En août, les collectes se sont redressées (d’une année sur l’autre) en France et en Allemagne après avoir reculé en juillet. Ce rebond semble de courte durée, puisque les livraisons allemandes et françaises auraient de nouveau décroché en septembre. Cet été, le prix du lait a temporairement progressé plus vite que les charges, permettant un léger redressement de la MILC, qui baissait depuis plusieurs mois. Ce redressement devrait être de courte durée, en raison de la flambée du prix des engrais et de l’énergie observée depuis septembre.
France : légère hausse en août
En août, la collecte française s’est établie à 1,927 Mt (+1,1% /2020 soit +21 000 tonnes). Les bonnes disponibilités fourragères et le caractère incitatif de la hausse des prix portent la productivité laitière par vache, et compensent la baisse du cheptel laitier (-1,8% /2020)
Toutefois, selon les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer, les livraisons auraient fortement décroché en septembre, en particulier dans l’Est. La collecte de septembre se situerait à son niveau le plus bas depuis 2016.
De même que dans l’UE-27
En août, la collecte européenne a crû de +0,7% /2020, après avoir légèrement reculé en juillet. Cette faible progression cache une forte hétérogénéité dans les dynamiques des principaux producteurs européens. Les livraisons ont augmenté en France, en Irlande (+5,4% /2020, soit +48 000 t) et en Italie, mais les collectes allemande et néerlandaise ont reculé (respectivement de -1,1% /2020 et -1,5% /2020).
La collecte néerlandaise a fortement décroché cet été, connaissant même une chute de -3,1% /2020 en juillet. En août, elle est tombée 7% en dessous de son niveau de 2016. Cette baisse de la production est principalement liée à deux facteurs. Premièrement, la forte dépendance des exploitations néerlandaises aux aliments achetés (dont les prix flambent) pèse sur la productivité laitière. Ensuite, les réglementations sur les émissions d’azote et de phosphate limitent le potentiel productif.
La collecte européenne devrait céder du terrain en septembre, au regard du recul significatif des livraisons hebdomadaires en Allemagne et en France , d’après les enquêtes d’AMI et de FranceAgriMer. Le décrochage des collectes des trois principaux pays producteurs européens (Allemagne, France et Pays-Bas) se traduit par de très faibles disponibilités en lait et une envolée du prix du lait vrac vendu sur le marché spot. Selon la revue l’Eleveur laitier, il s’élevait début octobre à près de 490 €/1 000 l mais ne concernait que très peu de transactions.
Hausse des prix équivalente en France et en Europe
En France, d’après FranceAgriMer, le prix standard tous laits confondus s’est établi à 375 €/1 000 l en août, soit +0,8% en un mois. Il affiche une hausse de +6,7% /2020. Il s’agit du plus haut niveau pour un mois d’août depuis 2014. Cet été, l’évolution du prix a été conforme à la saisonnalité habituelle, et suit la pente de l’an dernier, mais à un niveau sensiblement supérieur. La progression est légèrement plus prononcée sur le seul lait conventionnel, dont le prix standard a atteint 356 € en août (+1,3% sur un mois, +7,1% /2020). En septembre, la progression du prix devrait s’être légèrement s’accentuée.
Étant moins connecté (et donc moins réactif) au marché des commodités laitières que ses voisins du Nord de l’Europe, le prix du lait en France avait crû moins vite que la moyenne européenne au printemps. Il opère depuis 3 mois un rattrapage de cette hausse et creuse de nouveau l’écart avec le prix allemand de même composition (+23 € contre +9 € en mai).
Bonne orientation des principaux indicateurs utilisés dans les formules de prix français
Cette année, l’habituelle baisse du prix à l’automne pourrait être plus mesurée, car la bonne conjoncture pourrait neutraliser en partie l’effet saisonnalité, au regard de la bonne orientation des indicateurs les plus utilisés dans les formules de prix appliquées par les laiteries.
