Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 366 Novembre 2024 Mise en ligne le 23/11/2024

En Europe, les anticipations d’abattage de jeunes bovins au second semestre 2021 ont entamé les disponibilités de 2022. L’année commence avec un manque d’offre et les prix restent orientés à la hausse, tranchant avec la baisse saisonnière habituelle.

Italie : cours en hausse, en mâles comme en femelles

En Italie, l’offre en ferme comme importée reste limitée. Les cours des jeunes bovins finis poursuivaient donc leur hausse début février, allant à l’encontre de la baisse saisonnière habituelle. La cotation du JB mâle charolais sur la bourse de Padoue a encore gagné +9 centimes en 4 semaines pour atteindre 3,02 €/kg vif en 2ème semaine de février (+24% /2021 et +15% /2020). Celle du mâle limousin a gagné +6 centimes à 3,14 €/kg vif (+13% /2021 et +12% /2020).

Les femelles ne sont pas en reste. Leurs prix progressent fortement depuis l’automne dernier, alors qu’ils sont d’habitude beaucoup plus stables que ceux des mâles. Sur la bourse de Modène, la femelle charolaise a gagné +11 centimes en 4 semaines pour atteindre 3,06 €/kg (+13% /2021 et +18% /2020). La femelle limousine a gagné +10 centimes sur la même période à 3,25 €/kg (+11% /2021 et +12% /2020).

Allemagne : le JB U à 5,05 € et le JB R à 5,01 € !

En Allemagne, la faiblesse de l’offre continue de faire grimper les prix après une pause en décembre. La cotation du JB U a atteint les 5,05 €/kg de carcasse en semaine 6 (+27% /2021 et +37% /2020), celle du JB R 5,01 €/kg (+27% /2021 et +38% /2020) et celle du JB O 4,67 €/kg (+33% /2021 et +41% /2020).

D’après l’indicateur hebdomadaire d’abattages, le nombre de taurillons abattus sur les 6 premières semaines de l’année était en très fort recul par rapport aux années précédentes : -9% /2021 et -13% /2020.

Rappelons que l’enquête cheptel de novembre parue fin décembre enregistrait une baisse de -2,7% du nombre de bovins mâles de 1 à 2 ans par rapport à fin 2020, soit -22 000 têtes. La petite hausse des effectifs de 8-12 mois (+5 000 têtes ou +1,3%), sans doute liée à la hausse des prix des JB finis à partir du printemps, ne compensera pas la baisse des plus âgés.

Pologne : le JB O à 4,30 €/kg !

En Pologne, le JB O oscille autour de 4,30 €/kg depuis le début de l’année (+36% /2021 et +44% /2020) et le JB R autour de 4,50 €/kg (+36% /2021 et +46% /2020). Le très faible écart de prix entre le JB R et le JB O s’explique sans doute par le fait que le R est très minoritaire en Pologne.

La production polonaise de viande bovine aurait reculé en 2021 pour la 3ème année consécutive (-2% /2020, à 547 000 téc d’après nos estimations). Les exportations, qui comptent pour 85% de la production, auraient reculé dans les mêmes proportions à 466 000 téc.

D’après les chiffres provisoires de l’enquête cheptel de décembre, le nombre de bovins mâles de 1 à 2 ans dans les fermes polonaises était en hausse de +6% /2020 à 928 000 têtes, ce qui devrait aboutir à un rebond de la production de taurillons en 2022. Cependant, le nombre de vaches laitières était en recul de -4% à 2,035 millions de têtes, de même que celui de vaches allaitantes (-4% à 253 000 têtes après 14 années de hausse ininterrompue).

Espagne : les prix profitent de la demande export mais la consommation nationale semble à la peine

En Espagne, la cotation du JB U a atteint 4,52 €/kg de carcasse en semaine 5 (+23% /2021 et +19% /2020) et celle du JB R 4,46 €/kg (+26% /2021 et +23% /2020). Ces hausses de prix sont indispensables pour couvrir les coûts d’alimentation qui augmentent encore dans élevages.

C’est avant tout l’export de JB finis qui soutient les cours. Des bateaux partiront d’ici la fin février depuis le port de Carthagène, en direction de la Libye, de l’Égypte et de l’Arabie Saoudite. Le mois de mars restera propice à l’export de bovins vivants, le ramadan débutant le 2 avril. L’Algérie devrait être demandeuse, avec l’octroi de nouvelles licences d’importation.

A l’inverse, la consommation nationale de viande bovine est limitée par la baisse du pouvoir d’achat des Espagnols confrontés à une forte inflation. La hausse de l’indice des prix à la consommation a atteint +6,6% en décembre 2021 /2020 – un record depuis 29 ans – et +6,2% en janvier 2022 /2021. D’après la Banque d’Espagne, l’inflation espagnole devrait atteindre +3,7% en moyenne en 2022 après un +3,1% en 2021.

Les industriels de la viande craignent d’être moins compétitifs que par le passé vers les pays de l’UE en raison de plusieurs hausses consécutives du salaire minimum interprofessionnel (SMI). La dernière hausse, bien que non encore signée par les organisations patronales, a été annoncée début février par le Gouvernement de Pedro Sanchez et devrait porter le SMI à 1 165 euros bruts par mois avec effet rétroactif au 1er janvier. Le Gouvernement espagnol s’est engagé à porter le salaire minimum à 60% du salaire moyen d’ici la fin de la législature en 2023. Ces hausses, les plus importantes depuis des décennies, sont destinées à hisser le salaire minimum espagnol – jusqu’alors très faible – au niveau de celui de ses voisins européens. Par ailleurs, la hausse des prix des aliments du bétail affecte particulièrement les systèmes d’engraissement espagnols, principalement basés sur des rations sèches.