Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Alors que le rebond saisonnier des abattages de vaches a été plutôt limité en Europe continentale (mais pas en Irlande), les cotations des réformes en Europe ont connu une baisse saisonnière que l’on n’avait plus observée depuis plusieurs années. Celle-ci semble néanmoins ralentir. Malgré une légère détente, la demande reste toujours affectée par la hausse des prix au détail.

ALLEMAGNE : consommation plus limitée malgré un ralentissement tout relatif de l’inflation

En Allemagne, la progression des prix des produits alimentaires sur un an connait un ralentissement continu depuis 5 mois consécutifs. Selon l’Office fédéral de la statistique (Destatis), l’indice des prix à la consommation (IPC) s’est établi à +3,2% en novembre 2023 contre +3,8% en octobre 2023. Les prix de l’alimentation restent le moteur de l’inflation. L’inflation alimentaire recule néanmoins : les prix des aliments ont augmenté de +5,5% en novembre 2023 par rapport au même mois de l’année précédente, contre +6,1% en octobre, +7,5% en septembre et +9,0% en août.

Le ralentissement de l’inflation concerne également les prix des produits frais. Ainsi, la progression sur un an de l’indice des prix des produits frais publié par AMI est plus limitée que lors du pic de l’inflation début 2023. En novembre 2023, la hausse des prix sur un an était de +4,0% quand elle était encore de +19,9% en mars dernier.

Parmi les produits frais, il existe cependant des disparités importantes entre les différents produits. L’inflation sur un an concernant les viandes était également hétérogène : de +0,2% pour la viande de volaille à +6,5% pour la viande bovine.

Malgré le ralentissement de l’inflation, les prix restent relativement élevés et pèsent encore sur la consommation des ménages. En cumul sur les dix premiers mois 2023, l’ampleur de la baisse des achats par les ménages de viandes, saucisses et volaille a été limitée (-0,9% /2022). Mais si l’on ne prend en compte que la viande in natura, la baisse a été plus importante (-3,2% /2022). D’après AMI, l’une des principales raisons de la baisse de la demande des ménages est probablement la hausse des prix. On a assisté ainsi à une descente en gamme, les consommateurs préférant acheter notamment de la volaille (+2% /2022 en volume) ou des viandes hachées mélangées (+4%), moins chères.

A l’automne, le rebond saisonnier des abattages de réformes a été plutôt limité. Sur les semaines 45 à 48, les abattages de vaches étaient inférieurs aux deux dernières années (-5% /2022, -11% /2021, mais +8% /2020).

Cette offre restreinte fait face à une demande limitée pour la viande de réforme et plutôt tournée vers la viande de JB en cette période de préparation des fêtes d’après AMI. La cotation de la vache O s’est stabilisée ces dernières semaines. Entre les semaines 45 et 48, elle s’est appréciée de +2 centimes à 3,48 €/kgéc (-1% /2022 et 2021). La demande devrait rester calme dans les prochaines semaines avant un éventuel rebond des cours en début d’année prochaine.

POLOGNE : stabilité relative des cours

En Pologne, les cours des réformes ont pâti du contexte inflationniste et de la demande européenne plus limitée. La cotation de la vache O semble cependant avoir mieux résisté qu’ailleurs en Europe continentale alors que le zloty s’est très légèrement apprécié. En semaine 48, elle s’établissait 3,89 €/kg de carcasse (-6% /2022, mais +4% /2021), en repli d’un centime en un mois. Le cours des réformes polonaises était ainsi équivalent aux cours irlandais ou hollandais mais supérieur au cours allemand (+10%).

IRLANDE : abattages toujours dynamiques et cours des réformes stabilisés

En Irlande, les abattages de réforme ont poursuivi leur rebond saisonnier plutôt marqué depuis début septembre. D’après l’indicateur hebdomadaire du ministère de l’Agriculture irlandais, les abattages de vaches ont été à nouveau soutenus sur les semaines 45 à 48 (+6% /2022 et +33% /2021).

A l’approche des fêtes de Noël, la demande des abattoirs est cependant plutôt portée sur les animaux jeunes (prime cattle) pour fournir les marchés britannique et d’Europe continentale. Si la demande en réforme est plus limitée notamment pour la transformation, les cours des vaches ont connu un léger mieux. En semaine 48, la cotation de la vache O a atteint 3,88 €/kg de carcasse (-4% /2022, mais +12% /2021), soit une hausse de 14 cts € en un mois. Dans le même temps, la cotation du bœuf R a connu une hausse plus marquée (+20 cts €), à 4,88 €/kg (+1% /2022, +13% /2021).

Sur les trois premiers trimestres 2023, les exportations irlandaises de viande bovine réfrigérée et congelée ont été en léger retrait à 354 000 téc (-3% /2022, mais +2% /2021). Elles étaient notamment en baisse vers la France. Cependant, elles étaient en hausse vers le Royaume-Uni, proche du niveau avant pandémie et Brexit (173 000 téc ;+7% /2022 et -1% /2019).

ROYAUME-UNI : stabilisation des abattages et ralentissement de la baisse des cours

Au Royaume-Uni, le rythme des abattages de gros bovins comme de réformes s’est stabilisé et a même ralenti. Entre les semaines 45 à 48, ils étaient en retrait par rapport au niveau de 2022 (-5% /2022 mais +4% /2021 pour le Prime Cattle et 3% /2022 mais +7% /2021 pour les vaches).

Sous pression pendant plusieurs semaines avec la hausse des disponibilités en réformes, le rythme de baisse des cotations a ralenti. La cotation de la vache O a néanmoins perdu 10 pence (-3%) en un mois pour atteindre 3,19 £/kg de carcasse en semaine 48 (-9% /2022 mais +14% /2021), soit 3,71 €/kg.

Le marché des animaux plus jeunes (Prime Cattle), plus qualitatifs, est lui soutenu par la demande des abattoirs à la veille des fêtes de fin d’année. En semaine 48, le cours du bœuf R3 était ainsi en légère hausse sur un mois (+2 pence) à 4,91 £/kg (+9% /2022 et +17% /2021) soit 5,71 €/kg.