Les cours des veaux de boucherie ont amorcé début mai leur baisse saisonnière, alors que les coûts alimentaires et de l’énergie restent très élevés. Dans ce contexte de flambée des prix des matières premières et après les perturbations de marché à cause des restrictions sanitaires, les intégrateurs réduisent les mises en place depuis plusieurs mois déjà et les abattages sont en recul. Aux Pays-Bas, le gouvernement a présenté le 10 juin son plan de réduction des émissions d’azote, qui impliquera une baisse globale très importante des cheptels d’ici 2030.
Les cours reculent
Après plusieurs mois en hausse, les cours des veaux de boucherie ont entamé leur baisse saisonnière début mai. La cotation du veau rosé clair O élevé en atelier a perdu 11 centimes en cinq semaines pour atteindre 6,59 €/kg éc en semaine 23. Les fortes chaleurs du mois de mai ont limité la consommation de veau. Les moindres disponibilités, en raison du recul des mises en place, ont toutefois permis de maintenir les prix à des niveaux bien supérieurs aux années précédentes (+22% /2021 et +45% /2020).
Le veau rosé clair R élevé en atelier a également été impacté par le recul saisonnier de la consommation de viande de veau : à 6,94 €/kg éc il a perdu -11 cts depuis la semaine 19. Plus haut de gamme que le veau O, il subit aussi les conséquences de l’inflation (l’indice des prix à la consommation du bœuf et du veau était en hausse de +8,5% /mai 2021 selon l’Insee), qui limite les achats de produits chers par les ménages. Alors que l’écart de prix entre le veau O et le veau R était de 75 cts en mai 2021, il était réduit à 34 cts en mai 2022.
Les veaux sous la mère ont été encore plus affectés par une baisse de la consommation en 2022. Le veau rosé clair U élevé au pis cotait 8,46 €/kg éc en moyenne au mois de mai, en recul de -3,3% /2021 alors même que les coûts de production des éleveurs sont en hausse, comme pour toute l’agriculture.
Les coûts de production restent élevés
L’IPAMPA des aliments d’allaitement pour veaux a gagné +7,4 points en un mois pour atteindre 165,5 points en avril (+38% /2021, +44% /2020), tandis que l’IPAMPA des autres aliments pour veaux s’établissait à 136,3 points (+23% /2021, +34% /2020). La poursuite de la hausse des coûts alimentaires pèse sur la rentabilité des entreprises d’intégration : l’augmentation des prix des veaux gras sur cette période (+15% /2021) a été insuffisante pour compenser celle des coûts.
Les cours français des ingrédients laitiers étaient toujours à des niveaux élevés en mai : 4 050 €/t en semaine 22 pour la poudre maigre (+55% /2021) et 1 250 €/t pour la poudre de lactosérum (+23% /2021). Le rétablissement de mesures de confinement très strictes dans plusieurs grandes villes chinoises a fait reculer la demande au printemps, les cours des poudres de lait se sont érodés entre s18 et s22 (-2% pour la poudre maigre, -10% pour la poudre de lactosérum). Mais le ralentissement de la production laitière chez les principaux pays exportateurs pourrait faire remonter les prix.
Quant aux éleveurs, ils sont fortement affectés par la hausse du prix du gaz. L’IPAMPA gaz a progressé de +33% en un an pour atteindre 151 points en avril.
L’offre est limitée
96 000 veaux ont été abattus en mai d’après les données Normabev, en repli de -5,5% par rapport au mois de mai 2021 qui comptait pourtant deux jours ouvrés de moins. En cumul sur 5 mois, les abattages de veaux se sont contractés de -5,2% /2021 (487 000 têtes). Après plusieurs années de crise et dans un contexte de forte hausse des coûts de production, les intégrateurs ont préféré limiter les mises en place. En tonnage, cela représente une baisse de -4,9% /2021 avec 72 000 téc.
A 149,5 kg en mai, le poids de carcasse moyen était en retrait de -1,4 kg sur un an du fait de la flambée des coûts de l’alimentation animale. Par ailleurs les moindres disponibilités ont permis une fluidité des sorties et l’âge moyen des veaux abattus sur les 5 premiers mois de l’année n’a pas progressé (186 jours).
Comme chaque année, Interbev a lancé une campagne de promotion de la viande de veau pour la Pentecôte. Mais les opérations de mise en avant, qui se sont tenues en GMS autour de la semaine 22, semblent s’être heurtées à l’inflation et à une météo peu propice aux achats des ménages.
Pays-Bas : le recul saisonnier des cours semble également amorcé
Après plusieurs semaines de stabilité à des niveaux record, la cotation du veau de boucherie pie-noir néerlandais a perdu -15 cts en cinq semaines. La demande de la RHD européenne est plus faible avec les beaux jours qui reviennent.
Les abattages de veaux néerlandais ont été dynamiques sur les trois premiers mois de l’année grâce à la réouverture de la RHD européenne après une année 2021 marquée par des confinements et des couvre-feux successifs : +4,2% /2021 avec 52 000 téc d’après Eurostat. Ils ont retrouvé leur niveau des trois premiers mois 2020, avant l’instauration du premier confinement.
Le 10 juin dernier, le gouvernement néerlandais a présenté son Programme National pour les Zones Rurales. Il y précise les modalités de l’obligation de réduction des émissions d’azote nationales d’ici 2030. Les quantités d’azote devront diminuer de -12% à -70% en fonction des zones, les réductions les plus fortes concernent les surfaces à proximité des zones Natura 2000. Chaque Province néerlandaise a désormais un an pour établir son plan d’action régional. Si tous les secteurs sont concernés par les mesures mises en place, les agriculteurs seront les premiers touchés : « Pour les agriculteurs, cela signifie que les émissions devront baisser de 40%. Cela signifie environ 30% de bétail en moins », a indiqué la télévision publique NOS. Les 31 milliards d’€ du plan seront essentiellement destinés à soutenir les agriculteurs qui devront changer leurs pratiques voire arrêter leur activité.