baisse saisonnière habituelle à cette période de l’année.

La cotation irlandaise est même passée au-dessus de la cotation française en semaine 45. Comme fin 2021, le marché européen manque d’offre ce qui a tendance à faire converger les prix.

Irlande : les abatteurs craignent une pénurie à l’approche de Noël

En Irlande, les abatteurs redoutent de manquer d’offre à l’approche des fêtes de fin d’année. Ceci fait monter les prix des Prime Cattle (bœufs et génisses) et se répercute sur les prix des vaches bien que celles-ci ne soient d’habitude pas mises à l’honneur à cette saison.

La cotation de la génisse R en Irlande a atteint 5,23 €/kg carcasse début novembre (+13% /2023), un niveau inégalé pour un mois de novembre.

Les prix des autres bovins sont également en forte hausse sur un an :

  • +14% pour le bœuf R, à 5,21 €/kg,
  • +14% pour le jeune bovin U, à 5,24 €/kg,
  • +21% pour la vache O, à 4,54 €/kg,

Le cheptel est en forte baisse en Irlande, ce qui peut expliquer les inquiétudes des abatteurs. D’après les données d’effectifs de bovins publiées par le gouvernement irlandais, le nombre de vaches laitières était en baisse de 2,2% sur un an au 1er octobre, à 1,54 million de têtes et le nombre de vaches allaitantes était en net repli de 6,3% à 782 000 têtes. Par ailleurs, la base de données ne dénombrait que 906 000 mâles âgés de 12 à 24 mois, soit -6,2% /2023 ou -8% /2022.

La décapitalisation s’est accélérée depuis le début de l’année en Irlande. La baisse du cheptel n’était que de 1,5% au 1er janvier pour les vaches laitières et de 5,0% pour les vaches allaitantes. Les abattages de vaches ont en effet été particulièrement dynamiques sur les neuf premiers mois de l’année en raison de mauvaises conditions météo et ceci réduit naturellement le nombre de vaches à réformer cet automne. Le pic traditionnel de novembre-décembre pourrait être écrêté compte-tenu du faible niveau actuel du cheptel.

Sur les 41 premières semaines de l’année, les abattages de vaches ont dépassé de 11% leur niveau de 2023. Puis sur les semaines 42 à 45, ils ont reculé 2% par rapport à 2023.

Les mâles sont également moins disponibles et voient donc leurs abattages diminuer sur les 4 dernières semaines :

  • -7% pour les bœufs,
  • -18% pour les jeunes bovins.

Seuls les abattages de génisses enregistrent une hausse (+10%), mais ceci préfigure une poursuite de la décapitalisation.

Allemagne : offre à peine suffisante pour la demande

En Allemagne, les planètes sont alignées pour un bon maintien des cours des vaches :

  • Le marché de la viande bovine a retrouvé du dynamisme après une année 2023 morose sur le plan de la demande.
  • Les prix des jeunes bovins sont en forte hausse (lire notre article sur les JB en Europe).
  • Les abattages de vaches sont particulièrement restreints depuis octobre.

Il semblerait en effet que la bonne conjoncture laitière incite les éleveurs à garder leurs vaches. Les réformes sont considérablement ralenties depuis début octobre.

Sur les quatre dernières semaines connues (42 à 45), les abattages de vaches enregistrent un recul de 11% sur un an, alors qu’ils étaient stables en cumul sur les 41 premières semaines de l’année.

L’offre est ainsi à peine suffisante pour répondre à la demande et les cours des vaches se maintiennent à de hauts niveaux.

La vache O allemande cotait 4,38 €/kg de carcasse en semaine 46, soit +26% /2023.

Pologne : prix stables à un haut niveau

En Pologne, les prix des vaches sont soutenus par la forte demande européenne pour la viande de transformation.

La cotation de la vache O est relativement stable, autour de 4,36 €/kg depuis début octobre. En semaine 45, elle se situait 12% au-dessus de son niveau de 2023.

Les exportations polonaises de viande bovine ont été dynamiques sur les 7 premiers mois de l’année, totalisant 313 000 téc, soit +6% /2023.

  • La demande turque soutient les ventes de viande de jeune bovin. Les flux vers la Turquie sont montés à 34 000 téc, le double du volume expédié en 2023.
  • Les expéditions vers la France ont aussi fortement augmenté (+24% à 24 000 téc), ce qui soutient le marché des vaches de réforme.

Les flux de viande bovine polonaise expédiés vers le marché français concernent pour les trois quarts de la viande congelée désossée : 18 000 téc (+33% /2023). Il s’agit majoritairement de steaks hachés surgelés destinés à la restauration rapide halal pour la constitution de burgers, et secondairement de découpes de bœuf pour la restauration traditionnelle.