Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

En Europe, la hausse saisonnière des cours s’est poursuivie, parfois à des niveaux très supérieurs aux années précédentes, en Irlande et au Royaume-Uni notamment. Partout, l’offre est restée limitée alors que la demande restait relativement soutenue.

ALLEMAGNE : offre toujours faible et cours soutenus

En Allemagne les ventes au détail de viande, de saucisse et de volaille ont à nouveau augmenté sur le premier trimestre 2021 (+5% /2020). La viande bovine a connu à nouveau la plus forte hausse (+15%) alors que le pays était touché par la pandémie en mars 2020 et que les premières restrictions concernant la restauration étaient mises en œuvre.

Ces restrictions sur le secteur de la restauration restaient toujours d’actualité début mai entraînant le report de la consommation vers le détail. L’ouverture complète de la restauration n’est pas encore à l’ordre du jour et d’après AMI, les achats au détail des ménages devraient encore être élevés à court terme. En raison de la hausse des températures, la viande à griller devient plus demandée et les trois jours fériés de mai notamment pourraient donner un « coup de fouet » à la saison des barbecues alors que les produits à base de viande de bœuf et les produits plus « copieux » pourraient voir leur consommation diminuer comme habituellement pour cette saison.

En attendant, l’offre en réforme est restée très limitée et la demande vive. Sur les 4 semaines d’avril 2021 (s.14 à 17) les abattages de vaches ont été globalement faibles même si supérieurs aux niveaux du 1er confinement (+25% /2020, mais -7% /2019).

Les cotations ont donc logiquement poursuivi leur hausse saisonnière. En semaine 17, la vache O cotait 3,08 €/kg de carcasse (+22% /2020 et +2% /2019). C’est 15 centimes de plus en un mois et 50 centimes de plus depuis le début de l’année. D’après AMI, le marché devrait rester soutenu dans les semaines à venir faute d’offre. Habituellement, la demande en réforme diminue avec les températures estivales, soit pas avant la fin du mois de mai.

Irlande : les cours poursuivent leur envolée

En Irlande, l’offre dans toutes les catégories a encore été restreinte tout au long du mois d’avril malgré une demande soutenue des abattoirs. D’après l’indicateur hebdomadaire du ministère de l’Agriculture irlandais, sur les 4 semaines d’avril (s.14 à 17) les abattages de gros bovins dans les abattoirs agréés pour l’export ont à nouveau été limités, bien que très supérieurs à une année 2020 particulière (+10% /2020 et -11% /2019). Même situation pour les abattages de réformes qui restent contenus malgré la demande notamment en vaches conformées (+42% /2020 et +4% /2019).

Sur les quatre premiers mois de l’année, les abattages de toutes les catégories ont été en retrait à l’exception de ceux des vaches dont les abattages avaient été affectés en début de pandémie (+1% /2020, mais -9% /2019).

Face à un manque d’offre, les cotations irlandaises ont vivement progressé. Celle de la vache O atteignait 3,35 €/kg de carcasse en semaine 17 (+35% /2020 et +20% /2019) soit 23 centimes de plus sur le mois d’avril (+7%) !

Les autres catégories ne sont pas en reste. Le bœuf R irlandais cotait 4,09 €/kg de carcasse en semaine 17 (+20% /2020 et +11% /2019) en hausse également de 23 centimes au mois d’avril (+6%).

D’après Bord Bia sur les deux premiers mois de l’année, si les exportations en valeur de viande bovine irlandaise réfrigérée et congelée ont été globalement stables (+1% /2020 et = /2019 en valeur), elles ont nettement reculé vers son premier client le Royaume-Uni (-6% /2020 et -23% /2019). Les flux vers l’UE-27 ont notamment progressé dans le même temps (+18% / 2019 et 2020) notamment vers la France (+7% /2020), les Pays-Bas (+16%), la Suède (x4) ou l’Allemagne (+4%).

Royaume-Uni : des cours toujours plus haut !

Au Royaume-Uni, avant de voir pleinement les effets de la réouverture partielle de la restauration intervenue le 12 avril dernier, les ventes au détail sont restées dynamiques d’après Kantar. Les achats de viande bovine par les ménages britanniques ont continué à tenir bon. Certes, les volumes vendus au détail ont reculé au cours des 12 semaines précédant le 18 avril (-4,7% /2020), mais cette comparaison est tronquée par le début de la pandémie de coronavirus en 2020. Par rapport à 2019, les volumes totaux de viande bovine vendus étaient en nette augmentation (+11%).

La hausse saisonnière des cours s’est poursuivie, battant chaque semaine de nouveaux records. Début mai, le cours de la vache O atteignait 2,97 £/kg de carcasse (+29% /2020 et +13% /2019) soit 3,42 €/kg de carcasse en semaine 17 ! Et les cours de toutes les catégories de bovins ont suivi la même tendance à la hausse.

S’ils restent limités, les abattages de gros bovins se sont légèrement redressés pour toutes les catégories. Sur les quatre dernières semaines connues (s.14 à 17) ils ont légèrement progressé (+2% /2020 et +7% /2019). Les abattages de bœufs (-3% /2020 et +2% /2019) et de génisses (-2% /2020 et +9% /2019) atteignent des niveaux intermédiaires entre les deux années précédentes. Ceux de vaches (+9% /2020 et +7% /2019) et surtout ceux de JB (+26% /2020 et +31% /2019) ont enregistré de nettes progressions.

Du côté des cuirs, le marché avait été durement touché au début de la pandémie de coronavirus. En effet, le secteur de la tannerie avait été pratiquement fermé notamment en Italie entraînant une chute des cours dans le monde entier. D’après AHDB, la situation s’est bien  redressée depuis, les cotations dépassant nettement le niveau d’avant pandémie. Les hausses pourraient être plus difficiles désormais au Royaume-Uni malgré des abattages en retrait : les récentes hausses de prix ont été soutenues par des acheteurs italiens qui ont désormais reconstitué leurs stocks et la hausse des prix du fret limite désormais l’intérêt de l’exportation d’une partie des produits vers la Chine d’après AHDB.

En janvier puis février, le commerce extérieur britannique de viande bovine s’est effondré, notamment vers l’UE alors que de nouvelles procédures douanières sont entrées en vigueur au 1er janvier 2021. Seulement 24 100 téc ont été importées (-38% /2020 et -45% /2019) et 6 400 téc exportées (-70% 2020 et -66% /2019) sur deux mois.

POLOGNE : poursuite du redressement des cours

Le cours de de la vache O polonaise a poursuivi son redressement. Il a repris 12 centimes d’euros (+5%) en avril pour remonter à 2,70 €/kg de carcasse en semaine 17 (+16% /2020 ; +3% /2019). Avec la dépréciation du zloty des semaines passées, le redressement a été encore plus soutenu pour les éleveurs polonais.

Les prix polonais restent tout de même très compétitifs à l’export. Sur le 1er trimestre 2021, la France a ainsi par exemple importé 8 800 téc de viande bovine polonaise (+13% /2020 et -2% / 2019) malgré des disponibilités en retrait.