Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

La collecte laitière française accentue son repli en mai et cette tendance semble perdurer sur ce début d’été. Le prix du lait, en recul depuis le début d’année, tend à se stabiliser depuis juin. Parallèlement, les charges en élevage diminuent lentement depuis février.

Les fabrications de produits finis ont repris aux dépens des ingrédients secs. La demande, tant des ménages qu’à l’export, est dynamique en crème, yaourts et poudre de lait infantile.

Baisse marquée de la collecte atténuée par l’amélioration de la composition du lait

La collecte laitière française a enregistré une baisse très prononcée en mai, de -3,4% /2022, recul rarement observé dans le passé. En cumul depuis le début d’année, la collecte s’est rétractée de 226 000 t, soit -2,1% /2022. D’après les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer, le repli en juin serait de même ampleur (-3,3% /2022). Cette chute sévère de la collecte nationale est toutefois atténuée par l’amélioration des taux butyreux et protéique. Ainsi, sur les 5 premiers mois 2023, la collecte nationale calculée en MSU s’est repliée de -0,5% /2022.

La collecte laitière a connu des variations régionales notables. En cumul jusqu’à mai, la baisse a été importante en Bretagne (-3,1% /2022) et en Pays de la Loire (-4,3%). En revanche, la Normandie a enregistré une progression de +1% et les Hauts de France de +0,7%. L’effondrement se poursuit dans les régions du Sud-Ouest (-7 à -8%) quand la collecte résiste en Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté (-1,4%) ainsi que dans le Grand Est (-1,7%).

La collecte laitière a poursuivi son repli en raison de la diminution constante du cheptel de vaches. Au 1er juin 2023, l’effectif de vaches laitières a encore reculé de -2,4% /2022. Les sorties de vaches de réforme ont drastiquement diminué en mai (-9% /2022), mais parallèlement le nombre d’entrées de génisses s’est aussi réduit (-5%). Même si la baisse de collecte peut être attribuée en premier lieu au déclin du cheptel laitier, elle a été amplifiée par la mauvaise qualité des fourrages notamment en Bretagne et en Pays de la Loire. La gestion du pâturage a été difficile au printemps en raison des conditions météorologiques, avec un mois de mars très humide suivi de températures élevées puis de vents d’Est. La qualité de l’herbe pâturée n’a pas été bonne, cependant le printemps a été propice à la fauche. En Normandie, la pression fourragère a été moins forte. En outre, le recul du cheptel laitier est beaucoup plus faible qu’ailleurs (-1% /2022). Les laiteries normandes ont activé des dépassements de référence permettant des accroissements de production par point de collecte. Dans les Hauts-de-France, les sols conservent un bon potentiel de production avec moins de sécheresse que dans d’autres régions. De plus, la diminution du cheptel laitier est également moins marquée (-0,8% /2022).

Le prix du lait en France tend à se stabiliser

En mai 2023, le prix du lait standard (toutes qualité) en France est descendu de -6 € en un mois à 449 €/1 000 l. Il reste toutefois plus élevé qu’un an auparavant (+22 € /2022). Depuis le début d’année 2023, les prix du lait ont connu un recul généralisé partout en Europe. Actuellement, le prix français se situe au-dessus des prix des principaux bassins laitiers européens. Selon nos estimations, le prix français devrait avoir baissé de quelques euros en juin, puis se stabiliserait voire augmenterait légèrement en juillet.

Les charges en élevage poursuivent leur repli selon l’IPAMPA lait de vache. Cet indicateur, qui n’intègre pas l’ensemble des charges, a diminué en mai de -1,5% /avril 2023. Depuis février, l’indice est en baisse. Le prix des engrais a chuté de -21% depuis janvier tandis que le poste aliments achetés a récemment commencé à diminuer (-5% depuis janvier). Les dépenses énergétiques baissent également (-9% depuis janvier). Les postes énergies et aliments achetés devraient continuer à se déprécier dans les mois à venir, entrainant une poursuite de la baisse de l’indice IPAMPA lait de vache.

