Le marché des broutards a été relativement épargné par la crise de la Covid-19. En semaine 27, les cotations accusaient un repli modéré par rapport à une bonne année 2019. Ce maintien des cours a toutefois été facilité par une offre en net repli. La lourdeur du marché de la viande en Europe et du JB italien en particulier est inquiétante pour les mois à venir.
Fin de hausse pour les animaux type Italie
Le marché des broutards lourds destinés à l’Italie est habituellement marqué par une hausse des cotations au 2nd trimestre. Les animaux mis en place à cette période étant abattus en fin d’année pour le pic de consommation hivernal et festif. La crise de la Covid-19 et le confinement des 2 côtés des Alpes n’ont pas empêché cette hausse saisonnière en 2019. En semaine 27, le broutard charolais de 450 kg cotait 2,62 €/kg vif soit -5 centimes ou -2% par rapport à 2019. Un niveau en repli modéré par rapport aux années précédentes. Les prix sont toutefois stabilisés depuis mi-juin ce qui est assez habituel, les animaux mis en place alors sortant généralement après les fêtes de fin d’année.
Les cours des animaux plus légers sont également en repli par rapport à 2019, mais ils ont peu évolué au 2ème trimestre. En semaine 27, le Charolais U de 350 kg cotait 2,74 €/kg vif soit -3% /2019, le Limousin E de 300 kg cotait 3,03 €, soit -4% /2019, et le Croisé U de 300 kg 2,79 €/kg, soit -2% /2019.
Les cotations des femelles limousines sont inchangées depuis février, à 2,75 €/kg vif : la Limousine E de 270 kg est en léger repli de -1% /2019. La cotation de la femelles charolaises U de 270 kg s’est légèrement reprise depuis mai, elle atteint 2,56 € /kg, soit -4% /2019. Après plusieurs années de forte progression, la demande plafonne en Italie pour ces animaux.
Des effectifs durablement réduits
L’offre en broutards en âge d’être exportés est minimale au 2ème trimestre. Au 1er juin on dénombrait 511 000 mâles allaitants de 6-12 mois en BDNI, un effectif en recul de -3% /2019 et de -8% /2017 . Ce repli de l’offre est moins fort qu’au 1er mai (-4% /2019), mais reste très marqué en race charolaise (180 500 têtes -5% /2019) et race blonde (55 000 têtes -5%/2019). Le retrait marqué de l’offre est directement lié au repli du cheptel de vaches de type viande observé depuis 2016 et qui se poursuit. Au 1er juin on dénombrait 3 831 000 vaches allaitantes en France, soit -1,8% /2019 et -6% /2016.(Voir Gros bovins en France)
Les naissances de veaux de mère de type viande suivent une tendance similaire et reculent structurellement depuis 2016. Sur janvier-mai 2020 ce recul est toutefois limité avec 1 817 000 naissances soit -0,5%/2019, mais tout de même -6% /2018 et -5%/2017. Ainsi l’offre en broutards restera limitée en France dans les mois à venir. Ce recul du cheptel et de l’offre est préoccupant sur le long terme, mais il soutient à court terme les cours des broutards.
L’export en net recul à fin mai
Selon les données de la BDNI les exportations françaises de bovins maigres ont reculé de près de -9% en mai 2020 (semaine 19 à 22) à 79 000 têtes dont 28 000 femelles (-14,5% /2019) et 51 000 mâles (-5,5% /2019). Ce repli des envois est marqué depuis février en lien avec l’offre en repli et les difficultés liées à la crise sanitaire. En cumul sur janvier mai le repli atteint -6,5% /2019 à 471 500 têtes, il est plus marqué pour les femelles (-8,4%) que pour les mâles (-5,5%).
Le repli global des envois est avant tout lié à la chute du commerce avec l’Espagne. Fin mai, les envois demeuraient stables vers l’Italie par rapport à 2019 avec toutefois une progression des envois de mâles et un repli des envois de femelles, alors que les envois vers l’Espagne étaient en chute de plus de 20% (voir tendance Juin). Très orientée à l’export, la production espagnole de JB a été frappée beaucoup plus durement par la crise sanitaire que la filière italienne. Depuis mars, les achats espagnols de broutards ont reculé en volumes et en prix et se sont de nouveau concentrés sur les veaux laitiers.
Une pause estivale à venir sur les pays tiers
Début juillet, la situation est hétérogène concernant la Covid-19 sur le pourtour méditerranéen. L’Algérie, le Maroc et la Tunisie, qui ont recensé chacun moins d’un millier de décès provoqués par la Covid-19, poursuivent l’allègement partiel des restrictions liées à la pandémie. A l’inverse, Israël fait face à une forte 2ème vague et envisage un reconfinement total.
Néanmoins, la fin des principales mesures de restrictions des deux côtés de la Méditerranée a permis une reprise du commerce en mai. Selon les douanes françaises, 4 000 broutards ont été expédiés en Algérie accompagnés de génisses laitières et 3 000 broutards ont rejoint Israël. Les professionnels indiquent que ces échanges se sont poursuivis en juin et début juillet. Ils devraient néanmoins marquer une pause de mi-juillet à début septembre.
En effet, le transport d’animaux vivants est interdit lorsque la température dépasse 30°C. Afin d’éviter le blocage d’animaux en quarantaine, les opérateurs ont pris pour habitude de mettre en pause le commerce vers les pays tiers en juillet et août.
Des incertitudes pour l’automne
Une reprise de la hausse des prix des broutards ce début juillet est peu probable au vu de l’encombrement des marchés de la viande. L’offre toujours limitée laisse néanmoins espérer un maintien des cotations jusqu’à la rentrée et le début du pic de l’offre. Le marché italien de la viande est toutefois encombré entre retards de sorties de mâles et importations de viande (voir article Italie). Une remontée des cotations italiennes tardive ou ralentie pourrait inciter les acheteurs italiens à mettre plus de pression sur les cours du maigre. Pour les femelles, le repli des effectifs dans la BDNI italienne (voir article Italie) laisse espérer une demande plus ferme.