Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Alors que les prix des tourteaux restent assez stables en lien avec les incertitudes sur la demande chinoise, le cours du maïs a rebondi mi-mai face aux risques climatiques sur les cultures aux États-Unis. De leur côté, le prix du blé et de l’orge reste contenu par l’arrivée des récoltes.

Céréales : rebond du maïs sous fond de mauvaises conditions aux USA

L’arrivée des récoltes d’orge et de blé pèse sur les prix physiques des céréales à paille. Les productions de blé et d’orge sont attendues supérieures à l’an dernier dans l’UE-28 et en Mer Noire, ce que confirme le début des moissons. Cependant, la récente vague de chaleur sur l’Europe de l’Ouest a apporté des inquiétudes sur la fin de cycle des blés (risque d’échaudage). Les conditions climatiques sèches en Russie sont également sous la surveillance des experts. La récolte du premier exportateur mondial, estimée entre 78 Mt et 80 Mt, augmenterait de l’ordre de +8% /2018, mais se situerait en dessous du record de 2017. La majorité des exportateurs de blé, à l’exception des Etats-Unis, débutent la campagne sur un niveau de stock plutôt tendu. Les impacts sur les prix seront ainsi non négligeables en cas de récoltes décevantes. Pour l’heure, la mer Noire se montre l’origine la plus compétitive à l’export.

Le mouvement de marché le plus notable en cette fin de campagne 2018/19 a concerné le maïs. Dans le sillage des cotations internationales, le cours du maïs français a gagné 12% entre début mai et fin juin. Durant cette période, le maïs américain a donné le ton du marché. Les conditions climatiques froides et humides, durant plusieurs semaines, notamment dans le Corn Belt, ont provoqué un retard inédit des semis et du développement des cultures. L’incertitude sur les perspectives de production du premier producteur mondial reste entière : l’USDA a fortement dégradé sa prévision pour 2019/20 à 347,5 Mt (- 5% /2018), mais les surfaces pourraient finalement s’avérer moins réduites qu’attendu. En Ukraine, malgré la chaleur, le début du cycle des cultures de maïs se déroule bien. En dépit de la récolte record en 2018/19, les stocks de maïs ukrainiens s’assèchent vite suite à des exportations très dynamiques qui ont notamment permis de fournir la forte demande européenne. L’UE-28 a importé 23,7 Mt de maïs entre juillet 2018 et juin 2019, un record (+33% par rapport à la campagne précédente).

L’écart de prix entre le maïs et le blé s’est fortement réduit depuis mai. Le maïs perd ainsi l’avantage détenu durant toute la campagne 2018/19. Une reprise de l’utilisation de blé et d’orge dans les rations animales est donc attendue en 2019/20, au détriment du maïs dont les imports devraient donc se réduire.

Oléagineux : la Chine et les États-Unis restent les déterminants du marché

Outre le conflit commercial sino-américain qui anime le marché du soja depuis près d’un an, les États-Unis et la Chine ont récemment fait l’objet de l’attention pour d’autres facteurs.

Aux États-Unis, les conditions climatiques défavorables ont également eu des effets sur les semis de soja. La période optimale de semis a pris fin avant que la totalité des surfaces puissent être emblavées. Dans ce contexte, l’USDA prévoit un recul significatif des surfaces de soja  (-10% /2018), ce qui a conduit à un rebond des cours du soja à Chicago en mai-juin, et une légère hausse de ceux du tourteau sur le marché français (+1,5%).

Le mouvement de hausse a toutefois été limité. En premier lieu, la demande chinoise est très ralentie suite au développement de l’épidémie de fièvre porcine africaine qui décime le cheptel porcin chinois, et ceux des pays voisins (Vietnam en premier lieu). De plus, les productions de soja brésiliennes et argentines qui ont été bonnes, maintiennent le stock mondial à un niveau très confortable.

Si les tensions sino-étatsuniennes ont été apaisées lors du G20 au Japon (fin juin), un accord tarde toujours à venir. Une reprise des négociations a été annoncée, ce qui s’est traduit par l’achat de fèves de soja américaines par la Chine. Le volume acheté reste cependant bien trop faible pour alléger le bilan américain.

Enfin, le manque de dynamisme des cours du soja, de l’huile de palme et du canola canadien empêche toute reprise les cours de la graine de colza européenne, malgré la faible récolte de colza attendue en Europe pour 2019/20. Le cours du tourteau de colza reste quant à lui globalement stable (–0,9% en deux mois).