Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

Les mesures de confinement, généralisées en France mais aussi au Portugal et en Italie quelques semaines avant les fêtes pascales, ont provoqué un effondrement des commandes de viande chevreau par les distributeurs. Ceux-ci tablaient sur une réduction des achats par les ménages qui ne pouvaient pas fêter normalement en famille cette fête religieuse. Or cette période concentre en temps normal la moitié des ventes annuelles de chevreaux. (rédigé le 23 avril)

Des débouchés réduits : les cours s’effondrent

Tout début mars, la mise en confinement de l’Italie s’est traduite par la fermeture de la restauration hors-domicile et une tentative de transfert de l’offre de viande caprine vers la grande distribution et les boucheries. L’annulation des commandes explique le ralentissement des flux de viande caprine française vers le marché italien, historiquement la deuxième destination des exportations nationales. Malgré la conjoncture à l’export difficile, les opérateurs français de la filière de viande caprine s’étaient tout de même engagés à poursuivre la collecte et l’abattage des chevreaux engraissés jusqu’à Pâques. A l’inverse de l’abattage des chèvres de réforme a été fortement ralenti.

La mise en place, décalée d’une dizaine de jours, des mêmes mesures de confinement en France et au Portugal (premier débouché à l’export de la viande caprine française) à l’approche de la campagne pascale explique la baisse importante de la demande de viande de chevreau au moment du pic traditionnel de consommation. Le cadre festif collectif dans lequel la viande de chevreau est servie habituellement est désormais interdit, et les problèmes de commercialisation ont été constatés avant même la semaine de Pâques. Ainsi, les principaux abattoirs déclarent une baisse de -50% à -60% des ventes de viande de chevreau en semaine 16.

Avec un prix de 2,70 €/kgéc à Pâques, la baisse est de 20% par rapport à 2019 (3,40 €/kgéc à l’époque).

Cette situation met en grave difficulté les ateliers d’engraissement qui ont perçu un prix de vente inférieur de 20% à celui attendu.

Par ailleurs, si la constitution de stocks permet de résorber l’excédent conjoncturel d’offre, leur écoulement pèsera sur les prix bien au-delà de la crise sanitaire, notamment lors des fêtes de la fin 2020, second pic annuel de consommation. Selon la section caprine d’Interbev, environ 700 tonnes de viande de chevreau seront congelées d’ici la fin la campagne pascale (fin mai). Des nouveaux débouchés devront être trouvés et plusieurs pistes restent à explorer (nouveaux marchés à l’export, collectivités territoriales, industrie agro-alimentaire, etc).

Les abattages plongent en mars, mais le ramassage des chèvres de réforme reprend progressivement

Pour éviter une éventuelle saturation des sites de transformation de lait de chèvre, les éleveurs ont été encouragés à maîtriser leur production laitière. Certains ont cherché à réformer des chèvres peu productives, mais ont dû faire face à l’impossibilité de les vendre aux abattoirs. La collecte des chèvres de réforme était fortement ralentie jusqu’à la semaine 14, puis a progressivement repris selon les régions. Cette mesure a été la principale réponse à la perte de marchés à l’export, important débouché de la viande de chèvre.

Ainsi, avec près de 9 200 têtes en mars, les abattages des chèvres de réforme ont chuté de -24% /2019. Cette baisse serait quasi exclusivement imputable à la semaine 13, où le ramassage des réformes a été quasiment arrêté. Globalement, sur le 1er trimestre, les effectifs abattus n’ont reculé que de -5% /2019, à près de 35 000 chèvres réformées. En effet, après un mois de janvier morose, davantage de chèvres ont été reformées en février (+ 11% /2019), sous l’effet notamment d’un jour ouvré supplémentaire (effet année bissextile).