Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

Alors même que les importations ont plus que doublé en provenance de Nouvelle-Zélande et d’Australie entre le 1er trimestre 2023 et 2024, le cours britannique reste particulièrement élevé. Il dépassait même les 10 €/kg entrée abattoir fin avril, seuil encore jamais atteint par l’agneau français.

Royaume-Uni : la cotation entame sa baisse mais reste élevée

Le cours de l’agneau britannique a entamé sa baisse saisonnière : en semaine 18, il se situait à 9,65 €/kg, soit +1,96 €/kg comparé à 2023 et +2,51 €/kg /2022.

La production britannique de viande ovine a totalisé 68 000 téc sur les trois premiers mois de 2024, en baisse de -5% d’une année sur l’autre. Cela s’explique par un repli de -16% des abattages de réformes (-68 000 têtes) et de -5% des abattages d’agneaux (soit -140 000 têtes). Comparée à la moyenne 2015-2019, elle recule de -1%. Malgré une fête de Pâques un mois plus tôt cette année, les abattages de mars reculent nettement d’une année sur l’autre (-16% en volume).

Les importations de viande ovine ont par ailleurs continué de croître d’une année sur l’autre, illustrant toujours la mise en place des accords commerciaux avec la Nouvelle-Zélande et l’Australie (printemps 2023). Elles ont ainsi progressé de +51% /2023 sur 3 mois en 2024, doublant en provenance de Nouvelle-Zélande et d’Australie mais reculant de -15% d’Irlande.

Malgré une production et des importations dynamiques, les exportations britanniques de viande ovine ont reculé de -4% sur 3 mois en 2024 /2023. Elles ont progressé de +13% vers la France mais se sont repliées de -8% vers l’Allemagne. Elles dépassaient ainsi de +1% leur niveau d’avant Brexit et pandémie de Covid-19 (moyenne 2015-2019).

En plus d’une bonne demande à l’export, des évolutions positives de ventes d’agneau au détail ont été enregistrées ces derniers mois au Royaume-Uni, aidées par une période de forte activité du fait des fêtes religieuses.

Irlande : baisse de l’offre et des exportations

En semaine 18 de 2024, la cotation du Hogget irlandais s’établissait à 9,35 €/kg et celle de l’agneau de nouvelle saison était à 9,55 €/kg la même semaine, soit +1,55 € /2023. Comme au Royaume-Uni, le manque d’offre face à une demande dynamique explique ce niveau de prix, en plus des cotations élevées chez les principaux clients de l’Irlande (France, Royaume-Uni, …).

Après avoir fléchi de -1% /2022 en 2023, les abattages d’ovins irlandais ont perdu -2% /2023 sur les trois premiers mois de 2024. Les effectifs d’agneaux abattus ont augmenté, de +5% /2023 et ceux des réformes ont par ailleurs reculé de -8%. La production de viande ovine en volume a perdu -2%, à 16 700 téc, mais cela reste un niveau soutenu, en hausse de +10% comparé à la moyenne des cinq dernières années sur 3 mois cumulés.

Les exportations de viande ovine irlandaise se sont repliées en février 2024, de -20% / 2023, après un mois de janvier stable d’une année sur l’autre. Sur deux mois 2024, la baisse était de -7% à 8 100 téc dont -7% vers la France mais +11% vers le Royaume-Uni. La concurrence de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, mais aussi du Royaume-Uni, sur le marché européen, explique probablement cette baisse des envois irlandais. Les industriels stockent possiblement la viande ovine qu’ils ne parviennent pas à écouler.

Espagne : l’offre reste en repli

Le cours de l’agneau espagnol oscille autour des 8 €/kg depuis plusieurs semaines, après avoir légèrement diminué en début d’année. En semaine 18, il s’établissait à 8,18 €/kg, soit + 0,78 €/kg, au-dessus de son niveau de 2023. Ce cours élevé illustre une offre toujours en repli.

Après une baisse de -11% entre 2022 et 2023, la production de viande ovine espagnole a poursuivi sa diminution début 2024 : sur 2 mois, à 13 000 téc, elle reculait de -16% /2023. Le nombre d’agneaux abattus baissait de -11% et celui des réformes de -28%.

Avec un disponible nettement diminué, la tendance baissière des exports de viande ovine comme de vifs se poursuit début 2024. Sur les deux premiers mois de 2024, les exportations espagnoles de viande ovine reculaient en effet de – 21% /2023, à 5 100 téc, principalement du fait d’un arrêt des envois vers Oman et d’une forte baisse vers les Emirats Arabe Unis (-84%) et la France (-14%).

Sur la même période, les envois d’agneaux vivants ont nettement chuté, de -24% /2023 à 121 000 têtes, principalement via des fortes baisses vers le Portugal (-19 000 agneaux), la Jordanie (-14 000), la Hongrie (-13 000) et la Libye (-9 000). Parallèlement, les envois de réformes ont plus que doublé, atteignant 21 000 têtes.

Nouvelle-Zélande : baisse de la demande chinoise

Après avoir augmenté de +1% entre 2022 et 2023, la production ovine abattue en Nouvelle-Zélande a augmenté de +3% d’une année sur l’autre, à 147 000 t sur les trois premiers mois de 2024. Le nombre d’agneaux abattus a augmenté de +10%, à 6 M de têtes, tandis que celui des réformes a reculé de -21% à 1 M de têtes.

La hausse des exportations de viande ovine est importante : +4% /2023, à 131 000 téc. Au 1er trimestre 2024, la demande chinoise en agneau néozélandais recule (-18%), la Nouvelle-Zélande subissant la compétitivité de l’Australie sur ce marché. Cette dernière a donc réorienté ses envois, notamment vers le Royaume-Uni (+54%) et l’Amérique du Nord (+40% vers les USA, +35% vers le Canada et x5 vers le Mexique).

L’accord de libre-échange UE-NZ est entré en vigueur le 1er mai 2024 et prévoit l’ajout de 38 000 t de viande ovine à droits nuls au contingent de 1994, qui a lui-même été dispatché entre le Royaume-Uni et l’UE-27 après le Brexit. En tout, ce sont donc 126 000 t + 38 000 t soit 164 000 tonnes en provenance de Nouvelle-Zélande qui peuvent accéder sans droits de douanes au marché de l’UE.