Ces dernières semaines, une partie des tensions de l’été sur les matières premières se sont atténuées. Les bonnes récoltes de blé et les perspectives positives en maïs permettent à l’IPAA de s’établir à 201,32 mi-octobre, niveau qu’il n’avait pas rejoint depuis septembre 2021 (plus haut en mai 2022, à 310).
Ces derniers jours, la guerre entre le Hamas et Israël et le rapport USDA sur les prévisions de la campagne 2023-2024 ont été suivis d’une légère hausse des cotations.
L’Ukraine très active pour trouver des solutions d’export de ses céréales
Après 5 mois consécutifs de baisse au printemps, l’indice des prix de l’alimentation animale (IPAA) avait brutalement augmenté cet été sous l’effet, notamment, des incertitudes liées à la non-reconduction du corridor en mer Noire. Depuis, l’Ukraine a développé d’autres voies de transport (maritimes et terrestres). Elle a également désamorcé le désaccord avec la Pologne et la Slovaquie sur le transit de céréales sur leurs territoires. Les discussions avec la Hongrie sont toujours en cours.
Le blé retrouve son niveau de juillet 2021, à 202 €/t
Après avoir subi une hausse brutale cet été liée aux incertitudes sur la capacité de l’Ukraine à exporter ses céréales, le cours du blé tendre fourrager a retrouvé une relative stabilité sur septembre et octobre. Il se situait à 202 €/t le 18 octobre (départ Eure-et-Loire), soit son niveau de juillet 2021.
Les récoltes de blé dans l’hémisphère nord sont terminées. La production mondiale s’élèverait ainsi à 785 millions de tonnes (estimations FAO au 6 octobre 2023), en baisse par rapport à la campagne précédente (802 Mt). Pour la France, la quantité de blé récoltée s’élèverait à 35,1 millions de tonnes (SSP MASA), soit +4,3% /2022. Les conditions de récolte ont été difficiles dans certains pays en raison d’excès de pluie (Allemagne). La sécheresse a pénalisé les cultures en Scandinavie et en Espagne. Au Canada également, la récolte est en baisse (34,3 millions de tonnes, dont 25,8 Mt de blé tendre, soit 10% de moins que l’année précédente, et -30% pour le blé dur) à la suite de conditions très sèches, notamment en juillet. Les Etats-Unis et la Chine ont aussi subi de mauvaises conditions météorologiques qui ont affecté une partie des récoltes (respectivement 47,2 et 136,5 Mt, selon le Conseil international des céréales). L’Ukraine a réalisé une bonne récolte (26 Mt), équivalente à la précédente campagne, et l’enjeu est de réussir à l’exporter. De son côté, la Russie a engrangé 95,4 Mt de blé (entre 92 et 100 Mt en 2022).
La concurrence forte des blés russes sur les marchés pèse sur les cours. Le gouvernement russe aurait par ailleurs incité ses exportateurs à appliquer un prix plancher à 270 €/t (avec des entorses à 260 €). Et dans le cadre de ses tentatives pour sortir de son isolement diplomatique et renforcer son influence en Afrique, la Russie a annoncé l’export gratuit de céréales vers 6 pays africains. Les chiffres de 25 à 50 000 t de blé pour chaque bénéficiaire ont été avancés (FAM).
Dans l’hémisphère sud, la sécheresse persistante compromettrait la récolte de blé australien. De la pluie est impatiemment attendue. En Argentine, les conditions de semis ont été sèches, et de faibles précipitations ont été enregistrées pour l’instant.
Tendance baissière pour le maïs
Le maïs est en cours de récolte dans l’hémisphère nord. En Europe, les conditions sont bonnes, sauf en Espagne. Les pluies de l’été ont permis un bon remplissage des grains. La récolte française est estimée à 12,1 millions de tonnes. Elle serait ainsi en hausse par rapport à la très faible récolte 2022 (+10,7%) mais en nette diminution par rapport à la moyenne 2018-2022 (-9,1%). Au Brésil, la récolte est élevée, avec des surfaces et rendements en hausse, estimée à près de 140 millions de tonnes (+18% à moyenne des 10 dernières années). Les fondamentaux étant bons, les cours sont stables à baissiers et ont rejoint leur niveau de décembre 2020, à 186 €/t départ Eure-et-Loire.
Pour 2024, les effets du phénomène climatique El Niño sont guettés de près sur la zone Pacifique. Il impacte le régime des pluies et peut affecter les semis et la récolte en Amérique du Sud et dans l’Océanie.
Légère progression des cours du tourteau de soja
Après une relative stabilité, voire une tendance baissière ces derniers mois pour le colza, les cours du tourteau de soja et de colza sont repartis légèrement à la hausse le 18 octobre à respectivement 515 et 300 €/t départ Montoir.
La production de canola au Canada est estimée à 17,4 Mt par Statistique Canada, soit une baisse de 7% par rapport à l’année précédente et à la production moyenne sur cinq ans (18,6 Mt). La baisse de la production est en grande partie due à des rendements plus faibles résultant de conditions de croissance nettement plus sèches que la normale dans l’Ouest des Prairies.
En France, la production de soja est légèrement révisée à la hausse, à 0,44 Mt, nettement au-dessus de celle de 2022 (+16%) et proche de celle de 2021 (-1,0%). Le Brésil a réalisé une très bonne deuxième récolte de soja (156 Mt estimées au total sur la campagne 2022-2023, contre 130 Mt sur la campagne précédente). A l’inverse, l’Argentine manque de pluie et les prévisions de récoltes sont en baisse (25 Mt estimées, contre 43,9 Mt sur la campagne 2021-2022). La pluie a fait son retour mi-octobre sur le pays.
En Europe, pour la prochaine campagne, l’absence de réponse de la Commission européenne sur la reconduction de la dérogation « jachère Ukraine » laisse craindre une baisse des surfaces ensemencées en colza en Union européenne.
Quant à la prime non OGM, l’écart se réduit avec le tourteau de soja OGM depuis presque un an et n’est plus que de 42 €/t.