L’accélération de la décapitalisation allaitante ces derniers mois a entrainé un recul du nombre de broutards disponibles. Face à cette baisse de l’offre, la demande est restée ferme, à l’export comme en France. Les prix ont poursuivi leur hausse inédite.
Les cours des Charolais ont poursuivi leur hausse
Après un léger ralentissement en mars, les cours des Charolais ont repris leur rapide hausse ces dernières semaines. L’offre manque, car, aux effets de la décapitalisation s’ajoute la baisse saisonnière des sorties au moment de la mise à l’herbe. Le Charolais U de 350 kg a dépassé les 3,40 € : il cotait 3,44 €/kg vif en semaine 19. Il a gagné +13 centimes en cinq semaines, et +80 centimes en un an (+30% /2021).
La hausse a été encore plus marquée pour les mâles charolais U de 450 kg grâce à la fermeté de la demande, notamment en Italie. Dans un contexte de forte hausse du prix de l’alimentation, les engraisseurs ont davantage intérêt à acheter des animaux lourds plus rapides à finir afin de limiter les coûts d’engraissement. A 3,31 €/kg, le cours du Charolais U de 450 kg a progressé de +19 centimes en cinq semaines (+87 cts ou +36% /2021).
Le marché des broutards limousins était plus équilibré ces dernières semaines avec davantage de sorties. Le cours du Limousin E de 350 kg s’est stabilisé à 3,32 €/kg en semaine 19, il reste largement supérieur à son niveau des années précédentes (+19% /2021, +18% /2020). Le mâle Croisé R de 300 kg cotait 3,00 €/kg soit +63 cts /2021 (+27%).
La progression des cours des femelles a été moins fulgurante que pour les mâles. Dans un contexte de forte hausse du prix de l’alimentation, le coût d’engraissement des femelles est d’autant plus élevé que leurs performances à l’engraissement sont inférieures à celles des mâles. La cotation de la Charolaise U de 270 kg a gagné +4 cts en cinq semaines pour atteindre 3,04 €/kg en semaine 19 (+40 cts /2021). La Limousine E de 270 kg s’établissait à 3,21 €/kg vif, soit +39 cts /2021 (+14%).
-97 000 naissances depuis juillet 2021
En mars 2022, au pic saisonnier des naissances allaitantes, 441 000 veaux sont nés selon SPIE-BDNI soit 16 000 naissances de moins qu’en mars 2021 (-3,5%), conséquence de la décapitalisation. En effet, au 1er avril la France comptait 3,69 millions de vaches allaitantes, en recul de -2,9% /2021 (-110 000 têtes).
En cumul de juillet 2021 à mars 2022, 2 665 000 veaux sont nés de mère allaitante soit une baisse de -97 000 têtes par rapport à la campagne précédente (-3,5%). La baisse est un plus marquée pour les Charolais (989 000 naissances ; -3,9% /2021) que pour les Limousins (746 000 naissances ; -3,0%).
La baisse des naissances allaitantes a fortement réduit les disponibilités en broutards. Au 1er avril étaient présents dans les élevages 945 000 mâles allaitants de 0 à 6 mois, en recul de -3% /2021 (-4% /2020). Les effectifs de 6 à 12 mois totalisaient 495 000 têtes, en baisse de -4% /2021. Le manque de disponibilités pèse d’abord sur les exportations d’animaux maigres.
Les envois s’effondrent
Selon SPIE-BDNI, la France a exporté 110 000 broutards en mars (semaines 9 à 13), en recul de -9% par rapport aux envois particulièrement dynamiques de l’année dernière.
En cumul depuis le début de l’année jusqu’à la semaine 16 (fin avril), les envois se sont effondrés de -10% /2021. La baisse est plus marquée pour les femelles (-12%) dont la part a baissé de 2 points (36,5% des envois), que pour les mâles (-9%). Malgré le maintien de la demande, le recul des disponibilités affecte les envois. Le disponible exportable est d’autant plus faible qu’à la décapitalisation allaitante s’ajoute la réorientation d’une partie des animaux vers les ateliers français.
D’après les données de janvier-février des Douanes françaises, 142 000 broutards ont été exportés vers l’Italie, en repli de -7% /2021. La baisse avait alors été très marquée pour les femelles > 300kg dont les envois se sont contractés de -12%.
La baisse des envois vers l’Espagne est bien plus prononcée : -34% /2021 sur les deux premiers mois de l’année avec seulement 15 000 têtes. Dans un contexte de manque de disponibilités de broutards, les animaux sont avant tout orientés vers les marchés français et italien, plus rémunérateurs. D’autant que la hausse du prix de l’alimentation du bétail inquiète les engraisseurs espagnols, très dépendants des importations de céréales.
Après plusieurs semaines de limitation des échanges à cause de tensions géopolitiques entre l’Algérie et la France, les engraisseurs algériens sont revenus aux achats au début de l’année 2022. 10 000 broutards ont ainsi été exportés vers l’Algérie en janvier-février, en hausse de +21% par rapport aux faibles envois de 2021 et de +5% /2020. Le marché algérien reste difficile à prévoir. Ces dernières semaines le Gouvernement a allongé les durées de quarantaine de façon à freiner les importations, alors même que l’offre en viande bovine manque sur le marché intérieur. Les envois français vers les pays tiers ne devraient pas progresser dans les prochains mois. Mais l’offre étant restreinte, l’impact reste limité.