Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Malgré des exportations dynamiques, les cours des petits veaux seront au plancher au moins jusqu’en janvier.

Les cotations au plancher

Le marché des veaux nourrissons connait une année extrêmement difficile. Le redressement saisonnier des cotations, qui intervient habituellement au 2nd  trimestre, a cette année été presqu’inexistant. Il a débuté en juin et la cotation a brutalement rechuté dès juillet pour atteindre rapidement un plancher. En semaine 40, le veau de type laitier de 45-50 kg cotait 53 € par tête. Les veaux de qualité trouvent preneurs à petit prix, mais les animaux chétifs, plus âgés ou issus de races à faible potentiel restent souvent sans acheteur.

L’offre atteint son pic annuel

L’effondrement des cotations s’explique avant tout par l’abondance de l’offre. Un peu moins de 60% des veaux de mère laitière naissent au 2nd semestre avec un pic marqué en septembre (11% des naissances de l’année) ce qui provoque chaque année un alourdissement des cotations à l’automne.

Les débouchés français en berne

La filière veau de boucherie valorise environ 60% des mâles nés de mère laitière en France. La demande des intégrateurs se replie habituellement en novembre. En effet les veaux mis en place en novembre sont en moyenne abattus en avril, soit la fin de la période de consommation hivernale. Cette baisse de la demande, qui intervient en plein pic des vêlages, provoque un encombrement saisonnier du marché des veaux naissants. En 2019, la situation est aggravée par la crise que subit la filière du veau de boucherie. L’effondrement des prix du 1er semestre 2019 incite les intégrateurs à limiter fortement leur production pour 2020, ce qui réduit d’autant la demande en veaux nourrissons.

Cette situation s’ajoute au net repli de la production de bœufs et de JB laitiers qui valorisent environ 30% des veaux mâles  (estimation 2018, -22% /2015). Cette chute de la production s’amplifie  depuis la fin des quotas qui a permis aux éleveurs laitiers d’augmenter leur cheptel souvent au détriment des ateliers d’engraissement annexes.

Les records à l’export ne suffisent pas

Faute demande en France, une part croissante des veaux est orientée à l’export. En août 2019, la France a exporté 20 000 veaux laitiers (+4,5% /2018) portant à 141 700 l’effectif total depuis janvier (+7% /2018, +37% /2017). Selon les premières remontées d’informations les exportations devraient dépasser largement les 30 000 têtes en septembre.

Plus de 90% des veaux sont exportés vers l’Espagne. Les engraisseurs espagnols sont organisés pour le sevrage des veaux. Ils produisent des JB laitiers jeunes à partir de veaux bon marché et obtiennent de meilleures marges avec les JB laitiers qu’avec les JB allaitants.

La situation est particulièrement difficile,

L’export qui capte désormais plus de 10% des mâles laitiers se développe surtout grâce aux prix très bas. Il n’existe donc pas de débouchés capables de suppléer le repli de l’engraissement de veaux de boucherie sans dégradation du prix des veaux en ferme. Les cotations devraient rester très dégradées au moins jusqu’en janvier, mais plus probablement au-delà. La remontée des prix dépendra de la demande de la filière veau de boucherie qui pourrait s’intensifier à partir d’avril pour des veaux à sortir en septembre 2020.