Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

En ce début 2019, l’ambiance dans la production laitière est relativement morose. La production fléchit en Australie et en Argentine, tandis qu’elle marque le pas aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande. La collecte de l’UE-28 revenant à peine à son niveau de 2018, le cumul des 5 principaux bassins exportateurs affiche une légère baisse début 2019, qui pourrait se prolonger dans les prochains mois.

Après un rebond en janvier (+0,9% /21018), la hausse de la production étatsunienne s’est de nouveau ralentie en février (+0,2% /2018) ; soit une hausse de 0,6% sur les 2 premiers mois de l’année. Cette quasi-stagnation survient alors que le prix du lait toutes classes a progressé sur les 2 premiers mois de l’année, à un niveau supérieur de 10% à celui de février 2018. En outre, le coût alimentaire calculé par l’USDA a reculé, entraînant en février une hausse de la marge sur coût alimentaire : de +3% d’un mois sur l’autre et de +19% d’une année sur l’autre.

Le faible rythme de croissance du début de l’année pourrait s’expliquer par la restructuration consécutive à la mauvaise année 2018, marquée par des prix très bas et une marge du coût alimentaire la plus faible depuis 2013. Près de 7% des exploitations laitières commerciales auraient cessé leur activité en 2018, si bien que les réformes de vaches laitières sont très élevées sur les 2 premiers mois de l’année 2019 (+11% /2018).

Alors que la production néozélandaise avait progressé àr un rythme élevé au cours de 8 premiers mois de la campagne (+5% /2017-2018, de juin à janvier), elle a marqué le pas en février (=/2018). Des conditions climatiques sèches et des températures élevées ont touché l’île du Nord et quelques zones de l’ile du Sud. Les éleveurs disposeraient de réserves fourragères et de marge de manœuvre économique compte tenu de la révision à la hausse en février par Fonterra de son prix, de 6,00-6,30 NZ$/kg MS à 6,30-6,60 $ (mettre une équivalence et €/litre si possible). Cependant certains éleveurs pourraient stopper plus tôt que prévu les lactations, dans l’objectif de conserver des fourrages pour l’hiver.

La production laitière australienne s’enfonce dans la crise avec un recul de près de 12% sur les 2 premiers mois de l’année, portant à -6,6% le repli de la production depuis le début de la campagne en juillet 2018. Les abattages de vaches laitières demeurent élevés et des éleveurs avancent les tarissements des vaches pour préserver des fourrages. Les faibles pluies pourraient se poursuivre au cours de l’automne aggravant ainsi le manque de ressources hydriques qui touche une grande partie du pays.

Depuis le mois de novembre 2018, la production argentine ne cesse de se contracter : -10% /2018 en février après -7% en janvier. L’été austral chaud et sec semble expliquer une grande partie de cette baisse. Mais les conditions économiques, avec une inflation galopante (+25% en 2019) et un coût de l’alimentation animale en hausse, pénalisent aussi bien les consommateurs que les éleveurs, malgré la hausse du prix du lait à la production.

Les 5 principaux bassins excédentaires accusent donc une baisse de production pour le 3ème mois consécutif (-0,4% /2018), la plus importante depuis février 2017. Les tendances à l’œuvre laissent penser qu’un rebond de la production n’est pas attendu avant plusieurs mois.