Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

Les cotations des broutards français ont chuté durant l’été. Sur le marché italien, les prix des animaux finis restent au plancher. Les cotations des jeunes femelles s’en tirent mieux, bien qu’en très légère baisse /2019.

Chute des cotations des broutards destinés à l’Italie

Après avoir atteint un palier en juin, les prix ont chuté à partir de début juillet. La cotation du Charolais U de 450 kg a perdu 8% en deux mois à 2,34 €/kg en semaine 36. La variation par rapport à 2019 à la même époque est de -8%. Le marché du JB fini en Europe est lourd, particulièrement en Italie où les viandes polonaises et espagnoles ont fini par s’implanter en GMS. Les prix des JB finis en Italie sont à un plancher saisonnier, plus bas qu’en 2019 et sans remontée des cours en fin d’été. Les engraisseurs rectifient les prix d’achats de broutards, d’autant qu’ils anticipent une baisse de la demande en viande dans les mois à venir en lien avec le ralentissement économique et la baisse du tourisme.

Les cours français des animaux plus légers sont également orientés à la baisse alors qu’ils augmentaient l’an dernier à la même époque. La cotation du Charolais U de 350 kg a perdu 21 centimes en 5 semaines pour tomber à 2,50 €/kg vif en semaine 36, soit -6% /2019. Celle du Limousin E de 300 kg se situait à 2,90 €, soit -7% /2019 (la baisse en juin était de 4%) et celle du Croisé U de 300 kg à 2,79 €/kg, -2% /2019. Globalement, toutes les catégories de mâles sont impactées par la lourdeur des marchés italien et espagnol.

Les cotations des femelles limousines sont quasi inchangées depuis février (-2 centimes cet été) à 2,73 €/kg vif : la Limousine E de 270 kg est toujours en léger repli de -1% /2019. La cotation de la femelle charolaise U de 270 kg a regagné 2 centimes pendant l’été pour atteindre2,58 €/kg, soit -3% /2019. Après plusieurs années de forte progression, la demande pour ces animaux atteint un plateau en Italie, mais reste soutenue.

Une offre toujours en retrait par rapport à 2019

L’offre en broutards en âge d’être exportés s’est réduite au 2ème trimestre. Au 1er août on dénombrait 565 000 mâles allaitants de 6-12 mois dans la BDNI, un effectif en recul de -4% /2019.

Ce repli de l’offre est à peu près stable ces 4 derniers mois et reste très marqué en races charolaise (227 300 têtes, -6% /2019) et blonde (53 200 têtes -6% /2019). Il n’est toutefois pas suffisant pour maintenir les cours.

L’offre réduite de broutards est directement liée au repli du cheptel de vaches de type viande observé depuis 2016 et qui se poursuit. Au 1er août on dénombrait 3 738 000 vaches allaitantes en France, soit -1,9% /2019 et -6,6% /2016 (Voir Gros bovins en France).

La campagne 2019/2020 de naissances de veaux issus de mère allaitante se clôt fin juillet avec 3 375 000 naissances, un chiffre en recul de 2% par rapport à la précédente. Sur janvier-juillet 2020, la baisse des naissances est faible d’une année sur l’autre (-0,3% /2019) mais reste forte par rapport aux années précédentes (-5,6% /2018 et -4,0% /2017).

Ainsi l’offre en broutards restera limitée en France dans les mois à venir. Ce recul des disponibilités lié à la baisse du cheptel devient préoccupant, d’autant plus que cela ne parvient pas à soutenir le cours des broutards.

La reprise de l’export en juin ne compense pas le retard en 2020

Le déconfinement a permis une reprise des exports, notamment sur les semaines 23 à 26 (qui comprennent le mois de juin) à 87 000 têtes, soit +8% par rapport aux mêmes semaines en 2019. Cette reprise est insuffisante pour rattraper le retard pris au 2ème trimestre. Selon les données de la BDNI, 630 000 têtes ont été expédiées sur les 30 premières semaines de l’année (-4% /2019, très bonne année vers l’Italie et l’Algérie, et -2% /2018). Le recul est plus marqué pour les femelles (-8%) que pour les mâles (-3%). Le recul des exports est très prononcé depuis février, du fait de l’offre en broutards en diminution, du marché du JB lourd en Europe (Italie, Espagne) et du ralentissement économique des pays tiers.

Le repli global des envois est lié en grande partie à la chute du commerce avec l’Espagne. Du 2 août au 5 septembre, les envois sont demeurés globalement stables vers l’Italie, mais avec une progression des envois de mâles et un repli des envois de femelles. Les expéditions vers l’Espagne sont toujours ralentis, plus faibles qu’en mai, de 7% (voir tendance Juin). Très orientée à l’export sur les pays tiers, la production espagnole de JB a été frappée beaucoup plus durement par la crise sanitaire et les mesures de confinement que la filière italienne. Depuis mars, les achats espagnols de broutards ont reculé en volumes et en prix et se sont de nouveau concentrés sur les veaux laitiers, une tendance qui devrait perdurer.

Des exportations vers les pays tiers ralenties durant l’été

Depuis le début de l’année, la Covid-19 a impacté les exports hors de l’UE, avec 33 400 broutards envoyés entre janvier et juillet, soit -18% par rapport au niveau record de 2019 mais +5% /2018. L’Algérie reste la 1ère destination avec 26 500 broutards sur janvier-juillet (-23% /2019 mais +3% /2018). L’activité commerciale sur pays tiers est restée ralentie durant la 1ère partie de l’été, gênée en partie par le nouveau cahier des charges des broutards vers l’Algérie (max 450 kg poids vif et 14 mois d’âge) et par les fortes températures. En juillet, selon les douanes françaises, 4 400 broutards ont été expédiés vers les pays tiers, dont 2 300 vers l’Algérie, et 2100 vers Israël. Le gouvernement israélien va reconfiner strictement sa population à partir du vendredi 18 septembre, durant les 3 semaines de fêtes juives, ce qui ne va pas simplifier les flux. Dans certains pays du pourtour méditerranéen comme le Maroc, le déconfinement n’est que partiel.

Un automne incertain

Après la baisse des cours durant l’été, le prix des broutards pourrait se stabiliser cet automne. Les Italiens resteraient aux achats, mais avec prudence. La baisse des ventes pourrait se poursuivre vers l’Espagne où les engraisseurs continuent de se tourner vers les veaux nourrissons très bon marché. Les marchés des pays tiers, actuellement atones tant en viande qu’en vif, auront du mal à soulager le marché européen.