Portée principalement par un début de campagne dynamique en Nouvelle-Zélande, l’offre laitière cumulée des principaux exportateurs était en hausse pour le 2ème mois consécutif en septembre 2024. Les évolutions restaient cependant contrastées.
Le redressement de la production impulsé par la Nouvelle-Zélande
Depuis plusieurs mois, les cours du beurre ont baissé aussi bien aux États-Unis qu’en Nouvelle-Zélande. D’après AMI, ils avaient reculé en octobre 2024 de 250 € en un mois en Océanie, à 5 900 €/t (+22% /2023) et de 600 € en Amérique du Nord, à 5 400 €/t (-23% /2023). Actifs sur les marchés au premier semestre, les États-Unis sont désormais moins présents, utilisant leurs niveaux de stocks élevés. D’après l’USDA, ces stocks avaient reculé de 10 000 tonnes en septembre dernier, mais restaient 14% plus élevés qu’un an auparavant, à 137 000 tonnes.
Une collecte laitière européenne en retrait
Après une période de hausse au 1er semestre 2024, la collecte au sein de l’UE-27 a marqué un recul sur un an au 3ème trimestre à 35,8 Mt (-0,3% /2023). Les dynamiques au sein de la zone restaient toutefois très différentes. D’après Eurostat, entre juillet et septembre 2024, la collecte française était en progression sur un an (+2,0% /2023), tout comme la collecte polonaise (+1,7%). Si la collecte italienne était stable, les collectes allemande (-1,2%), belge (-1,7%), irlandaise (-2,0%) et surtout néerlandaise (-3,2%) ont reculé sur un an.
Cependant, en septembre 2024, les livraisons de lait dans l’UE-27 se sont rapprochées de celles de l’année précédente. D’après AMI, les effets de la FCO sur la productivité laitière ont diminué notamment en Belgique et aux Pays-Bas. Ce n’était cependant pas les cas en Allemagne.
Début de campagne laitière dynamique en Nouvelle-Zélande
En Nouvelle-Zélande, la campagne laitière 2024/2025 entamée en juin dernier a commencé sur des bases plutôt dynamiques. Entre juin et septembre 2024, 4,56 millions de tonnes de lait ont ainsi été produites dans le pays, soit une hausse de près de 6%. En septembre 2024, la production néozélandaise était en hausse sur un an pour le 3ème mois consécutif.
Et depuis le début de l’année civile, les abattages de vaches de réforme ont été en retrait dans le pays. Un peu moins de 840 000 vaches ont été abattues sur les 9 premiers mois de 2024 (-5% /2023 et -1% /2022). Les abattages sont notamment en net retrait depuis le début de la nouvelle campagne laitière en juin 2024, soulignant le dynamisme de la collecte.
La Nouvelle-Zélande est désormais affectée par des conditions climatiques plus instables liées au changement de cycles El Niño/La Niña. Le New Zealand National Institute of Water and Atmospheric Research (NIWA) publie un indice d’oscillation australe (SOI) pour quantifier les différences de pression atmosphérique afin de déterminer les conditions favorables à El Niño ou La Niña et de faire des prévisions.
Après une campagne laitière 2023/2024 passée sous l’influence d’El Niño, la nouvelle campagne devrait être concernée par des conditions climatiques typiques de La Niña d’après le modèle météorologique. Au cours de la période allant de mi 2020 à début 2023, les conditions climatiques induites par La Niña avaient entraîné des conditions sèches dans le sud du pays et des conditions humides dans les régions du nord et de l’est. Pour la suite de la campagne laitière 2024/2025, la présence potentielle de La Niña pourrait se traduire par une croissance favorable des pâturages dans l’Île du Nord, où se trouve la majorité du cheptel néo-zélandais, avec une progression possible de la production laitière dans le pays.
Redressement limité de la production australienne
Après un redressement limité de la production laitière en Australie lors de la campagne 2023/2024, le début de la campagne 2024/2025 reste marqué par une progression de la production sur un an. De juillet à septembre 2024, la production australienne a atteint 2,14 millions de tonnes (+1,9% /2023), notamment grâce à des conditions climatiques plutôt favorables par rapport aux années passées.
Malgré cette progressions de la production en début de campagne, les perspectives pour la filière laitière australienne restent mitigées d’après le ministère australien de l’Agriculture. Les prix à la production pourraient reculer alors que la production laitière pourrait diminuer de 1% au cours de la campagne entamée en juillet dernier.
La production étasunienne à l’équilibre sur un an malgré l’épizootie d’IAHP
Aux États-Unis, après 5 mois consécutifs de baisse, la production laitière s’est redressée sur un an en août et en septembre 2024. Sur le 3ème trimestre 2024, elle a atteint 25,41 millions de tonnes, stable sur un an.
Le 19 novembre 2024, 550 cas d’IAHP (influenza aviaire hautement pathogène) avaient été confirmés dans 15 états depuis l’apparition de la maladie. Mais sur les 550 cas, 217 nouveaux cas avaient été diagnostiqués entre mi-octobre et mi-novembre 2024 dans les états de Californie (202 cas), de l’Utah (13) et de l’Idaho (2).
Pour le moment, si l’épizootie d’IAHP continue de progresser au sein du pays, il reste difficile d’en mesurer les effets sur la production laitière. D’après les dernières données disponibles, la production laitière en Californie, principal état concerné par l’épizootie, est restée stable sur un an en septembre 2024 à 1,46 million de tonnes.
Collecte toujours limitée en Argentine
En septembre 2024, la collecte argentine de lait de vache restait en retrait sur un an. Sur le 3ème trimestre 2024, elle a atteint seulement 2,82 millions de tonnes (-4% /2023). Le pays reste affecté par plusieurs années consécutives de sécheresses et de crises, limitant les disponibilités en fourrages et les possibilités d’achat d’intrants sur le marché mondial.
D’après l’USDA, si la production de lait en Argentine finira en net retrait sur l’ensemble de l’année 2024, un rebond substantiel de la production laitière est attendu pour 2025. Bien évidemment, la météo du premier trimestre 2025 sera un élément clé de la production pour l’ensemble de l’année civile. Un autre facteur pourrait également affecter ce rebond attendu : la présence potentielle de la chicharrita (cicadelle) sur la production de maïs et de l’ensilage de sorgho, notamment dans le nord du pays.