Depuis septembre, la collecte laitière française est en fort recul, impactée notamment par des incidents climatiques majeurs. La baisse du prix du lait, amorcée cet automne, pourrait se prolonger début 2024.
Décrochage inattendu de la collecte automnale
La collecte laitière française a poursuivi son décrochage en octobre (-4,6% /2022) après une chute en septembre (-4,8% /2022). Sur 10 mois, la baisse de collecte française a atteint -2,7% /2022. Mais l’amélioration des taux a permis d’atténuer sensiblement ce repli à -1,4% /2022 en MSU. Et la baisse de la collecte aurait été encore très forte en novembre d’après les sondages hebdomadaires de FranceAgriMer (-4,3 % /2022).
La production automnale de lait a été affectée par divers événements. Tout d’abord, les épisodes caniculaires de septembre ont impacté la productivité des vaches. Puis les tempêtes (Bretagne, Normandie, Nord de la France) et les fortes pluies à l’intérieur des terres en octobre et novembre ont contraint les éleveurs à rentrer leurs animaux plus tôt en bâtiment en raison de pâturages non portants. La surpopulation inhabituelle en bâtiments aurait engendré des problèmes de mammites et de cellules. Enfin, l’année 2023 se caractérise par des fourrages en quantité bien que l’herbe récoltée au printemps soit jugée de qualité moyenne. Le maïs ensilé, de très bonne qualité, a contribué à améliorer les taux du lait produit mais les teneurs élevées en amidon ont eu un impact négatif sur la quantité de lait. Il faut en effet laisser du temps à la fermentation pour rendre l’amidon plus digestible, nécessitant quelques semaines. Ces événements cumulés ont ainsi lourdement pesé sur la collecte automnale.
Cependant, ces dernières semaines, les prémices d’une amélioration de collecte commencent enfin à se faire sentir. La toute fin d’année s’annonce donc meilleure. Ainsi sur l’année 2023, on peut évaluer le recul de collecte aux alentours de -2,6% /2022.
Au 1er novembre 2023, le recul du cheptel laitier continue de s’atténuer (-1,9% /2022). Tout au long de l’année, les éleveurs ont réformé moins de vaches que l’an passé, en particulier en août et septembre. En octobre, toutefois, on observe une stabilité des sorties. Les fortes pluies automnales, qui ont contraint à rentrer les animaux plus tôt en bâtiment, ont probablement incité des éleveurs à anticiper les réformes.
Recul du prix du lait en France au 4ème trimestre
En octobre 2023, le prix du lait standard (toutes qualités) en France a atteint 455 €/1 000 l, en repli de -8 € en un mois. Il est passé en dessous du prix de l’année dernière (-13 € /2022). Nos prévisions pour le dernier trimestre affichent une baisse estimée entre -15 et -20 €/1 000 l. A noter que le prix payé aux livreurs (toutes compositions) affiche un progression de +6 €/1 000 l d’un mois sur l’autre (490 € en octobre) grâce à l’amélioration des taux.
Les premières annonces de prix du lait pour le début d’année 2024 révèlent des disparités importantes entre laiteries. Certaines le rapprochent du seuil, devenu psychologique, de 400 €/1 000 l, tandis que d’autres envoient des signaux forts à leurs éleveurs avec un prix maintenu au niveau de 2023.
Les charges en élevage, d’après l’IPAMPA lait de vache, ont un peu baissé en 2023, mais se stabilisent depuis quelques mois à un niveau élevé. Le recul des charges alimentaires se poursuit, mais les prix des engrais sont en légère progression en octobre. Le poste énergie amorce une légère baisse. À noter que sur un an, l’IPAMPA reste toutefois en recul (-4,3% /octobre 2022).
La marge MILC, estimée à 153 €/1 000 l en octobre, a augmenté de +3 € d’un mois sur l’autre sous l’effet de la hausse du prix du lait payé aux taux réels. Et les charges se sont stabilisées. En octobre, la MILC a reculé de -1 €/1 000 l sur un an. Le produit lait a baissé, de -13 €, ainsi que les autres produits (-5 €), mais les charges se sont aussi réduites (-17 €).
Évolution contrastée des fabrications de produits laitiers
Les fabrications françaises de produits laitiers cumulées sur dix mois ont globalement baissé d’une année sur l‘autre. A l’exception des poudres de lait conditionnées toujours dynamiques (+2% /2022), les fabrications de poudres (surtout maigre) sont ralenties. Les productions de fromages et de beurre ont légèrement diminué (-1% /2022). En revanche, les fabrications de laits conditionnés et de yaourts demeurent stables. Les fabrications de crèmes bénéficient d’une forte impulsion grâce à une demande intérieure soutenue et des exportations dynamiques.