La météo estivale très humide au Royaume-Uni et en Irlande a produit des fourrages de mauvaise qualité, rendant plus difficile la finition des agneaux et retardant les sorties. A l’inverse, la France subit encore la sécheresse de 2022, avec un recul marqué des abattages d’agneaux d’une année sur l’autre. En Espagne, la situation hydrique n’est pas moins préoccupante et freine les exportations.
Royaume-Uni : le cheptel ovin au plus bas niveau depuis 2011
La cotation de l’agneau fini au Royaume-Uni a fluctué, mais est restée historiquement plutôt ferme en 2023, surtout depuis début août. En semaine 40 (se terminant le 8 octobre), elle s’établissait à 6,38 €/kg, soit 38 centimes au-dessus de son niveau de 2022 à pareille époque.
Le resserrement des sorties a soutenu les prix de l’agneau fini au cours des dernières semaines. La disponibilité du fourrage est désormais à surveiller plus attentivement : comme en Irlande, l’été pluvieux a réduit la qualité des fourrages, rendant plus difficile la finition des agneaux, avec moins de réserves à venir. Cela a soutenu le commerce d’agneaux auprès des engraisseurs, la demande persistant malgré la hausse des prix.
La hausse des volumes de viande ovine exportée ainsi que la baisse des importations participent aussi à alléger le marché britannique, ce qui soutient le cours de l’agneau.
Sur les 8 mois en 2023, la production britannique était au niveau de 2022, à 187 000 téc : les effectifs d’agneaux comme de réformes abattus ont augmenté de +2%, mais les poids de carcasse ont reculé sur la même période : volonté d’alléger les agneaux pour répondre à une baisse de la demande et, plus récemment, mauvaise finition des ovins en raison du manque de fourrages de qualité.
Malgré une production stable, les exportations britanniques de viande ovine sur les huit premiers mois de 2023 ont bondi de +12% par rapport à une année 2022 marquée par des exportations modestes (post-Brexi). Face à des achats de viande d’agneau par les Britanniques toujours modérés, les importations de viande ovine ont chuté, de -24% /2022, dont -28% en provenance de Nouvelle-Zélande et -17% d’Irlande.
L’enquête annuelle du Defra montre que le cheptel ovin anglais a diminué de -3,2% sur un an, pour atteindre 14,5 M de têtes en juin 2023. Il s’agit du plus bas niveau enregistré depuis 2011. Le cheptel de reproductrices a baissé de -1,6% et celui des agneaux de moins d’un an de -4,9%. Ces réductions poursuivent la tendance observée depuis 2017 et les principales causes sont connues : fluctuation des coûts des intrants, changements dans la politique agricole (moins d’aides directes) et baisse des achats des ménages.
Irlande : ralentissement des abattages au 2nd semestre
La cotation de l’agneau irlandais de la nouvelle saison, à 6,35 €/kg en semaine 40, demeurait stable pour la 8ème semaine consécutive, et en hausse de +5 centimes d’une année sur l’autre.
En hausse au 1er semestre, les abattages d’ovins irlandais se sont ensuite repliés au 3ème trimestre. Sur 9 mois en 2023, les effectifs ont baissé légèrement de -1% /2022, avec davantage d’agneaux abattus (+0,7% /2022, à 1,8 M de têtes), mais moins de réformes (- 13% /2022, à 229 000 têtes).
Comme au Royaume-Uni, avec un été pluvieux les fourrages récoltés ont été d’une qualité médiocre ce qui a entraîné une mauvaise finition des agneaux et des retards de sorties. La production irlandaise devrait donc augmenter au 4ème trimestre 2023 et au 1er trimestre 2024.
Malgré une hausse de production sur 7 mois (+5% /2022), les exportations de viande ovine irlandaise ont baissé de -3% /2022 sur la même période, dont -6% vers la France. Elles étaient par ailleurs stables vers le Royaume-Uni.
Espagne : la sécheresse pénalise la filière
Le cours de l’agneau espagnol poursuivait sa hausse en semaine 40 – conjointement à la baisse saisonnière de la production – et s’établissait alors à 7,83 €/kg, soit +0,60 € au-dessus de son niveau de 2022.
En 2022, beaucoup d’éleveurs avaient réformé prématurément leurs brebis pour faire face à la sécheresse, ce qui a réduit les agnelages et les abattages d’agneaux en 2023 (-6% /2022 sur 7 mois). Le nombre de réformes abattues a parallèlement chuté (-10%), le nombre de brebis ayant considérablement diminué l’an passé. Au total sur les 7 premiers mois de 2023, la production espagnole de viande ovine a chuté de -8% /2022, à 66 000 tonnes.
L’Espagne a subi un déficit de précipitations durant l’année hydrologique achevée fin septembre 2023, estimé à -12% par rapport à la moyenne des enregistrements annuels depuis 1991, selon l’agence météorologique espagnole. Les précipitations ont été plus élevées qu’en 2022, mais la situation reste extrêmement préoccupante, notamment pour les agriculteurs espagnols.
Face à des approvisionnements amoindris, les exports d’agneaux vivants espagnols ont chuté, de – 14% /2022, à 824 000 têtes sur 7 mois, notamment vers la Jordanie (-54%), et malgré l’explosion des envois vers la Libye (x13).
Les exportations de viande ovine ont elles aussi baissé, de -10% /2022 sur la même période, totalisant 28 000 téc. Les hausses vers le Portugal (+36%), l’Italie (+12%) et la Grèce (+50%) n’ont que partiellement compensé d’importants replis, en premier lieu vers le Qatar (- 65%).
Nouvelle-Zélande : production et envois en léger recul sur 8 mois
De janvier à août 2023, la production ovine abattue en Nouvelle-Zélande a reculé de -1% d’une année sur l’autre, à 294 000 t. Les effectifs d’agneaux abattus se sont repliés de -2% /2022 et ceux des ovins adultes de -5% /2022. Les carcasses d’agneaux comme d’ovins adultes destinés à l’export se sont alourdies, de respectivement +1,5% et +2,5% /2022, à 19,2 kg et 25,8 kg de carcasse.
Sur la même période, les exports néozélandais de viande ovine ont également reculé de -1% /2022, à 293 000 téc. Après une nette baisse en juillet (volumes très élevés en juillet 2022 pour rattraper le retard lié aux perturbations causées par le Covid au 1er trimestre), ces derniers se sont redressés.
Sur 8 mois, les volumes exportés vers la Chine ont progressé (+13% /2022, à 155 000 téc). Ils ont en revanche fortement fléchi vers le Royaume-Uni (-26%, à 24 000 t), la Malaisie (-54%, à 4 000 téc) et les États-Unis (-17%, à 20 400 téc). Les envois vers l’UE à 27, ont progressé de +4%, en premier lieu vers les Pays-Bas et la Belgique, totalisant 50 000 téc sur la période.
Le marché de la viande ovine de Nouvelle-Zélande est soumis à une pression importante en raison du déclin du cheptel ovin face à l’augmentation du nombre de bovins de boucherie comme laitiers.