- La bonne orientation des cours du beurre et de la poudre maigre observée début octobre pourrait persister dans les prochains mois malgré le tassement de la demande chinoise. Le fort ralentissement de la croissance dans les grands bassins exportateurs limite les disponibilités de lait (voir article collecte Monde), et pourrait soutenir les prix.
- Le prix du lait allemand -souvent utilisé dans les formules de prix comme indicateur de valorisation des produits de grande consommation exportés- connaît depuis mai une progression peu prononcée, mais continue.
- De même la hausse des coûts de production pourrait se répercuter sur le prix du lait dans les accords avec prise en compte du prix de revient du lait de vache.
Accalmie très temporaire de la hausse des charges en août
En août, l’indice IPAMPA a connu une nouvelle hausse d’un mois sur l’autre à 112,7 pts (+0,26 pt /juillet 2021, et +8,8% /août 2020), soit son nouveau plus haut niveau historique. Il s’agit du 16ème mois consécutif de hausse.
Ce renchérissement des intrants est surtout lié à la flambée du prix des engrais (+3,1 pts / juillet 2021), qui est continue depuis le début de l’année (+25%/ janvier 2021 et +29,8% /août 2020). Ce bondissement du coût des engrais s’est encore accentué à partir de septembre sous l’impulsion de la hausse du prix du gaz naturel, utilisé pour la fabrication des engrais azotés. Au 1er octobre, d’après Agritel, le prix de la solution azotée était 3 fois supérieur au prix du début d’année 2021.
Si la hausse des charges a légèrement marqué le pas en août, c’est parce que le coût de l’énergie et des lubrifiants a diminué très temporairement (-0,6 pt /juillet 2021, +17,3% /août 2020). Cette détente des prix de l’énergie sur août n’a été que de courte durée, puisque le gaz, l’électricité et les carburants connaissent une envolée depuis septembre. Début octobre, le GNR (gazole non routier) dépassait même la barre de 1€/l.
Le coût des aliments achetés s’est quant à lui stabilisé (+0,1 pt/ juillet, +13,5% sur un an). Le tourteau de soja est en moyenne 16% plus cher qu’en août 2020, et les prix des céréales culminent à un niveau supérieur de +22% /août 2020.
En résumé, la hausse de l’indice IPAMPA lait de vache devrait repartir de plus belle sous l’impulsion de la hausse des prix des engrais et de l’énergie et peser plus fortement encore sur les comptes des élevages français. Les exploitations laitières françaises présentent pourtant une plus grande autonomie alimentaire. Mais elles affichent des charges de culture plus élevées par litre de lait et subissent donc de plein fouet la hausse du coût des engrais et sont très vulnérables face à celle des énergies, en particulier du GNR. En revanche, les exploitations laitières françaises sont moins sensibles à la hausse des coûts des aliments.
Redressement de la MILC cet été
Sur le mois d’août 2021, la MILC s’établit à 98,35 €/1 000 l. En deux mois, elle s’est nettement redressée (+13,5 € entre juin et août 2021) grâce à la hausse des prix du lait et des vaches de réformes, combinée à l’accalmie -relative et très temporaire- de la hausse des charges.
Une partie de cette progression est certes liée à la hausse saisonnière des prix du lait qui s’avère plus prononcée cette année qu’en 2020. Ainsi, en août, d’une année sur l’autre, la MILC a progressé pour la première fois depuis mars 2020, se situant +3,4 € /1 000 l au-dessus de son niveau d’août 2020. La seule hausse du prix du lait (+25 € /août 2020 en prix réel pour le lait conventionnel) n’a pas à elle seule compenser l’envolée des charges (+27 € /2020 l). Mais la hausse concomitante du prix des vaches de réforme (+5 € /1 000 l) a permis de passer dans le vert.
Sur 12 mois glissants, la MILC s’établit à 91,5 €/1 000 l, soit bien en deçà de son niveau l’an passé à pareille époque (-9 € /1 000 l). Elle se situe largement sous la moyenne 2007-2019 (99 €/1 000 l).
La MILC pourrait reculer de nouveau dans les prochains mois avec la flambée des prix de l’énergie et des engrais.