La marge MILC en France, estimée à 138 €/1 000 l en mai, a diminué de -9 € d’un mois sur l’autre sous l’effet de la baisse du prix du lait et malgré une réduction des charges. Le produit des ventes d’animaux a été stable. Sur un an, la MILC a augmenté de +19 €/1 000 l grâce à la hausse du produit lait (+20 € /2022), les autres produits et les charges étant stables.

Reprise contrastée des fabrications de produits laitiers en mai

En mai, les fabrications ont enregistré une reprise significative en laits conditionnés (+5,1% /2022) et en yaourts (+3,7%) alors qu’elles étaient réduites sur les premiers mois de l’année. En cumul jusqu’à mai, les fabrications de laits conditionnés affichent une quasi-stabilité à +0,5% /2022 (+10% pour les laits infantiles) et celles de yaourts ont légèrement baissé (-0,8%). Les fabrications de crème conditionnée sont restées très soutenues en mai (+4,7% /2022). Après un premier trimestre dynamique, les fabrications de beurre ont diminué en mai (-2,5% /2022). En cumul à mai, elles sont pratiquement stables (+0,5% /2022).

Les fabrications de fromages ont repris en mai (+2% /2022) après un début d’année en retrait. Les hausses de prix ont freiné la consommation de certains fromages. Sur les 5 premiers mois de l’année, les fabrications se stabilisent. Les fabrications de fromages frais ont rebondi en mai (+6,2% /2022) ainsi que celles des fromages à pâte molle (+5,3%). En revanche, les fabrications de fromages à pâte pressée non cuite sont en net recul depuis le début d’année (-7% /2022), avec des baisses très marquées pour les fromages type édam, gouda et mimolette ainsi que les tommes, Saint Nectaire, Morbier ou pyrénées. Les fabrications de fromages à pâte pressée cuite sont aussi en recul (-1,2% sur le début d’année), à l’exception du Beaufort.

Les fabrications de poudres de lait ont poursuivi leur repli en mai (-7,4% /2022) aggravant la tendance à la baisse observée depuis le début d’année (-3,6%). La production de poudre de lait écrémé subit un recul très fort (-4,5% depuis le début d’année) tandis que celle de poudres grasses se maintient au cours des 5 premiers mois de l’année avec toutefois une forte dégradation en mai (-8,2% /2022).

Bonne dynamique des achats des ménages en crème et yaourts

En un an, les prix de l’alimentation ont progressé de +13,7 % en juin 2023. Bien que l’inflation alimentaire ralentit depuis mai, elle demeure très élevée. Au cours de la période 6 de 2023, les prix des produits laitiers en magasin ont augmenté de +17% /2022 (fromages en libre-service) à +22% (laits et crème conditionnés). La dynamique d’achats reste très soutenue pour les crèmes et les yaourts sur cette période et globalement sur les douze derniers mois. Les achats en magasins ont été stables pour les fromages (frais et libre-service). Toutefois, la baisse persiste dans les achats de laits liquides et de dessert frais. Et les achats de beurre par les ménages français en magasins continuent de diminuer de manière significative.

Amélioration de l’excédent commercial tous produits laitiers

Sur 5 mois, de janvier à mai 2023, les exportations en volume ont progressé pour la crème (+22% /2022), les yaourts (+8%), les poudres de lait infantile (+9%) et la poudre de lait écrémé (+9%). Les volumes exportés ont à l’inverse reculé pour les autres produits laitiers. Il convient de souligner que les exportations de fromages sont en nette baisse (-6% /2022) sur ce début d’année.  A l’exception des poudres de lait, des laits infantiles et du lactosérum, les importations de produits laitiers sont en hausse.  Le solde commercial français des produits laitiers s’est amélioré en valeur de +5% sur les 5 premiers mois de l’année à +1,32 milliard €.