Les cours des matières premières, toujours très sensibles aux aléas climatiques et aux tensions géopolitiques, sont très volatils ces derniers mois, sans pour autant atteindre des valeurs extrêmes. En Europe, un excès de pluie est observé sur la quasi-totalité du continent, avec un fort impact des tempêtes Boris et Kirk en septembre.
Recul de 27% de la récolte française de blé tendre
La production française de blé tendre est estimée à 25,4 Mt, soit en recul de -27% /campagne précédente. Selon FranceAgriMer, la qualité des blés récoltés serait correcte malgré les conditions climatiques très pluvieuses du semis à la récolte.
En Europe, la récolte de blé tendre est estimée à 114,6 Mt (-8,7% /campagne précédente), entre des surfaces et des rendements en recul.
Si les chiffres définitifs ne sont pas encore disponibles, la production mondiale de blé 2024 est estimée à 794,8 Mt, (-2,7% /2023). Même si elle est en baisse par rapport à la campagne précédente, elle reste supérieure à la moyenne quinquennale (778 Mt).
Inquiétudes pour la récolte de maïs et les semis de céréales d’hiver
En maïs, la production mondiale prévisionnelle s’élève à 1 217 Mt (-0,7% /campagne précédente). En Europe, 60,1 Mt de maïs seraient récoltées (-4,1% /campagne précédente), entre des surfaces en hausse et des rendements en baisse. La consommation de maïs serait en hausse pour cette campagne 2024/2025, notamment en alimentation animale et pour l’industrie (biocarburants).
Selon les données communiquées par le service Céré’Obs de FranceAgriMer, au 7 octobre, seulement 6% des maïs grains étaient récoltés en France, contre 44% à la même date en 2023. Les précipitations intenses des dernières semaines compliquent les travaux de récolte du maïs grain, des ensilages, et par ricochet des semis de céréales d’hiver. La météo des prochaines semaines sera déterminante dans bon nombre de régions.
Blé et maïs oscillent autour de 200 €/t en France
Les bons niveaux de production mondiaux ainsi qu’une demande moyenne maintiennent les cours autour de 200 €/t (205 €/t pour le maïs et 206 €/t pour le blé début octobre). La forte concurrence des blés Mer Noire, plus compétitifs, pénalise les exports français et européens et maintient une pression sur les prix.
Détente sur le marché des tourteaux de soja et colza
Le conflit au Moyen-Orient et le risque accru d’extension poussent le prix du pétrole vers le haut, et rendent les marchés des oléo-protéagineux très volatils. Cependant, la production mondiale de soja 2024/2025 est attendue à un niveau record, à 419 Mt, avec notamment de bonnes conditions de culture aux États-Unis, ce qui réduit les tensions sur les prix. Des inquiétudes ont émergé à cause de la sécheresse au Brésil, mais les pluies annoncées prochainement ont permis de détendre les cours.
En colza en revanche, la production mondiale est attendue en baisse par rapport à la campagne précédente, à 87,9 Mt (-4% /campagne précédente). En Europe, la production s’établirait autour de 17,7 Mt (20 Mt en 2023/2024, soit -11%).
Ces facteurs haussiers et baissiers s’équilibrent et les prix des tourteaux de soja et de colza gravitent autour de 410 et 305 €/t respectivement depuis quelques semaines.
Par ailleurs, la proposition de la Commission européenne du report de l’application du règlement anti-déforestation a soulagé les acteurs de la nutrition animale européens. Ils alertaient depuis plusieurs mois sur la difficulté de sa mise en application et le manque de préparation.
L’IPAMPA aliments achetés baisse lentement
La baisse des cours des céréales depuis plusieurs mois se traduit dans la lente décrue de l’indicateur aliments achetés de l’IPAMPA (indice des prix d’achat des moyens de production agricole).
L’indice aliments achetés lait de vache, par exemple, avait atteint un pic en février 2023 à 151 (base 100 en 2015). Il s’élève à 124,8 en août 2024 (-1% sur un mois et -9,8% /août 2023). Il reste toujours très au-dessus des niveaux 2021, moyenne de 114, et 2020, moyenne à 102.