Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Structurellement déficitaire en produits laitiers (-2 milliards € en 2018), le Royaume-Uni est débouché majeur pour l’Irlande et important pour la France. Un Brexit dur (sans accord) impacterait l’industrie laitière et plus globalement les marchés des produits laitiers, même si la plupart des produits français exportés ne seraient pas taxés.

Déficit commercial de 2 milliards d’euros en produits laitiers

En 2018, le Royaume-Uni a importé pour 3,5 milliards d’euros de produits laitiers dont l’UE-27 est le fournisseur quasi exclusif (99% du total). Les principaux produits achetés sont les fromages (49% en valeur), devant les ultra-frais (13%), le beurre (10%) et les boissons lactées, laits et crème (7% chacun). La France est le deuxième fournisseur en produits laitiers (608 millions €), après l’Irlande (1,0 milliard €) et devant l’Allemagne (450 millions €). Les importations de produits laitiers, estimées à 4,8 millions tonnes équivalent lait (TEL), couvrent 30% de la consommation intérieure du pays.

Le marché britannique est ainsi un marché majeur pour l’Irlande qui y réalise près du 1/3 de ses exportations totales, dont plus de 50% des envois de beurre et de fromages. C’est également un débouché important pour la France : le troisième par ordre d’importance, après l’Allemagne et la Belgique, où les transformateurs français commercialisent surtout des fromages frais et des yaourts.

Quoique structurellement déficitaire, le Royaume-Uni exporte surtout du cheddar, secondairement des ingrédients secs, mais aussi du lait cru vers l’Irlande. Au total pour 1,9 milliard € en 2018 dont le tiers (625 millions €) vers l’Irlande la première destination, loin devant la France (163 millions €) en 3ème position après les Pays-Bas. Le tout représente l’équivalent de 22% de la collecte nationale (égale à 14,7 milliards de litres en 2018).

Accord ou pas, les autorités européennes ont décidé que les contingents consolidés à l’OMC seront répartis selon les flux historiques entre le Royaume-Uni et l’UE-27. Par exemple le contingent beurre à droit de douane nul dont bénéficie la Nouvelle-Zélande (74 693 t) serait repris à 63,2% par l’UE-27 et 36,8% par le Royaume-Uni.

Des produits laitiers français non taxés, mais pénalisés dans l’hypothèse d’un Brexit sans accord

Le Royaume-Uni a adopté en mars dernier un régime douanier temporaire d’une durée de un an qui ne taxerait que 87% de la valeur des marchandises totales importées, en cas de sortie sans accord. Parmi les produits laitiers, seules les importations de beurre et de certains fromages seraient taxées. Le beurre supporterait un droit de douane réduit (605 € au lieu de 1 896 €/t à droit plein). Le cheddar, certains persillés (hors Roquefort et gorgonzola), les fromages fondus et ceux destinés à la fonte seraient taxés à 13,2% des droits de la nation la plus favorisée, soit entre 186 et 284 €/t.

Les exportations françaises, composées essentiellement de fromages frais et d’ultra-frais, seraient en somme presque toutes non taxées, en cas de sortie sans accord. Malgré cela, les flux commerciaux de produits laitiers, comme de marchandises en général seraient très perturbés par la réinstauration des contrôles douaniers et sanitaires aux frontières, supprimées depuis l’instauration du marché unique, même si le gouvernement britannique a admis qu’il n’aurait pas les moyens de développer les contrôles sanitaires et phytosanitaires au complexe Douvres‐Folkestone (point d’arrivée des ferries et du trafic ferroviaire).