La Pologne, qui exporte chaque année entre 80 et 90% de sa production de viande bovine, essentiellement sur le segment de la RHD, a durement subi la fermeture des restaurants presque partout en Europe. La filière reprend espoir début juin avec la réouverture progressive des restaurants et le début de la saison des barbecues.
Alors que le prix de la viande bovine polonaise avait déjà été mis à mal par plusieurs scandales sanitaires en 2019, il a décroché à partir de la mi-mars 2020 lorsque presque tous les pays européens ont décidé de confiner leur population pour lutter contre la propagation du coronavirus et que la filière polonaise perdait son principal débouché. En moyenne sur le mois de mai, les prix des arrières de jeunes bovins polonais sortie abattoir sont tombés à 3,23 €/kg (-11% /2019 ; -17% / 2018). Ces très bas prix ont ainsi permis à certains muscles de pénétrer les supermarchés italiens (cf. article Italie).
Les difficultés à valoriser la viande avaient été anticipées par les abatteurs qui ont baissé leurs prix d’achat dès l’annonce de la fermeture des restaurants en Italie. En 8 semaines, entre mi-mars et début-mai, la cotation du JB O polonais entrée abattoir a perdu 40 centimes/kg de carcasse, avant de reprendre 22 centimes en 3 semaines à 2,75 €/kg de carcasse fin mai (-9% /2019 et -19% /2018).
Les vaches de réforme, destinées principalement à la fabrication de burgers pour les fast-foods ont été les plus durement touchées par la chute de la demande. La cotation de la vache O polonaise est tombée au plus bas à 2,25 €/kg de carcasse avant de se relever fin mai à 2,38 €/kg (-15% /2019 et -24% /2020).
Durant la période de confinement, la filière bovine polonaise a bien essayé de stimuler la consommation nationale de bœuf à travers des campagnes de communication et des promotions. Mais les Polonais n’ont pas l’habitude de cuisiner cette viande à la maison. Si la consommation polonaise réaugmentait ces dernières années, c’était à travers la restauration, en steak house et en fast-food. L’arrivée de la saison des barbecues et la réouverture des restaurants donnent toutefois quelques espoirs à la filière.
Les Polonais sont les plus gros contributeurs en volumes au stockage privé subventionné par la Commission européenne, avec 442 tonnes sur les 1 465 tonnes notifiées en tout. Ces volumes restent faibles au regard de ce qui avait été prévu (25 ktéc). La mesure concerne les quartiers arrières de bovins de plus de 8 mois, de conformation O ou plus, sans distinction de catégorie. Chaque entreprise à la possibilité de stocker la viande pendant 90, 120 ou 150 jours. Cette aide au stockage est ouverte depuis le 7 mai.
Sur les 2 premiers mois de l’année, avant le confinement généralisé en Europe, la Pologne avait exporté 76 000 téc de viande bovine (+11% /2019 et +6% /2018), dont 49 000 téc de viande réfrigérée, 21 000 téc de viande congelée et 6 000 téc de viande transformée. Avec 14 000 téc de viande réfrigérée (+18% /2019 et +14% /2018), l’Italie était toujours le premier client de la viande polonaise, devant l’Allemagne avec 9 000 téc (+18% /2019 et +21% /2018).