La baisse des entrées de génisses dans les troupeaux accélère la décapitalisation. Les abattages reculent toujours. Les prix se tiennent mais la concurrence européenne sur le marché commence à se faire sentir.
La décapitalisation s’accélère, dans le cheptel laitier comme dans le cheptel allaitant
Au 1er mars, le recul du nombre de vaches allaitantes présentes en France était encore plus prononcé que les mois précédents (-3,2% sur un an). Il s’est amplifié également pour les vaches laitières (-2,6% /2022 contre -2,3% en février). Dans les deux troupeaux, c’est la forte baisse des entrées de génisses qui contracte les effectifs, et non une hausse des sorties. Sur l’année glissante de mars 2022 à février 2023, les entrées de génisses laitières dans les troupeaux ont en effet chuté de -6% et celles de génisses allaitantes de -4%.
Recul de l’offre abattue
Sur les huit dernières semaines connues (7 à 14), les abattages de gros bovins ont enregistré une baisse de -4% d’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev. La baisse se chiffrait à -5% pour les vaches laitières, -3% pour les vaches de type viande ainsi que pour les génisses viande, et -15% pour les JB de type lait. Seuls les JB de type viande enregistraient une modeste hausse de +1%, en lien avec des mises en place un peu plus dynamiques de broutards en 2022.
Les prix des vaches restent hauts, mais la pression de l’import commence à se faire sentir
La baisse de l’offre à abattre permet de maintenir les cours. Toutefois, les prix des vaches les moins bien conformées ont perdu quelques centimes, laissant penser que la viande importée commence à faire pression sur les prix (voir l’article sur la consommation).
Après son pic de Pâques, la cotation de la vache U est redescendue, mais reste bien orientée. À 5,81 €/kg de carcasse en semaine 15, elle restait en hausse de 4 centimes sur un mois et toujours largement supérieure aux années précédentes (+9% /2022 et +25% /2021). La vache R avait à l’inverse perdu 2 centimes à 5,46 €/kg (+9% /2022 et +34% /2021). La vache O avait perdu 6 centimes à 4,95 €/kg (+8% /2022 ; +55% /2021) et la vache P -7 centimes à 4,74 €/kg (+6% /2022 ; +59% /2021). L’écart de prix avec les autres origines européennes pénalise en effet les vaches laitières françaises (voir l’article sur les vaches en UE).
Baisse saisonnière des prix des jeunes bovins
Avec retard, les prix des JB français ont enclenché une baisse saisonnière dans le sillage des prix italiens et allemands (voir l’article sur le marché européen du JB). Le marché européen du jeune bovin continue globalement de se tenir. La baisse de la demande allemande est compensée par un marché italien en manque d’offre et des débouchés péri-méditerranéens dynamiques pour les JB espagnols.
La cotation du JB U a perdu 3 centimes en 4 semaines pour retomber à 5,55 €/kg de carcasse en semaine 15 (+8% /2022 et +38% /2021). Celle du JB R a perdu 4 centimes à 5,42 €/kg (+9% /2022 et +42% /2021). Les prix des JB laitiers restent soutenus par le fort recul de l’offre : la cotation du JB O n’a perdu que 2 centimes, à 5,11 €/kg (+11% /2022 et +53% /2021).
Des charges en très forte hausse sur un an
En février 2023, l’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles, base 100 en 2015) s’établissait à 137,9 points, toujours en forte hausse par rapport à février 2022 (+10%). L’indice des prix des aliments achetés était à +20% /2022, celui des énergies et lubrifiants à +9% et celui des engrais et amendements à +7%.
Les charges ont évolué moins vite que les prix des animaux finis. Pour autant Les cotations des bovins viande demeurent inférieures à leur prix de revient. Au second semestre 2022, il était de 5,92 €/kg éc pour les jeunes bovins de type viande et 6,12 €/kg éc pour la vache de type viande. Pour les vaches Label rouge, il faut rajouter 26 centimes /kg si tous les animaux labellisables sont effectivement labellisés et jusqu’à + 56 centimes si seulement un tiers des animaux sont labellisés. Ces indicateurs de prix de revient pour la contractualisation sont calculés pour l’Interprofession bovine (INTERBEV) sur la base d’une rémunération égale à 2 SMIC par actif non salarié, selon une méthodologie et un échantillon défini par accord interprofessionnel. Ils sont mis à jour sur une base semestrielle pour chaque catégorie de bovin et sont disponibles sur le site de l’Institut de l’Élevage.