Les prix de la poudre de lait écrémé ont enregistré un rebond depuis un mois. La cotation ATLA s’est établie à 2 720 €/t en semaine 44. Elle est en hausse de +8% sur un mois et en baisse de -260 €/t ou -9% sur un an. Cette hausse, aussi visible au niveau international, est d’environ +10% en Europe, aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande.
En Europe et en Nouvelle-Zélande, les prix sont tirés vers le haut par de bons exports tandis qu’aux États-Unis, ils découlent de la baisse des fabrications. La poursuite de l’augmentation des prix dépendra de la demande, qui montre déjà des signaux de faiblesse.
Rebond des exports de l’UE malgré des fabrications ralenties
Les exportations de poudre maigre de l’UE-27 ressortent en hausse, de +19% /2022, à 627 000 t sur les trois premiers trimestres 2023. Elles ont notamment doublé vers l’Algérie et ont bénéficié d’une bonne demande de l’Égypte, l’Arabie Saoudite, la Malaisie et le Vietnam.
Dans le même temps, après avoir augmenté de +2% au 1er trimestre, les fabrications ont fortement baissé au 2nd et 3ème trimestre, de -7 et -9% /2022, de -57 000 t depuis le début de l’année. Au mois de septembre, le recul des fabrications était encore plus fort (-18% /2022).
La Nouvelle-Zélande n’est pas en reste
Face à une moindre demande chinoise sur les poudres grasses, la Nouvelle-Zélande s’est davantage tournée vers la poudre maigre. Avec des disponibilités accrues, les exportations ont bondi de +35% /2022 sur 9 mois, notamment à destination de la Chine (+72% à 106 000 t) et plus largement vers l’Asie du Sud-Est. Toutefois, au mois de septembre, les exports néozélandais de poudre maigre ont marqué le pas, en hausse de seulement +6% /2022. Les autres principaux produits laitiers exportés par la Nouvelle-Zélande ont affiché un repli : -28% en beurre, -20% en fromages, -15% en poudres grasses. Or septembre est usuellement le mois de lancement de la campagne d’export.
Le pic laitier commence dans l’île du Nord au mois de septembre, or la production a baissé en août et septembre, de respectivement -5% et -2,5% /2022 selon Fonterra. Les fabrications ont donc dû se replier également, limitant les capacités d’export. En revanche, la production de lait dans l’île du Sud est demeurée dynamique en août (+3,3% /2022) et en septembre (+3,9%). Le pic laitier de l’île du Sud est décalé et plutôt sur le mois d’octobre. Aussi, les exports ont été en partie reportés voire modifiés pour partir des ports de l’île du Sud. Ils pourraient donc s’accélérer au mois d’octobre.
Chute des exports des États-Unis en septembre
Les exportations étas-uniennes de poudre maigre étaient globalement stables de janvier à août, mais ont chuté en septembre, de -20% /2022, à leur niveau le plus bas depuis août 2019. Les importations mexicaines, particulièrement fortes depuis le début de l’année (+25% /2022 à 314 600 t sur neuf mois) se sont brusquement repliées en septembre, de -15% /2022, probablement du fait de l’affaiblissement du peso. Rappelons que le Mexique absorbe près de la moitié des exportations états-uniennes de poudre maigre.
Par ailleurs, les États-Unis ne parviennent pas à exporter vers l’Asie du Sud-Est. La demande chinoise est en repli (-53% /2022 à 18 000 t sur 9 mois, contre 39 000 t l’an passé) tout comme celle des Philippines (-33% /2022 à 63 000 t contre 94 000 t) et de l’Indonésie (-13% à 54 000 t contre 62 000 t).
Plus largement, les Etats-Unis enregistrent une baisse de leurs exportations tous produits laitiers, estimée en MSU (Matière solide utile) à -12% /2022 en septembre et -10% sur neuf mois. Cette baisse est liée à une perte de certains marchés asiatiques, mais également mexicains.
À cela s’ajoute une demande intérieure faible. Malgré cela, le prix de la poudre maigre est bien orientée car les fabrications états-uniennes sont ralenties (de -14% /2002 sur juillet et août et -18% /2022 en septembre). Une très grande part est fabriquée en Californie où la production laitière est en recul.
Forte demande sur le marché international
En cumul sur neuf mois, la demande des grands importateurs de poudre maigre a augmenté de +7% /2022, soit +68 000 t. Néanmoins, cela cache une grande hétérogénéité entre les différents bassins. La Chine a certes moins acheté de poudres grasses, mais davantage de poudre maigre (+9% /2022). De même, le Mexique a accru ses approvisionnements en poudre états-unienne (+12% /2022). Néanmoins à l’inverse, l’Indonésie, la Malaisie et les Philippines sont moins présentes sur le marché pour le moment. L’inflation alimentaire dans ces pays, qui oscillait entre +6 et +10% en septembre, conduit à des baisses de consommation.
En conclusion, à part en Nouvelle-Zélande, les fabrications de poudre maigre sont attendues en baisse chez les grands pays producteurs. Pour le moment, la consommation intérieure dans ces pays exportateurs est en repli. Aussi, la demande sur le marché international donnera le la quant à l’évolution future des prix de cette commodité laitière.