Après les nombreuses perturbations causées par la Covid-19, les flux européens de viande ovine reprennent progressivement depuis juin, notamment vers la France. Les exportations néozélandaises ont rebondi en juin et juillet permettant de contrebalancer les mauvais résultats dus à la Covid-19. En Australie, malgré une monnaie compétitive et une demande internationale ferme, le manque d’offre limite les envois.
Royaume-Uni : la production s’améliore en juin, avec la reprise de l’export
La production de viande ovine a rebondi en juin, de +8% /2019, avec +9% d’agneaux abattus (+81 000 têtes) et une légère baisse du nombre de réformes (-1%, soit -700 têtes). La reprise de la demande à l’export semble à l’origine de cette reprise des abattages.
Les exportations, qui étaient freinées par divers problèmes en lien avec la pandémie jusqu’en mai, ont repris en juin, notamment vers la France, enregistrant une hausse par rapport à l’an passé (+12%, selon AHDB).
De janvier à juin, les envois britanniques sont tout de même en retrait de -13% /2019, du fait d’une offre en recul et des difficultés commerciales engendrées par la pandémie de Covid-19 entre mars et mai.
La cotation britannique poursuit sa baisse saisonnière, mais à des niveaux élevés par rapport à 2019. A 5,15 €/kg en semaine 33, elle a ainsi gagné 90 centimes d’une année sur l’autre (+33 centimes /2018).
Irlande : des exportations en hausse en valeur au 1er semestre
En Irlande, les abattages d’ovins ont connu une évolution changeante durant l’été. Après avoir progressé en juin et juillet, de respectivement +5% et +8% /2019, ils ont chuté en août (-33% sur les 3 premières semaines).
Cette hausse de production a dans un premier temps pesé sur la cotation irlandaise, mais la demande s’est améliorée courant juillet, avec l’Aïd en fin de mois qui a profité aux achats d’agneau irlandais. La cotation s’est alors nettement redressée. Passé l’Aïd, le cours a ensuite rechuté, en lien avec une demande moindre. Il est tombé à 5,25 €/kg en semaine 34 (se terminant le 23 août), soit 50 centimes de plus d’une année sur l’autre. Les abatteurs ont alors probablement adapté leur activité aux besoins des marchés.
Malgré les complications liées au coronavirus, le 1er semestre a été relativement satisfaisant pour les éleveurs ovins, avec un marché d’exportation solide affichant une augmentation de la valeur de +7% à 168 millions d’euros, malgré une légère baisse du volume de produits expédiés. Les envois vers l’Allemagne ont fortement progressé.
La réorientation des flux néozélandais vers la Chine et la baisse de l’offre l’Australie due aux sécheresses répétés ont permis à l’Irlande de profiter du marché européen.
Espagne : l’offre limitée maintient les cours élevés
Le marché espagnol fonctionnerait au jour le jour, avec des ventes faibles à la mi-août. L’offre relativement limitée tire les cours de l’agneau lourd et détourne les consommateurs vers d’autres viandes.
Les célébrations de l’Aïd ont toutefois mené à une hausse des exportations d’ovins vifs espagnols en juillet. Le commerce vers les pays musulmans était en hausse par rapport à l’an passé. L’Arabie saoudite s’est récemment ouverte au commerce et continuerait d‘acheter, tandis que la Libye, le Liban et l’Algérie domineraient toujours les achats.
Nouvelle-Zélande : le fort regain des envois compense le retard occasionné par la pandémie
Après une baisse conséquente des envois néozélandais de viande ovine en février, la Chine étant alors touchée par la Covid-19, et en avril, l’UE étant à son tour impactée, ceux-ci se sont vivement redressés en juin et juillet, de respectivement +26% et +25% d’une année sur l’autre.
La hausse des exportations en juin et juillet a permis de ramener le cumul sur 7 mois quasiment au niveau de l’an passé (-0,4% /2019). Les exportations vers les principales destinations étaient alors en augmentation, y compris vers l’Union européenne, délaissée par la Nouvelle-Zélande depuis quelques années au profit du géant chinois.
L’absence de Covid-19 en Nouvelle-Zélande est aussi un atout pour ce grand exportateur. Les Chinois se détournent des fournisseurs qui ont été fortement touchés par le virus.
Australie : des exportations de viande ovine toujours réduites
Avec un cheptel en déclin et une volonté de reconstituer le troupeau national grâce à une météo plus clémente en début d’année, la production australienne de viande ovine était ralentie jusqu’en juin. Cette offre en retrait participe au maintien des cours de l’agneau. Selon MLA, les exportations de viande ovine devraient baisser en conséquence. En effet, sur 7 mois, on enregistre déjà une baisse de -14% des exportations totales de viande ovine australienne, avec -17% vers la Chine, mais +4% vers États-Unis. Une forte augmentation des envois en juillet vers les USA (+47%) a permis d’inverser la tendance.
Malgré un dollar australien faible et une forte demande à l’export, les faibles stocks d’ovins australiens et le mouvement de reconstitution des cheptels par les éleveurs ne permettent pas aux abatteurs de satisfaire tous leurs clients.
La Chine est devenue au fil du temps le premier acheteur de viande ovine australienne, mais les tensions politiques entre les deux pays font que les envois australiens vers la superpuissance économique asiatique ont probablement atteint leur apogée, selon Rabobank.